Emile Bela

″Ropéro″, ce métier des jeunes Ivoiriens

Un "Benguiste" entouré de ses deux "Ropéros"crédit image: babishow2008
Un « Benguiste » entouré de ses deux « Ropéros »
crédit image: babishow2008

Si  l’Afrique est dit être le plus vieux continent, l’Europe, lui, est pour les Africains, l’Eldorado. Comme tel, tous les moyens sont bons pour y aller. Quitte à s’évader lors des jeux olympiques, à braver le froid et les vagues mortelles de l’Océan Atlantique ou à s’enfermer dans le coin d’un bateau pendant un ou des mois. Tout ça au puéril de sa vie. Peu importe comment on y vit (dormir dans la rue, sur une table banc au coin de la rue, manger une fois par jour, jouer à cache-cache avec la police…) ou ce qu’on y fait (laveur de cadavre, balayeur de rue, apprenti maçon…). L’essentiel est d’aller en Europe et revenir au pays  −si Dieu le veut puisqu’il y en a qui y vont et qui ne retournent plus jamais chez eux parce que ne sachant plus comment ni avec quels moyens revenir− pour se faire appeler le “Benguiste″, c’est-à-dire venu de “Bengué″ avec tous les «privilèges» qui vont avec : la primeur des plus belles nanas du quartier, les honneurs de la famille pour le «fils prodigue», le respect des frères et surtout la «vénération» des amis restés au bercail.

Personne ne veut donc bouder la joie de «jouir» de toute cette grandeur de vie de Benguiste. C’est pourquoi, il faut y aller. Toutefois, puisque tout le monde n’a ni les moyens ni la possibilité d’aller au «paradis», chacun à sa façon crée son paradis où il vit. Et dans ce contexte, les jeunes ivoiriens innovent. Ils ont développé cette profession qui leur permet, sans y aller, de vivre des «grâces» de la terre promise. On les appelle les Ropéros.

Le Ropéro est un individu qui sert d’homme de main du Benguiste. Généralement un ami proche du désormais Benguiste, le Ropéro est l’homme à tout faire de ce dernier devant qui il foule au pied toute valeur (son honneur, sa dignité, sa liberté même). Être un Ropéro requiert beaucoup de sang froid, racontent ceux qui en vivent.

Les Benguistes sont très exigeants. Avant leur arrivée au pays, ils te demandent de leur trouver un hôtel propre, avec une piscine, une salle de jeu, une boîte de nuit, un bon service. L’hôtel doit aussi ouvrir sur la mer et surtout disposer d’un terrain de golf mais…. Pas cher, de préférence au plus 50.000 fcfa, l’équivalent de 100 Dollars par nuité.” raconte Kouamé, Jeune Ropéro de mon quartier. “Comment avoir un hôtel avec toutes ces commodités à un tel pris à Abidjan ici en 2013-là?″ s’indigne-t-il avant de se résigner “mais on va faire comment ? On essaie de leur expliquer la difficulté et de trouver le juste milieu pour les satisfaire puisque le but c’est de les satisfaire pour avoir de bons pourboires à la fin. Certains comprennent quand ils arrivent mais d’autres nous traitent de tout”.

“Le pire c’est quand ils veulent satisfaire leur libido. Le matin ils demandent une fille de taille fine, le soir, une fille grosse. Ils te demandent une fille de moins de 20 ans puis de plus de 35 ans. Contre tes valeurs mais attiré par l’argent, tu y vas. Quitte à s’en tirer avec des billets de banque pour supporter les charges de la famille″, poursuit Kouamé sur un ton emprunt de dégout.

Les avantages du métier de Ropéro sont multiples. Et c’est ce qui attire de plus en plus de jeunes −femmes y compris− dans cette pratique, disons ce métier, puisque “y’a pas travail au pays”.

Le premier et principal avantage est beaucoup plus d’ordre pécuniaire. Être Ropéro, au-delà de son caractère dégradant, nourrit son homme –du moins dans une certaine mesure. Chaque service du Ropéro est assorti d’argent, pas dans le sens d’une facturation mais sous une forme de pourboire. Le Benguiste l’envoie chercher une nana dans l’autre quartier. Il lui donne 10.000 fcfa soit 20 dollars sachant que le transport lui reviendra à 5000 l’aller-retour. Le reste constitue son «salaire». Ainsi de suite jusqu’à la fin de la journée quand il l’accompagne à l’hôtel et il lui donne son transport retour. Selon Kouamé, ″Avant quand çà marchait, on se retrouvait en une journée avec au moins 30.000 fcfa soit 60 dollars, mais actuellement c’est entre 15 et 20.000”. La Crise économique est passée par là.

L’autre avantage est à titre simplement honorifique. Vous pouvez tomber la belle nana du quartier qui ne roule que pour “les grands quelqu’un″ et sur qui vos talents de tombeur patenté ont toujours échoués. Ceci, en faisant tout pour qu’elle vous voie en compagnie d’un célèbre Benguiste, dans sa luxueuse voiture ou assis dans un Bar de renom où, seul, vous n’y auriez été qu’en rêve.

En outre, le regard sur vous de vos amis de quartier ou de votre entourage changera stricto sensu en vous voyant en compagnie d’un footballeur même de 9ème division de France, pourvu qu’il soit venu de Bengué. On dira de vous que “vous avez percé” ou simplement que ″vous n’êtes pas n’importe qui”, ou alors que ″vous avez des bras long”. Ceci suffit pour rassurer votre propriétaire de maison à qui vous devez cinq mois de loyer. Génial Non ?

Mon ami Bazo avec qui j’ai fais l’Université s’est tiré avec une Licence quand j’avais la Maîtrise. A la faveur de la célèbre Loterie Américaine «Green Card», il s’est retrouvé aux USA où il vit depuis bientôt cinq ans. La dernière fois que nous avions communiqué, il me disait avoir une voiture, être fiancée à une jeune Américaine de parents bourgeois, lui-même travaillant et préparant à la fois son MBA. Il m’a même fais savoir son projet d’achat d’une villa à Abidjan et de l’acheminement très bientôt de sa BMW par voie maritime avant son arrivée pour les vacances prochaines puisque, disait-il, une fois ici, il ne pourrait plus emprunter le Taxi. J’ai éprouvé une folle envie –passagère− puisqu’avec une Maîtrise et un Master en poche, je me retrouve toujours entrain de squatter les murs des entreprises et organismes pour “chercher travail” affrontant l’orgueil des vigiles et le mépris des Secrétaires.

Heureusement que ce Blog me permet de me donner de la contenance en écrivant des billets qui n’ont de valeur que celles que leur accordent mes quelques lecteurs dont certains s’efforcent parfois de laisser des commentaires du type ″très bon article” même quand ils sont convaincus que ceux-ci n’en sont pas un −juste pour m’encourager.

Ce que Bazo ignore est que si emprunter le taxi pour lui est risqué, pour moi c’est un luxe. Demain quand il sera de retour à Abidjan, je roulerai sans doute avec lui dans sa BMW. J’irai en Boîte avec lui. Je prendrai les restes de ses dollars. Je lui chercherai des Nanas. Je lui donnerai même ma Mélissa que je conquis grâce à Mondoblog. Assis lui et moi dans un Bar, il me demandera d’aller voir s’il est à la maison… J’obéirai. Je serai en un mot un Ropéro, son Ropéro… Moi Emile, Ropéro !? Non, Merci.


Kanga Koné ou Comment ne pas être ”Inutile“ – Sidiki Dembélé

1ere de Couverture de l'Oeuvre
1ere de Couverture de l’Oeuvre

Les soleils des indépendances ont remarquablement stimulé la littérature Négro Africaine qui a vu sa production littéraire s’enrichir au fil des années de Chef d’œuvres dont les auteurs peuvent, au soir de leurs vies, s’en enorgueillir. Certains, les Afro pessimistes, ont étalé sur la place publique une image emprunte de fatalité d’une Afrique vouée à l’échec. D’autres par contre, mus par la vision Afro optimiste, ont d’abord mis en évidence les contradictions qui ralentissent les pas de l’africain sur la route du progrès –lesquelles sont caractérisées par les préjugés et les traditions− avant de reconnaître que celles-ci, contrairement à ce que les premiers croient, n’ont rien d’immuable et de figé. Car, comme la société elle-même, elles sont soumises au primat de l’inévitable loi de l’évolution.

C’est à cette dernière classe d’afro optimistes qu’appartient Sidiki Dembélé, cet ivoirien d’origine malienne qui aura servit dans l’administration Ivoirienne avant de regagner son Mali natal.

A travers son Roman «les Inutiles» qui a remporté le grand prix littéraire de la Côte d’Ivoire, Sidiki Dembelé, loin de présenter l’œuvre, expose les déboires de Kanga Koné, le personnage principal autour duquel toute l’intrigue de l’œuvre s’est nouée.

Kanga Koné, orphelin dès l’âge de 16 ans, n’échappa pas aux caprices de la vie. Cependant, celles-ci ne freineront point son élan vers une vie meilleure. Intellectuel et employé dans une maison de commerce, Kanga connaitra la joie du succès, laquelle fit toutefois très vite place aux malheurs du fonctionnaire africain : obligation, plutôt morale, de supporter les charges de toute une famille, un village ou une région. “Qu’étions-nous maris et fils d’Afrique, sinon des exploités dont le fruit du travail servait à encourager les défauts de ceux que nous aimions : ici l’orgueil et la vanité mal placés, là l’oisiveté, ailleurs le manque de sens de la mesure et du possible… P.40”,s’indigna Kanga Koné.

A mesure que s’amenuisaient les ressources de Kanga, son rêve de se marier devenait lointain jusqu’au jour où il rencontra Astou Diaby dont il tomba follement amoureux. Cet amour, il ne pourra jamais le concrétiser non par absence de volonté des deux partenaires dans les regards desquels scintillaient les flammes brulantes de l’amour, mais parce que lui, Kanga Koné, avait eu la malchance de naître d’une famille d’esclaves. L’union d’un Koné, fils d’esclave, avec une Diaby, fille de noble, était pour les parents de cette dernière la seule tradition africaine que ni l’école des Blancs, ni le modernisme n’avaient réussi à éliminer. La détermination de Koné à conquérir son amour s’opposa à l’intransigeance de Astou qui, ayant découvert cela seulement que plus tard, s’aperçut de l’écart entre ces deux mondes. Astou renonça à tout projet de mariage car ne se trouvant pas les qualités de “l’aigle pour s’élever au-dessus du problème″, ni n’était aussi “forte que le taureau pour bousculer la tradition”.

Pour Kanga Koné, “On ne peut à la fois sacrifier à l’immobilisme et au progrès, plaider pour la démocratie et se complaire dans le sectarisme, réclamer une entité égalitaire et souscrire au parcage d’une fraction de la communauté dans une infériorité que ne sanctionnent ni le mérite, ni la valeur.” P.59

Ainsi pris dans les mailles intenables et dégradantes des filets de la tradition et pour échapper aux pesanteurs sociologiques de son milieu, Koné n’aura plus d’autres choix que de s’évader pour la France “loin de (son) Afrique tâtonnante sur le chemin du progrès, ouvrant son ciel aux avions les plus rapides, macadamisant ses pistes ancestrales, élevant des buildings, construisant des barrages P.82”. Ce n’est que six années plutard qu’il s’aperçu que non moins que les autres africains qui se pavanaient dans les rues de la France, il était ″inutile”. Inutile tout aussi à la France à laquelle il n’apportait rien qu’à l’Afrique qu’il avait déserté.

Ceci le plongea dans un instant de réflexion par un ensemble d’interrogations: ″Qu’étais-je venu chercher en France ? (…) j’avais sous les yeux l’exemple du sacrifice quotidien de chaque être, la lutte acharnée de chaque homme pour la grandeur, la richesse et la beauté de son pays. (…) qu’avais-je donc fais, moi, pour mon pays ? je m’en étais éloigné comme d’une laideur et m’étais écœuré de ses imperfections, de ses défauts, de tout ce qui heurtait mes goûts et mes aises.  (…) mon égoïsme se lamentait plutôt que de bâtir, se consumait en rancœurs plutôt qu’en énergie créatrice ou active. Et c’est moi qui prétendais jouer au censeur.” P.81

Quand il s’aperçut alors de l’erreur qu’il commettait, Kanga Koné prit le chemin du retour…

Espérons que biens d’autres jeunes partis à la recherche d’une vie meilleure lirons ce Chef d’œuvre et qu’à l’instar de Kanga Koné, ils comprendront que leur place est bien ici, en Afrique, où ils seront plus utiles qu’ils ne le sont en France, en Europe, en Amérique ou partout ailleurs dans l’hexagone.

Telle est la leçon dominante, le message majeur de ce roman de 123 pages paru en 1985 aux Nouvelles Éditions Africaines (NEA) et qui, à cet égard, reste incontestablement autobiographique. Une œuvre à lire absolument pour ne pas se rendre Inutile.


Le Journaliste Ivoirien « péri » par excès de militantisme

Une Vue du Siège de la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne (RTI)
Une Vue du Siège de la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne (RTI)

Je n’ai jamais suivi un seul cours de journalisme jusqu’à cette date ou j’écris ce billet de Blog. Je ne peux donc, en aucune manière que ce soit, prétendre être un journaliste au sens noble du terme. Je ne suis qu’un blogueur –amateur de surcroît. Celui-là qui dispose d’une aptitude en rédaction et qui se sert des nouveaux médias, des plateformes virtuelles pour véhiculer ses idées, exprimer ses prises de position, donner son avis sur des faits qui retiennent son attention, ou simplement pour raconter son milieu de vie, son quotidien. L’expression utilisée en Anglais pour décrire cette forme d’expression est le «citizen journalism» ou le «journalisme citoyen» et celui qui le pratique est le «citizen journalist» ou le «journaliste citoyen». Si journaliste j’étais donc, je serais un journaliste citoyen. Rien que çà.

Contrairement au journalisme citoyen qui jouit d’une certaine liberté qui frise même le libertinage, le journalisme classique, traditionnel, lui, est régis pas un code d’éthique et de déontologie auquel s’astreignent tous les journalistes, disons tous ceux qui savent ce que renferme ce code et qui n’ignorent pas la noblesse de leur métier.

Il ne suffit donc pas de savoir rédiger un papier-presse, faire un commentaire sur un sujet quelconque ou publier sur un site pour se flanquer le titre de journaliste −parce que n’est pas journaliste qui veut. J’ai toujours eu de l’admiration et une considération particulière pour les journalistes ou simplement les hommes de média. Car, le métier de journaliste est un métier noble. Ce n’est nullement pas par exagération que les médias sont désignés comme le 4ème pouvoir dans tout Etat, derrière bien sûr l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire.

Toutefois, cette noblesse de leur profession, nombreux sont les journalistes qui semblent l’ignorer, et c’est là l’objet de cet article qui analyse le contexte spécifique de la Côte d’Ivoire. Ceci n’est en rien un procès ni un dénigrement car il existe –heureusement− encore de bons, de vrais journalistes qui respectent leur métier et qui font preuve d’un professionnalisme exemplaire.

Les seules fois où je me suis surpris assis devant la télévision ivoirienne, c’était pour regarder un film policier américain qui commence, comme d’habitude, par un meurtre qui donne lieu à une enquête. Ce qui me fascine, c’est cette façon dont les policiers constituent les puzzles à partir des pièces à conviction pour ensuite retrouver le coupable. Hormis cela, les journalistes de la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne (RTI) pour lesquelles, tout ivoirien, qu’il ait une télé chez soi ou non, qu’il suive les émissions proposées ou non paie, très souvent malgré lui, cette taxe qu’est la «redevance RTI» qui s’ajoute automatiquement à nos factures d’électricité ne me proposent plus rien.

Si ce n’est la music, ce sont les feuilletons qui suivent de longues publicités –puisqu’il faut faire rentrer de l’argent à la maison pour payer le personnel. Pire encore, rentré du service épuisé, alors qu’il est 20h, tu t’installes pour suivre le journal télévisé afin de t’imprégner de ce qui se passe à Aboisso, Man, Sassandra ou à Odiéné, tu allumes ta télé, grande est ta surprise de voir un Match de football opposant Galatasaray à Chelsea qui se joue à des kilomètres de loin de chez toi. Alors que dans le pays profond, ils se passent chaque jour des choses qu’on ignore. Parfois, tu vis en Côte d’Ivoire mais c’est un ami ou un cousin qui, depuis Paris, Londres ou Chicago t’appelle pour t’informer qu’il y a eu un affrontement entre Dozos et populations à Sikensi. Une information qu’il tient sur RFI, France 24, BBC ou VOA. Tu cours allumer ta télé, mais c’est un clip d’Arafat Dj entourés de filles à moitiés nues qui t’es servi suivi d’une interview spéciale qui lui est accordée pour dire quand sortirait son prochain album et les dates de sa prochaine tournée. Rouge de colère, tu éteins ta télé, mais la RTI, elle, s’en moque. Tu paieras, le mois terminé, ta «redevance RTI». Tu paie donc pour ce que tu ne consomme pas.

La Music, le foot, les feuilletons etc, tout ceci est bien parce que ça attire du monde offrant ainsi un cadre propice pour «vendre», car la RTI reste avant tout une entreprise donc guidée par le profit. Mais, il serait souhaitable que tous soient pris en compte, sinon le contexte est perverti et le jeu devient malsain.

Quand tout ceci est fini et qu’une petite place est accordée aux nouvelles, surtout aux questions politiques, tout commence par “l’Agenda du Chef de l’Etat” comme si celui-ci était le centre de la Côte d’Ivoire. Ce n’est pas en soit le fait de parler du Président qui pose problème, mais ce qui m’intrigue, c’est la manière. Par «manière», je fais allusion au temps consacré à ses activités, à celles de son parti d’origine ou aux partis de ses alliés. Pour un journal télévisé qui dure 30 minutes, “l’agenda du Chef de l’Etat” occupe 13 minutes, les 8 prochaines sont consacrées à un rassemblement de son parti ou à un meeting de ses alliés, les partis d’opposition devront attendre. Seulement 6 minutes sont consacrées à l’intérieur du pays où un ministre s’est rendu dans une localité pour “la pose d’une première pierre”. Passé cela, le journaliste donne une information qui capte ton attention. Tu ouvres grand les yeux pour suivre, il te sert cette vulgaire expression “on y reviendra dans nos prochaines éditions” sans jamais y revenir. Tant pis pour toi. Les 3 dernières minutes sont réservées à “l’actualité hors de chez nous”. Le journaliste t’invite à “faire le tour du monde“ avec lui mais… ”en image”. Ne te méprend pas. Ce “tour du monde“ se limite à deux ou trois pays au maximum.

Malgré tout ceci, on se force d’accepter. Cependant, ce qui reste inacceptable, c’est ce militantisme que démontrent les journalistes. En Côte d’Ivoire, l’appartenance politique des journaux se distingue par leurs couleurs. Si le journal est à dominance Bleu, il est proche du FPI, Vert, du PDCI, Rouge et maintenant Orange, du RDR. «Dis-moi quel journal tu lis, je te dirai de quel bord politique tu es» pourrait-on tenir pour maxime ici. Ce militantisme est d’autant plus flagrant que même si tu tiens une page photocopiée d’un quotidien sans son titre ni sa couleur, tu peux aisément deviner son appartenance.

Être journaliste –pour ce que je sais− n’exclut pas le militantisme. Cependant, si les commentaires sont libres en journalisme, les faits, eux, sont sacrés. Il y a donc obligation de les rapporter tels quels, quitte à les faire suivre de tous ce qu’on veut.

La noblesse du métier s’effrite lorsque certains journalistes privilégient leurs ventres et vendent leurs plumes. Plusieurs journalistes de très hauts niveaux, certains ayant même remportés les plus prestigieux prix du journaliste en Côte d’Ivoire dont je préfère taire le nom par respect pour eux et leurs proches ont soit disparu du petit écran, ou leurs voix se sont éteintes à la Radio ou encore leurs plumes sont «tombées». Ceci, simplement parce qu’ils/elles ont lié leurs destins au régime en place. Dès que le vend a soufflé, tous sont partis −avec le Chef. Aujourd’hui, en suivant la télé, j’en vois qui prononcent le nom de l’actuel Chef avec la plus grande attention. Demain, c’est sûr qu’ils s’en iront avec lui dans la plus grande déception.

A qui la Faute ?


Côte d’Ivoire : la confrérie Dozo ou l’armée illégale

Rencontre Ministre de l'Intérieur-Dozo Jeudi 1er Novembre 2012 Crédit Image: https://news.abidjan.net/h/446861.html
Rencontre Ministre de l’Intérieur-Dozo Jeudi 1er Novembre 2012
Crédit Image: https://news.abidjan.net/h/446861.html

Selon la tradition orale Mandingue, ils appartiennent à la confrérie exotérique de chasseurs traditionnels dont l’existence remonte de deux frères mythiques : Kontron et Sanin. Toujours selon celle-ci, le fondateur de l’empire du Mali, Soundjata Keita était, avant de devenir Mansa, membre d’une confrérie de chasseur dont il fut nommé le maître, d’où son surnom Simbo. Son corps militaire était surtout composé de chasseurs.

Les membres de cette confrérie, souvent recrutés parmi les nobles, les dignitaires et surtout les classes guerrières étaient doués de pouvoirs surnaturels. Chez les Mandingues, en particulier, les Bambaras et les Malinkés ainsi que chez les groupes apparentés Bobos, Bwas ou Senoufo et les Bantou d’Afrique Centrale, ceux-ci étaient très vivaces et jouaient un rôle très important dans la société, celui non seulement de «guérison» mais aussi de «protection de la veuve et de l’orphelin» à en croire l’ethnologue Malien Youssouf Tata Cissé.

On les reconnaissait donc dans ces rôles –salutaires— même s’ils ne leur conféraient cependant pas une grande popularité. On aurait même pensé à leur tendance à disparaitre dans certains pays. Toutefois, d’autres tels que le Mali, le Burkina, le Sénégal, la Guinée et la Côte d’Ivoire tentent de préserver cette culture de confrérie. Il suffit de voir les scènes folkloriques de danses, chants, des parades, des réunions où sont racontées les histoires liées à cette confrérie ainsi que de nombreuses scènes de sacrifices pour s’en convaincre.

A mesure que s’est écoulé le temps, le rôle des membres de la confrérie a évolué. Aujourd’hui, dans certaines sociétés, ceux-ci se substituent à l’Etat dans un rôle de «sécurisation» de la population. Un rôle de «sauveur» que ne leur reconnait pas le législateur ivoirien, notamment, mais qu’ils jouent -bien- quand même. Sauf que la population, elle, n’en veut pas.

Une armée de Dozos : Ces «sauveurs» indésirables

En Côte d’Ivoire, le terme utilisé pour désigner les membres de cette confrérie exotérique de chasseurs traditionnels est «Dozos», déformation du terme «doso» en langue Malinké. Celui-ci est constitué de «do», ce qui entre, et de «so», la concession. Autrement dit, «doso ou dozos» signifie «ce qui entre dans la concession et y reste» faisant allusion au savoir, au savoir être et au savoir-faire.  Le fait d’être «dozo» ou le «dosoya» dote l’individu d’un ensemble de pouvoirs qui recoupent tous les aspects de la vie (art de la chasse, médecine naturelle, pouvoirs mystiques dont le don de métamorphose, d’invulnérabilité aux armes métalliques) et aussi le respect d’un code de conduite morale et sociale.

Ce code de conduite, existe sans doute, mais il suffit de constater les exactions commises par ces «sauveurs» pour se rendre compte qu’il reste visiblement méconnu des dozos ivoiriens ou alors que ceux-ci s’en moquent.

En effet, la crise de 2000 et l’effritement du pouvoir sécuritaire de l’Etat Ivoirien notamment après la période post-électorale de 2010, ont favorisé une irruption flagrante des «dozos» dans le maintien de l’ordre. Ceci va contribuer à faire accroître leur popularité dont ils semblent bien en jouir. On ne les voyait que dans les villages et autres contrées reculés du pays, notamment dans le Nord d’où ils sont majoritairement originaires. Cependant, aujourd’hui, chaque localité ou presque du pays y compris Abidjan -la capitale- enregistre la présence d’une confrérie de dozos qui s’identifie plutôt comme une «armée». Et comme telle, elle dispose d’un chef appelé «le commandant dozo». Ceci ressemble de fort belle manière à de l’escroquerie morale, mais passons-y.

Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest en passant bien sûr par le Centre, les dozos règnent…très souvent en maîtres absolus. Sur les grandes artères du pays, ils érigent des barrages de contrôle au même titre que les forces de sécurité régulières. Que contrôlent-ils? puisque peu importe que conducteurs et passagers soient en règle ou non, ils exigent de chaque véhicule au minimum la somme de 500 fcfa l’équivalent d’un dollar USA. Qui les y a mandatés? puisque la légitimité, ils n’en jouissent pas, la légalité non plus. Pourquoi circulent-ils dans toute la ville, des armes à la main, alors qu’ils ne disposent d’aucun permis de port d’armes ? Ne répondez pas.

En 2003, un rapport d’Amnesty International évoquait des cas d’exactions commises par les dozos notamment sur le massacre des gendarmes à Bouaké. Depuis, il ne se passe pas un jour sans qu’un quotidien ivoirien ne rapporte d’autres cas d’exactions commises par ceux-ci sur la population :« Affrontement meurtrier entre populations et dozos à sikensi» ; «un dozo égorge un jeune bété dans un village de Gagnoa», «un groupe de dozo oblige les paysans d’un village de Vavoua à payer pour se rendre dans leurs plantations etc», lit-on à la Une de ces journaux. Cela dure et perdure. La réponse des autorités tarde et inquiète. La grogne populaire devient de plus en plus forte.

Anges ou démons ? Faut-il les brûler ou les chérir ? Difficile d’y répondre dans le contexte actuel du pays. Mais, une chose reste sûre, les dozos font la pluie et le beau temps en terre d’éburnie –du moins depuis 2010. Certains sont même intégrés dans l’armée nationale à l’image du commandant Koné Zakaria –ancien chef de guerre, aujourd’hui chef de la police militaire, qui a fêté à Séguelon (région d’Odiené, au Nord de la côte d’Ivoire) ses 32 ans d’initiation lors du grand rassemblement des Dozos de Côte d’Ivoire et des pays limitrophes les 5 et 6 Février 2012.

Adulés par certains, accablés par d’autres, les dozos en Côte d’Ivoire semblent aujourd’hui être au sommet de leur pratique qui, en retour, le leur rend bien. Leurs tenues leur servent de «laissez-passer» lors d’un contrôle de police, leurs armes, de gagne-pain.

Les différentes rencontres  du Ministre de l’Intérieur avec les membres de cette confrérie suivies du démantèlement télévisé, il y a quelques semaines, des barrages dozos, s’ils ne sont pas des actes pour distraire la masse et renforcer le sensationnalisme béat des médias et se donner bonne presse devant les ONG des droits de l’homme, constituent des pas importants vers l’Etat de droit. En attendant, la mort dans l’âme, les ivoiriens devront accepter ces «sauveurs» dont ils n’en veulent visiblement pas.


Mondoblogueurs, doublez d’efforts !

Une vue des Pionniers de l'Aventure MondoblogCrédit photo: www.fhimt.com
Une vue des Pionniers de l’Aventure Mondoblog
Crédit photo: www.fhimt.com

Un jour de Septembre 2012 commençait l’aventure Mondoblog. Sur 750 candidats, ai-je lu quelque part, seuls 150 ont eu la bien heureuse chance de faire partir de la famille des Mondobloggueurs. Parmi ceux-ci, certains sont à leur première expérience de blogueur, d’autres à leur deuxième, voire plus. Chaque jour ou presque, ce sont des billets aussi croustillants les uns que les autres qui sont servis de partout relatant le quotidien des auteurs, décrivant des situations vécues ou racontant de simples histoires parfois sur un ton amer, mais très souvent sur un ton plutôt marrant. Sacrés Mondoblogueurs !

Le Blogging a ceci de particulier que seuls ceux qui y sont investis savent ce qu’ils vivent. Au départ, on est animé d’un zèle d’étudiant de première année d’université à son premier cour magistral dans un amphithéâtre. On écrit, on publie, on lit et commente les billets d’autres blogueurs. Tout ceci à un rythme bien accéléré. Mais le hic, c’est qu’à mesure que le temps passe, on perd du zèle, on perd de la motivation. On trouve alors qu’on a plus trop de temps. On remet la rédaction d’un billet à plus tard, puis à plus tard, puis à plus tard encore, puis finalement à… jamais. On se contente de lire les billets des autres, et on jure d’en écrire de plus intéressant demain, puis on termine le mois sans avoir même été capable de commenter le moindre billet.

Parmi ce lot, il y a cependant des gens qui se distinguent. Prolixes, ils écrivent et publient même deux billets par jour. Sur les 150 retenus pour l’édition 2012, sauf erreur de ma part, il n’y a seulement qu’environ un peu plus de 50 qui publient régulièrement. Dans ce même lot, pour les besoins de ce billet, j’ai fais un petit tour aux différents compteurs, je me suis rendu compte que de Septembre 2012 à Mars 2013, c’est-à-dire en seulement 6 mois, certains sont à un peu plus de 50 billets là où d’autres n’ont même pas encore écrit leur biographie à ajouter à leur profile comme nous l’a demandé Ziad et l’équipe d’encadreurs.

 Il est certes vrai que dans ce lot des 150, certains sont des journalistes, d’autres, des écrivains… donc ayant des prédispositions à écrire… facilement. Mais, croyez-moi, ce ne sont ni la motivation, ni l’envie qui manquent à ceux qui peinent à coucher sur papier leur premier billet, sinon les facteurs ci-dessous qui, une fois font défaut, peu importe qui que vous soyez, vous ne pouvez publier :

L’inspiration : Écrire un billet demande plus d’inspiration que d’aspiration et celle-là ne peut se forcer. Vous aspirez à publier un billet sur le viol, vous prenez votre ordinateur, vous vous éloignez de tout bruit mais n’écrivez seulement que le titre du billet sans plus. Vous luttez entre plusieurs phrases introductives sans en avoir une, ce de 8h à 12h jusqu’à ce que votre téléphone sonne et que votre meilleur ami vous invite à prendre un pot. Vous arrêtez tout et vous vous rendez compte que vous n’avez pu écrire un article en 4h alors que vous en écriviez 2 dans la même durée par le passé. Ce qui vous a manqué, c’est l’inspiration.

Le temps/la disponibilité : Imaginez que vous travaillez dans une entreprise où votre patron se comporte comme s’il était celui qui vous avait inscrit à l’école tant il vous traite avec trop de rigueur, vous demandant d’être un superman à tout faire à la fois. Quand vous avez terminé la journée, épuisé, il vous faudra lutter le véhicule en commun pour rentrer à la maison où une fois arrivé, vous devrez faire face à d’autres nécessités (prendre son bain, diner, recevoir un ami «de passage pour vous dire bonsoir» etc). Vous terminez tout ceci, ouvrez votre ordinateur et au moment où vous écrivez le titre de votre billet, vous entendez frapper à votre porte, la nana d’avant d’hier à qui vous avez donné rendez-vous aujourd’hui afin d’avoir le temps, avant-hier et hier, de terminer un billet ; bien que vous présentiez une mine lourde pour l’obliger à repasser demain, elle s’entêtera à rester puisqu’elle est venue vous dire que vous êtes pour elle un cadeau du ciel et qu’elle vous aime même plus que son propre père en étant consciente que vous savez qu’elle vous ment. Mais peu importe car le but est de vous amener à lui donner de l’argent pour se refaire une nouvelle coiffure demain.

Quand vous arrivez enfin à vous «débarrasser» d’elle et que vous reprenez votre ordinateur, c’est morphée qui vous ouvre les bras, vous obligeant à remettre à demain, puis à un autre jour.

Les moyens : Écrire/publier un billet de blog demande que vous disposiez, au moins, d’un ordinateur, d’une connexion internet, d’un appareil photo numérique, de l’argent –entre autres. Quand il vous faut emprunter l’ordinateur d’un frère, d’un cousin ou d’un ami en ne considérant pas les paroles parfois frustrantes qui les accompagnent; quand dans votre quartier il n’existe aucun cyber café et que le seul situé dans l’autre quartier l’heure est à 500 fcfa –l’équivalent d’un dollar— avec une connexion très lente, par conséquent, vous exigeant plusieurs heures c’est-à-dire beaucoup plus d’argent alors que vous n’en disposez pas assez ; vous ne pouvez qu’être exposé à perdre votre envie, votre zèle de départ.

Les conditions : Envie d’écrire un billet ? Être inspiré, c’est bien. Être disponible, c’est bon. Avoir les moyens, c’est génial. Mais être dans les conditions aide encore plus. Vivre dans un quartier comme le mien, à Yopougon Selmer, où les vociférations des enfants de cours communes ; les querelles des voisins à longueur de journée comme de nuit forment une parfaite harmonie ; où la musique des bars réveille même des cadavres, et où vous recevez la visite d’amis qui viennent sans prévenir…et écrire un billet de blog après une journée de travail déjà trop chargée requiert, en plus de la passion pour le blogging, de l’engagement.  Au moment où vous bravez tout ceci et que vous vous mettez à écrire un billet, c’est la Compagnie Ivoirienne d’Électricité (CIE) qui vient vous achever en coupant le courant. Vous attendez pendant 2h espérant qu’elle le ramène pour que vous continuiez mais…en vain. Puis, dès que vous plongez dans votre lit et que vos paupières deviennent lourdes, vous voyez vos ampoules s’allumer. A cet instant précis, même si on demandait d’écrire un article qui vous ferait remporter le prix du meilleur bloggeur de tout l’univers, vous n’en serez pas capable.  Vous vous contentez de maudire les responsables de la CIE sans plus et de remettre à demain…si possible.

Ce sont là donc quelques contraintes qui justifient la perte de vitesse dans cette aventure de blogging chez certains. Il m’est apparu utile alors de rendre hommage à ceux-là qui, contre vents et marrées publient régulièrement mais surtout d’encourager ceux qui sont toujours à la traine à prendre un peu plus de courage. Sachez que si c’est par passion qu’on arrive au blogging, c’est par détermination qu’on y reste. Car le blogging c’est aussi une profession comme toute autre et comme telle, il s’accompagne d’efforts, de beaucoup d’efforts.


Vive la mariée… même quand elle n’a que 13 ans?

Crédit Image: www.i-biladi.com
Crédit Image: www.i-biladi.com

Sounkalo Kone est un forgeron originaire du Nord de la Côte d’Ivoire. Ce métier, il le tient de son père, Seydou Kone qui l’a exercé pendant 35 ans avant de “se coucher” à jamais un jour de Mai 1984. Âgé de seulement 23 ans et benjamin de la famille, Sounkalo, héritier principal, devrait perpétuer l’œuvre de son géniteur au côté de qui il a apprit depuis l’âge de 5 ans à manier le Fer. Chaque jour, après la prière du matin à la grande Mosquée de Srosrobougou et ce jusqu’au coucher du soleil, Sounkalo devrait frapper le Fer chaud pour nourrir sa mère et ses deux coépouses. Il fut ainsi pendant des années. Sounkalo se maria à Ami Traoré âgée de 22 ans avec qui il eut 5 enfants en 7 ans. Jusqu’ici, il parvenait tant bien que mal à faire face à ses charges d’homme. Mais ceci ne fut pas pour longtemps car à mesure que passait le temps, la vie devenait difficile pour Sounkalo qui vivait avec sa famille dans une petite maison cruelle dont l’intransigeance affolait désormais ses fins du mois.

Alors qu’il avait 58 ans, Sounkalo décida de prendre une deuxième épouse pour, dit-il, aider la première à supporter les charges de la maison compte tenu de son âge trop avancée. Contre la volonté de Ami traoré, Sounkalo épousa, dans la stricte tradition musulmane, Namizata Kande âgée de 18 ans avec qui il eut en 8 ans de vie commune 6 autres enfants dont Maimouna Kone,la Cadette.

Mouna, de son petit nom, grandissait et comme ses autres sœurs, elle ne connue pas la joie que ressentaient les filles de Tante Marie, la voisine de cours, qu’elle voyait tous les soirs habillées dans leurs robes le sac au dos revenant de l’école avec cette chanson qu’elle aurait aimé savoir chanter :

Monnn pèèère m’a dit l’école c’est la vie!

Maaa mèèère m’a dit étudier c’est la vie!

C’est pourquoi jeee vaiiiis à l’école en chantant!

C’est pourquoi j’étudieee tous les soirs !

Deeemain je serai en vie! Deeemain je serai en libeer-tééé

Libèr…bèr…té! Pidaann daan dan!

 Malheureusement, par la seule volonté de son père, animé par les coltis infranchissables du préjugé et de la sottise, Mouna ne connaîtra jamais cette joie. A 12 ans, Mouna se distinguait des autres enfants de la famille. Elle faisait les cinq prières du jour. Aux côtés de sa mère, elle apprenait toutes les tâches domestiques. La taille fine, la démarche calculée, la voix suave, le ton poli, Mouna pouvait tout faire sauf prononcer une injure. Tuer une mouche était aussi impossible pour Mouna que faire condamner celui qui aura tiré un coup de pistolet sur lui pour le Pape Jean Paul II. Courageuse, respectueuse, avare en parole et l’air candide, Mouna avait surtout un de ces sourires qui poussent de plus en plus les prêtres à réclamer le mariage. C’est d’ailleurs à ce sourire que succomba El Hadj Mamadou, l’Imam de la Mosquée de Srosrobougou du haut des ses 55 ans. Celui-ci ne se fit pas prier pour envoyer demander la main de Mouna à Sounkalo qui, sans hésiter, accepta.

 Mais ce choix n’était pas de la volonté de la mère de Mouna qui trouvait sa fille trop jeune et surtout pour un homme qui avait 3 fois son âge. Elle décida d’en parler à  Jean Luc, un ami de Sounkalo afin d’aider à l’en dissuader. Mais les tentatives de Jean Luc furent vaines. Chaque fois qu’ils abordaient le sujet, Sounkalo, assis dans son hamac le visage plus calme que la face d’une femme qui ment, brandissait le même argument : “L’école corrompt les mœurs. Si la société africaine aujourd’hui court à sa propre perte, c’est à cause du nombre de plus en plus important de femmes à l’école. Celles-ci ne se marient plus tôt et alors perdent les vraies valeurs du mariage sous le sot d’une émancipation perverse…″ .

Ni les larmes de sa mère, ni les tentatives de dissuasion de Jean Luc, ni les pleures même de Mouna à longueur de journée traduisant son refus, ni les interventions de certains visiteurs proches de la famille n’auront suffit pour amener Sounkalo à revenir sur sa décision.

 Mouna avait maintenant 13 ans. Un Jeudi de Février 2012, alors que le soleil était au Zenith, je vis un cortège de véhicules bondés d’hommes et de femmes endimanchés scandant: “Vive la mariée..! Vive la Mariée…!” Curieux, je m’y rapprochai pour savoir celui qui venait ainsi de se «mettre la corde au cou».Je reconnu très vite le vieux Sounkalo, par son rire qui laissait entrevoir des dents jaunies par la fumé du Tabac et la Mère de Mouna, confuse, la tête entre les mains. Ma surprise fut totale de voir Mouna, l’air innocente, les yeux hagards et rouges, sans doute de rage, entourée d’un groupe de femmes dans la cour de la Mosquée. Pendant 15 minutes, je fus immobilisé animé d’un sentiment à la fois de dégout et de mépris surtout pour tous ceux qui ouillaient  à côté de joie.

 Vive la mariée … ! Oui, mais même quand elle n’a que 13 ans !? me suis-je demandé. Doucement, j’ai avalé ma colère et ai repris mon chemin de retour.

 En ce jour où le monde entier célèbre la femme, je pense à Mouna. Et à travers elle, à toutes ces filles qui croulent sous les verrous d’un mari qu’elles n’auront pas choisi mais avec qui elles devront vivre le reste de leur vie ; A toutes ces filles réduites en machine à pondre des enfants; A toutes ces filles mineures qui sont mariées de force chaque minute en Côte d’Ivoire et partout ailleurs en Afrique, au Monde, sans voix, sans choix.

Les estimations internationales les plus récentes indiquent «qu’au niveau mondial, plus de 60 millions de femmes de 20 à 24 ans sont mariées avant l’âge de 18 ans», l’Afrique de l’Ouest en tête.

 Le monde a bien évolué et cette pratique d’un siècle révolu devrait prendre fin. Car nous vivons aujourd’hui dans une société où chacun a le droit de faire entendre sa voix dans les décisions qui le concernent. Les actions concertées de l’OMS et des ONG de défense des droits de l’homme et de la femme pourront, un jour, nous conduire là, mais non sans l’implication de tous, chacun à son humble niveau. Car si chacun de nous s’informe, agit et persuade un proche d’agir aussi, nous serons deux fois plus nombreux à faire la différence…

 Vive le 8 Mars !

Bonne Fête à toutes les Femmes!

A commencer par mes Lectrices !


Je suis allé au village… ce qui m’y plaît

En Compagnie de mon ami, bergerCrédit Photo: Emile Bela
En Compagnie de mon ami, berger
Crédit Photo: Emile Bela

Cela fait environ 5 ans que je n’avais plus remis les pieds au Village. Mon absence constant du pays le justifie en grande partie, mais aussi en raison des « sorciers ». Ces sorciers, des gens jaloux qui, on te le fera croire à tord ou à raison, « mangerons » ton âme si tu remets les pieds au village, « parce que tu vas devenir quelqu’un ». Par mesure de prudence, je n’y suis plus allé depuis des années. Mais, cette année j’ai décidé de braver la peur des sorciers, le calvaire du trajet (mauvais état de la route, des camions etc) pour aller au village. J’y suis allé saluer ma grand-mère, revivre la claire de lune, dormir loin des bruits, sous une lampe tempête et me réveiller au chant du coq et non du bruit des nombreux bars de mon quartier.  Je suis donc allé au village, mais ce n’est pas tant que çà ce que j’ai présenté ci-dessus qui m’a fasciné. Ce qui m’a impressionné c’est cet ensemble de choses… incroyables:

      *Saluer tout un village : Tu te rends seul dans ton village d’environ 500 habitants pour saluer ta famille. Rassures-toi, c’est tout le village que tu devras saluer. Cà commence ainsi. Tu croises une première personne à l’entrée du village. Il te salue et te demande les nouvelles. Ce dernier t’aide avec tes bagages chez toi et devient alors ton « porte-parole ». Une fois à la maison, il est celui qui donne tes nouvelles après avoir donné les siennes. La famille, par la suite, désignera une personne –un homme si l’étranger est un homme et une femme s’il est une femme– pour “t’accompagner à saluer le village″. C’est là tout le calvaire. Ton porte-parole de circonstance et toi parcourez TOUT le village, cours après cours –(peu importe leur nombre quitte à le faire en deux jours– pour saluer. Ton porte-parole donnera les mêmes nouvelles partout, même le voisin d’à côté assis dans sa chaise qui vous regarde et entend ce que vous dites, s’attend à vous CHEZ LUI au risque de se plaindre pour n’être pas allé le saluer.  J’ai dû passer de 7h 15 à 9h28 à «saluer le village» en compagnie de mon beau frère lors de mon récent passage. Bon sang !    

      *Manger le plat de tout un village : Quand ton porte-parole et toi avez fini de saluer, ils devront “te rendre ta salutation” chez toi à la maison le même jour, le lendemain ou même les deux jours après. Ceci peut attendre, mais ce qui n’attend pas c’est le plat à t’apporter. C’est presqu’un «délit» que commettrait la femme qui aura manqué d’apporter à manger le soir à «l’étranger» que tu es et qui, plus, est allé la saluer. Même dans l’impossibilité de le faire, elle viendra s’excuser auprès de celle qui te ferait à manger (ta mère, ta tante ou ta sœur).

 Le hic dans tout çà, c’est quand le soir tu te retrouves avec environ 10 plats différents et qu’on s’attend à ce que tu manges tout ou, au mieux, que tu “goûtes un peu de chaque plat″. Quand on t’aura «obligé» à mélanger les sauces arachide, aubergine, tomate ou graine et manger du riz, du foutou de banane ou d’igname… et que tout seul la nuit tu te lamenteras de douleur au ventre parce que ne pouvant pas supporter ce mélange, tu sauras que tu es au village.

      *Être l’ami de tout le monde : Tu viens de la ville, tu es alors l’ «ami» de tout le village. Peu importe que cette amitié spontanée –disons de façade te plaise ou non. Chacun t’offrira son plus beau sourire que tu devras lui rendre. Dans chaque famille ou presque, le père ou la mère t’indiquera sa fille ou son fils qui vient d’être inscrit à l’école. Il te dira indirectement que cet enfant continuera ses études en ville et donc tu devrais te préparer à le recevoir chez toi. Vous rigolez pensant qu’il s’agit d’une plaisanterie. Ce n’est que plutard que tu te rendras compte que c’était tout sauf de la plaisanterie.

     *Dire aurevoir à tout un village : Ton séjour villageois terminé, tu devras «dire aurevoir» à tous avant de retourner en ville. Exactement la même chose qu’à ton arrivée. Tu devras passer d’une cours à l’autre en compagnie d’un porte-parole qui se chargera de répéter la même formule :

«Monsieur dit qu’il est venu nous voir, son séjour est terminé, il retourne. Nous sommes là pour vous dire aurevoir ».

La seule différence est que cette fois-ci, ce sont les familles clés, disons celles avec qui ta famille ou toi avez des relations proches.  En retour,chacun s’évertuera à te «dire aurevoir» en te donnant de l’argent, peu importe le montant, pourvu qu’il t’«oblige» à lui être redevable une fois que tu travailleras. La formule en t’offrant ce «cadeau empoisonné» est la même : “Emile, tiens-çà pour boire de l’eau en route…. Emile, prend ceci pour t’acheter du pain en route”. Cette fois-ci, je me suis retrouvé en fin de compte avec 20 000 Fcfa, l’équivalent de 40 dollars USA « pour boire de l’eau ou acheter du pain en route ». Tenez-vous bien, cet argent ne se refuse pas. Peu importe celui ou celle qui le donne car cela constituerait une « énorme boude ». Si vous essayez, ils insisteront assorti de cette phrase subtile mais qui traduit tout : “Prend. Un élève, c’est pas pour une seule personne…prend çà tu vas te débrouiller, si demain çà va tu peux nous regarder…C’est sur vous on compte.”  Tu prends cet argent la tête lourde en gardant à l’esprit que tu lui es désormais redevable.

 Ceci s’appelle la dette sociale. Lors de ta prochaine visite au village, tu devras aller le saluer. Si tu es un élève, à mesure que tu avances dans tes études, le montant et le nombre de personnes qui te disent «aurevoir » s’augmentent. Nul ne veut être en reste. D’autres iront même jusqu’à s’endetter pour te dire aurevoir. Je me souviens de ce monsieur qui s’est senti «obligé» de me dire aurevoir. N’ayant pas d’argent dans l’immédiat, il a dû emprunter 5000 Cfa à ma sœur ainée pour me donner pour juste se donner de la contenance. Cette «dette», il ne l’a jamais remboursé, ma sœur n’a pu l’encaisser. Drôle non !?  En tout cas moi j’aime le village. Pour çà, pour tout çà !

Cet article est particulièrement dédié à Mlle  TRAORE Kadiatou, Une fidèle Lectrice de la Guinée Conakry. A ta demande d’écrire sur le sujet.


Tonton, et mon Pain d’Abidjan ?

Des Vendeuses de Pain dans les rues d'Abidjan
Des Vendeuses de Pain dans les rues d’Abidjan

Dans les grandes métropoles d’Afrique, en général, le pain constitue l’une des denrées de premières nécessités les plus prisées après le riz. Fabriqué à base de farine soit de soja, de blé ou de mais, il est généralement utilisé pour les petits déjeuners et en grande quantité pendant les mois de jeûnes Chrétien ou Musulman. La forme (courte au Ghana, longue en Côte d’Ivoire) et les appellations «Sugar Bread», «Tea Bread» ou encore «Balta Bread» (au Ghana), «Miche de pain» (au Burkina), «Baguette ou bâton de pain» (en Côte d’Ivoire), diffèrent d’un pays à un autre, mais renvoient toutes à la même denrée.

En Côte d’Ivoire, particulièrement, au-delà de sa large consommation, le pain semble revêtir une symbolique assez spéciale. Pour s’en convaincre, il suffit d’effectuer un voyage d’Abidjan (la capitale) à l’intérieur du pays. Chaque passager ou presque, a son «Pain d’Abidjan». Femmes et hommes s’en disputent aux abords des cars quand les commerçantes elles s’en frottent les mains. Le prix varie de 150 FCFA à 500 F CFA et la taille de 50 cm à 1m.

Il n’y a pas que les voyageurs qui en raffolent car les habitants de mon quartier –Yopougon Selmer et de tout Yopougon en général semblent avoir tissé un lien assez solide avec le pain. Aux abords de la seule «Rue des princes» de seulement un kilomètre, dans mon quartier, j’ai compté sept femmes qui proposent du pain aux passants, cette fois-ci avec des condiments notamment du haricot, de l’avocat, du spaghetti… A des prix allant de 100 Fcfa à 300 Fcfa. A celles-là s’ajoutent les femmes et hommes qui, dès 6h du Matin, dans un sac vide de farine de 50kg ou dans une cuvette, vous proposent leur pain avec le même refrain : « Yaaaa duuu Paiiin  Chauuud heeeiin !!». Pain assez «spécial» car sorti du four du boulanger depuis 5h du matin, même jusqu’à 13h, il est dit être « bieeen chaaaud heiiin !! ».

Pour jouir de l’accueil chaleureux des enfants lors de votre visite au village, il ne vous en faut pas plus qu’une à deux « baguettes » ou « miches » -c’est selon- de pain. Les enfants vous distingueront même par cela : «le tonton qui vient avec pain d’Abidjan-là est venu». Vous aurez même de la chance d’être bien reçu si dans votre petit sachet bleu ou dans votre sac vous prenez soin de ranger deux baguettes de pain que vous offrez à votre famille d’accueil à votre arrivée, après qu’on vous ait demandé les nouvelles. Si vos neveux, nièces, cousins ou cousines ; votre tante ou une simple connaissance vous demande, « tu m’as envoyé quoi d’Abidjan ? » elle veut simplement vous demander «et mon pain d’Abidjan ? ».  Jusqu’au lendemain matin de votre arrivée, à 8h, on s’attend toujours à ce que vous sortiez le pain. Passé cette heure, la conclusion est tirée : « le tonton-là n’a pas envoyé de pain ». Ne soyez pas surpris d’entendre la tante dans la cuisine murmurer aux enfants, « je vous ais dis votre tonton-là est trop méchant. Même petit pain d’Abidjan, il n’a pas eu pour vous envoyer ».

En Côte d’Ivoire, la fabrication et la commercialisation du pain sont l’affaire notamment des Libanais et des Malinké (groupe ethnique du Nord de la Côte d’Ivoire), mais sa consommation, elle, l’est des Baoulé (ressortissant du Grand Centre), d’où l’expression «Café-Baoulé».

Le «Café Baoulé» est une trouvaille typiquement Baoulé aussi simple que son nom. Prenez un verre d’eau, ajoutez-y deux à trois carreaux de sucre et vous avez votre « Café-Baoulé » prêt à la consommation. Il vous suffira d’y plonger vos morceaux de pain et lutter, à un rythme qui vous sied, l’entrée de votre bouche avec des mouches qui semblent plutôt se moquer de vous qu’être attirées par l’odeur du sucre, et voici votre mine aussi reluisante que celle d’un fonctionnaire ivoirien le 5 du mois au sortir du restaurant «Pako Gourmand » du quartier «les II plateaux » après avoir dégusté un copieux plat de pizza avec sa «maîtresse» ; ces femmes-là qui leur «enseignent» comment «bien» dépenser leur salaire puisqu’ils semblent ne pas savoir ce qu’il faut en faire.

Si je vous disais qu’en Côte d’Ivoire, rencontrer une femme Baoulé au cours d’un voyage sans son «pain d’Abidjan» est aussi rare que croiser un rebelle jihadiste à Konna, au Nord Mali, après le bombardement de l’armée Française, vous me diriez que j’exagère, vous n’avez pas tord, moi non plus.


CAN 2013 : Une semaine après, on en parle encore

Crédit Image: africatopsports.com
Crédit Image: africatopsports.com

Dimanche 10 Février 2013 – Il y a donc une semaine que se sont éteints les lampions sur le plus grand rendez-vous sportif du plus vieux continent. Passée l’euphorie des commentaires parfois justes et objectifs mais très souvent enflammés et démesurés, il semble utile de revenir, à froid, sur quelques insuffisances de ce rendez-vous «manqué».

Les éliminatoires, ses surprises

La première surprise fut l’absence de certains ténors. On notera celle du plus titré de l’histoire de la compétition, l’Egypte (4 fois championne d’Afrique). Derrière elle, les lions in-domptables du Cameroun. Une CAN sans le mythique Samuel Eto’o, c’est un peu l’équivalent d’une sauce sans sel – avec un peu d’exagération bien sûr.  Autres grands absents furent les lions de la Teranga. Au plus bas niveau de son football, le Sénégal d’El Hadj Diouf n’a pu goûter, pour la 2ème fois consécutive, à la douceur de la CAN, si douceur il y a lorsqu’on voit ces coups durs qui s’y produisent et qui font dire à plus d’un qu’il vaut mieux ne pas y participer que d’essuyer de telles forfaitures de gens mal inspirés.

Enfin, on remarquera l’absence de Stéphane Sessegnon et ses compagnons du Benin. Cette fois-ci, les palmistes ont manqué et d’un palmier à l’autre, l’écureuil n’a pu ajuster ses sauts et s’est retrouvé au sol dans les crocs mortels d’un chien qui passait par là.

La deuxième surprise de cette étape fut les qualifications du Cap Vert et de l’Éthiopie. Surprise, il y avait parce que l’un, (le Cap Vert) n’y était jamais allé et l’autre (l’Éthiopie) y était allé mais depuis le temps où les animaux vivaient avec les hommes, sinon, depuis presqu’une génération, c’est-à-dire 25 ans. On les appelait donc les petits poussés de la CAN. Mais il a suffit un seul match pour qu’ils grandissent. Les petits poussés ont donc grandit et, je l’espère, le resteront pour le plaisir des amateurs du beau jeu.

Échec de la mobilisation                

La mobilisation fut un fiasco total pour cette édition. Deux des nombreux arguments avancés étaient que d’un côté, les matchs se jouaient au moment où la population était encore au travail et de l’autre, les supporteurs –pour la plupart– avaient peu confiance en leurs équipes nationales ou étaient déçus de leurs prestations aux éditions précédentes. Ceux-ci jugeaient donc inutiles d’effectuer le déplacement. Drôles d’arguments, même s’il y a un peu de vérité.

Sauf exagération de ma part, je crois que les experts en développement ne devraient plus se tordre les méninges pour mener des études d’analyse du niveau de pauvreté des pays car pour le comprendre, il suffit de suivre un match de CAN. Comment comprendre que pour un match de CAN et non de championnat de ligue 1, des gradins puissent être aussi vides que lors de l’affiche Togo-Ethiopie ? On pourrait penser que ni les Togolais, ni les Éthiopiens n’étaient intéressés pas le Foot. Mais lorsque vous suivez les télévisions nationales de ces pays, vous vous rendez vite compte du contraire vu l’enthousiasme et la fierté qu’affichent ces peuples. Comment demander à quelqu’un qui vit avec moins d’un dollars par jour de payer un billet d’avion de 1000 dollars pour seulement  90 minutes ? C’est en tout cas un luxe que ne peut s’offrir un infirmier ou un instituteur ivoirien même après 5 ans d’économie.

La principale raison de cet échec, est donc plus liée à la pauvreté ainsi qu’à l’insuffisance de la communication autour de l’évènement qu’à tout autre, je pense. Comment y remédier ? Ne répondez pas, puisque la CAF devrait le faire si elle en a prit conscience.

 Cet arbitrage catastrophique

De mémoire de jeune suivant la CAN et les matchs de football en général, jamais je n’ai constaté d’erreurs d’arbitrage aussi flagrantes que lors de cette CAN. Rien que cette dimension suscite en moi d’énormes sentiments de dégoût et de colère contre la CAF et ses dirigeants. Ma colère contre la CAF se justifie par le simple fait que ces mêmes erreurs d’arbitrage ont été relevées lors de la CAN d’il y a à peine un an au Gabon et en Guinée Équatoriale. Nous étions nombreux à parier sur les dispositions que prendraient la CAF une fois la compétition terminée pour que de telles forfaitures de nature à enlever au sport roi tout son charme ne se reproduisent. Que nenni !

Comment comprendre que dans une compétition de si haut niveau –où l’à-peu-près n’a pas sa place– de telles erreurs puissent se produire. À une phase de quart de finale et de demie finale, comment un arbitre peut-il faire preuve de si grande légèreté ? Quelles étaient les critères de sélection de ces arbitres ? Être victime d’une faute dans la surface de réparation adverse, donc bénéficier en principe d’un pénalty, se voir refuser honteusement ce pénalty et de surcroît écoper d’un carton jaune, puis d’un rouge et se voir expulser de la compétition n’était qu’une preuve de la forfaiture en question. Pour sauver la face, on viendra annuler le carton –une grande première dans l’histoire du football. Saluons, malgré tout, la grandeur d’âme de l’arbitre qui a reconnu qu’il « a fait une erreur ». Ma question : Et si par ses mêmes erreurs il faisait éliminer le Burkina, serait-on revenu sur le score final du match ? Si l’officiant du match Togo-Algérie, par ses erreurs, faisait éliminer le Togo, qu’aurait-il advenu?

Au fond, je pense, ce n’était pas tant que çà l’arbitrage qui était en question, mais un message qui se véhiculait. Lequel nous interpelle sur tout un système et les gens qui l’incarnent.

 Est-ce la corruption qui gangrène la CAF et sa prise en otage par une poignée de personnes qui y règnent en monarques et qui ne jouissent de la seule légitimité que celle que leur confère la petite bande  autour d’elles tenue en captivité par l’incommensurable pouvoir de l’argent ? Il suffit de voir les pétitions circuler sur les réseaux sociaux pour savoir que les jeunes Africains, en particulier, n’ont plus besoin de ces dirigeants à la CAF.

 L’état des pelouses

En suivant le match du Burkina contre le Ghana, j’ai cru m’être trompé de compétition tant la poussière qui se dégageait à chaque tir de balle me faisait penser au tournoi de maracana de mon quartier. Comment à une compétition de tel niveau et surtout lors d’une demie finale, une pelouse comme celle de Nelsburght Stadium puisse être autorisée par la CAF ? Encore une fois c’est le Burkina, qui semble avoir été l’enfant mal aimé de cette compétition, qui a essuyé cette forfaiture de la CAF en voyant deux de ses matchs programmés sur cette pelouse. Mais à cœur vaillant, rien n’étant impossible, les étalons du Yennega ont montrés leur rage d’aller jusqu’au bout.

Il y a cet adage de chez moi qui dit « si l’enfant se cache pour manger la canne à sucre, il lui reste toujours des traces de son jus sur ses habits qui le trahissent en public». Et en la circonstance, les traces de cette forfaiture de la CAF furent la chute honteuse des poteaux –en plein match– lors de la rencontre Togo-Algérie et qui a failli couter sa qualification aux Éperviers qui ont su voler bien haut.

On pourra multiplier l’énumération de ces insuffisances même si côté sécurité, les choses semblent avoir été plutôt bien maîtrisées…

La CAN 2013 est donc terminée. On pourra résumer cette édition en ces termes : Mobilisation, Fiasco! Arbitrage, catastrophique! Niveau de jeu, bas! Qualité des pelouses, moyenne! Niveau des individualités, bien! Détermination des équipes, Excellente! Sécurité, très bien! Communication autour de l’évènement, insuffisante…!

Fini la CAN 2013, Vive la CAN 2015!

Vivement… MAROC 2015 !


Lettre à «Bla-têh» ma future épouse:Traite-moi comme ton époux (2ème Partie et Fin)

Crédit Image: ageheureux.centerblog.net
Crédit Image: ageheureux.centerblog.net

Le mariage n’est pas une institution dans laquelle nous entrons avec notre égo et notre orgueil.

 Tais-je raconté l’histoire de cet homme qui a juré de ne plus jamais vivre sous le même toit que son épouse juste parce qu’elle s’est énervée une fois et l’a traité de fou ? Ses voisins ont dû intervenir pour qu’il revienne sur sa décision. Mais les deux étaient toujours en colère l’un contre l’autre et sont allés au lit. Cette nuit, il a plut si fortement que le temps était glacial. Mais, lorsque la nuit l’homme toucha sa femme, elle répliqua sur un ton de colère : « qui est ce GROS FOU ? » 

Sur un ton poli et respectueux, digne d’un petit garçon bien éduqué en face de sa mère, l’homme répondit : « Mon amour, s’il te plaît, c’est moi ! ». Oui, c’est bien lui.

Tu vois, il y a des moments où nous devons chasser notre orgueil pour avoir ce que nous désirons. Je suis persuadé qu’après cette nuit, cet homme se rendra compte qu’être traité de fou n’est pas la pire des choses qui puisse lui arriver dans sa vie en couple.

Ceci peut être un cas fictif mais qui se reproduit, en réalité, dans la vie de tous les jours. Aucun mariage ne peut réussir lorsque les deux parties s’attachent à leurs postures de « voici-comment-je-suis » excluant tout compromis.

Je t’ai souvent dis que le mariage est la seule institution démocratique sans droit de l’homme. Le mariage vit de compromis. Quand la Bible dit « l’homme et la femme formeront un », cela ne veut pas dire que nos différences se dissoudront aussitôt que nous nous marions. Ceci est impossible. Elles demeureront et notre devoir n’est pas de les nier, mais d’apprendre à faire des compromis, de nous tolérer mutuellement et d’être prêt à sacrifier certains de nos intérêts personnels pour préserver notre mariage.

Bla-têh, reviens sur ta position et ne laisse pas ta persistance à mettre en avant tes droits te faire penser que tu t’en sortiras ainsi. C’est de l’utopie et n’est possible que sur une planète bien loin de la réalité.

Plusieurs jeunes femmes aujourd’hui ont l’idée fallacieuse qu’elles ne doivent pas exprimer tout leur amour et leur attention pour un mec avant de s’être mariées avec celui-ci. « Tu ne dois pas le laisser savoir jusqu’à quel point tu l’aimes, autrement, il te prendrait à la légère » soutiennent-elles souvent.

Voici la plus grave erreur que n’importe quelle demoiselle cherchant à former un foyer peut commettre.

La sécurité est une considération très importante dans une relation ainsi que dans le mariage. Si ton partenaire ne se sent pas en sécurité parce qu’il ou elle n’est pas sûr de ton amour ou de ton degré d’engagement, il y a là une probabilité assez élevée qu’il aille voir ailleurs. La tienne n’est pas de cacher ton amour ou ton engagement. Donne-les lui pour qu’ainsi tu sois dans la bonne position pour juger ce qu’il en est de son côté.

Avant de terminer, laisse-moi te rappeler que tous les hommes ne sont pas comme tu le penses. Il y a ceux qui ne sont pas prêts à s’inscrire dans une relation et qui n’accordent aucun intérêt au mariage. Pour ceux-là, toute attitude est acceptable tant qu’ils auront une fille à leurs côtés pour satisfaire leur libido. Toutefois, les mecs entretenant une relation dans l’espoir d’un mariage, cherchent plutôt à voir en leur fiancée, les traits caractéristiques de la bonne épouse et non de la bonne petite amie.

Bla-têh mon amour, il n’y a seulement que deux types de personnes qui peuvent se mettre ensemble et former une seule chaire : un époux et une épouse. Le mariage est une bénédiction de Dieu, une union sacrée, dans laquelle l’époux prend soin de l’épouse et l’épouse de l’époux. La pire des choses que je puisse faire dans la vie c’est de marier la mauvaise femme, une femme qui ne me rendra pas le retour de mes soins.

La Bible dit dans Proverbes 27 : 15, « Pendant l’orage, une goutte de pluie conduit l’homme hors de sa maison ; ainsi une femme querelleuse conduit l’homme hors de chez lui». Je ne veux pas quitter le bureau un jour et avoir peur de retourner à la maison parce qu’il m’y attend une « femme-lionne ».

Il y a plusieurs hommes qui craignent en quittant le bureau compte tenu de ce qui les attend à la maison. Ils vivent dans un enfer perpétuel, et pour moi, il est mieux de ne pas se marier que de se mettre soi-même un tel insupportable fardeau sur la tête. Je veux voir ton attitude d’épouse maintenant.

Bla-têh, je suis inquiet de ton attitude. Je ne suis pas sûr que ce soit ainsi que tu ais été éduquée. Quiconque t’aura inculqué cette mentalité ne t’a pas fait du bien. Tu dois t’en débarrasser si tu veux que nous ayons une bonne relation. Nous ne pourrons avancer et nous marier que si nous sommes certains de ce qui nous attends une fois que nous aurons finalement pris l’irrévocable décision.

Je continuerai de t’aimer, de te chérir et de prendre soin de toi tel que je le ferai quand nous serons mariés. Puisque c’est ce que j’ai appris durant ces années. Nul ne peut courir sans avoir au préalable fait quatre-pattes ou appris à marcher.

J’espères que tu comprendras ceci et que tout sera réciproque. C’est sur la base de cette réciprocité d’amour, de respect mutuel et de compréhension que nous construirons notre mariage. Ainsi, les portes du divorce ne s’ouvriront jamais.

  Ton amour,

                                                                                                                                                    Fin.

PS: Cette Lettre pour dire « Bonne Fête de Saint Valentin » à tous les amoureux et aspirant au Mariage… Réfléchissez avant de choisir votre partenaire… car une vie on ne la reprend pas, on continue toujours sur sa lancée, fut-elle fatale…!