Emile Bela

Lettre à « Bla-têh » ma future épouse: Traite-moi comme ton époux (1ère Partie)

Cédit Image: courrierlaval.com
Cédit Image: courrierlaval.com

Chère Bla-têh

L’une des raisons, je pense, pour lesquelles les conjoints vivent en concubinage pendant un moment avant de se marier c’est pour s’étudier mutuellement. Et notre relation n’en n’est pas différente.

 Mais quelle est l’essence du concubinage si l’on ne parvient pas à avoir la moindre idée de ce à quoi ressemblerait son mariage avec son éventuel mari ou femme ?  Je commence à me soucier du fait qu’après toutes ces années de vie commune avec toi, je ne peux me faire une image virtuelle de ce à quoi ressemblerait notre mariage.

 Chaque fois que ton attitude envers moi m’irrite, tu es toujours prompt à me rappeler que nous ne sommes pas encore mari et femme. « Je ne suis pas ta femme », tu me disais. «  Nous ne sommes qu’en concubinage et comme tel, je ne peux te traiter comme mon époux »

 Bla-têh, voici où, je pense, tu te trompe. La ligne entre les devoirs en tant que fiancée et ceux en tant qu’épouse est aussi fine que le bord d’une lame de circoncision. Les devoirs sont presque les mêmes et le plus tôt tu apprends à faire face à cette implacable réalité, mieux c’est pour nous.

 Je suis bien conscient qu’il y a certaines choses que nous ne pouvons pas faire jusqu’à ce que nous soyons déclarés mari et femme. J’ai demandé que nous nous abstenions de sexe jusqu’au mariage car les rapports sexuels sont un droit réservé uniquement aux mariés. Depuis lors, je pense, notre relation a grandit et s’est renforcée. Pour l’instant, nous ne pouvons pas vivre ensemble, avoir des réalisations communes ou des biens déclarés en notre nom comme des couples jusqu’à ce que nous soyons légalement reconnus comme mari et femme.

 Malgré tout ceci, notre attitude l’un envers l’autre devrait nous donner un aperçu de ce à quoi ressemblerait notre future vie conjugale. J’ai essayé de faire ma part de cet important sacrifice, mais tu ne l’apprécie pas, ni n’en fait autant. Tu remets tout au future et je me demande à quand apprendrais-tu tout ceci et commencerais à les appliquer.

 Sais-tu, Bla-têh, autrefois, le goût de la sauce d’une femme pouvait soit attirer un bon homme ou repousser un potentiel époux. Mais, depuis trois ans maintenant, je n’ai jamais goûté à ta sauce. Rassures-toi, je ne te marrie pas pour faire de toi ma servante. Mais faire la cuisine serait l’un de tes devoirs clés quand nous serons mariés tout comme il en serait pour moi. Je te l’ai déjà répété à plusieurs reprises que ton amour bizarre pour les plats des restaurants ne devrait pas te suivre dans ma maison. Ceci est un comportement irresponsable, je pense.

Je ne suis pas le genre d’homme qui pense que la place de la femme est dans la cuisine. Je t’ai dis que si nous sommes mariés et que je reviens plus tôt du travail avant toi, je n’hésiterai pas à me rendre à la cuisine. Faire la cuisine pour toi ne réduirait en rien la taille de ce qui fait de moi un homme, ne diminuerait pas mon intelligence ni ne m’exproprierait de mon titre de chef de famille. Mais ceci ne devrait pas être un mouvement à sens unique.

 Chaque fois que tu viens me visiter et que tu me trouves à la cuisine, tu parts t’asseoir pour regarder un film et quand je sers pour que tu manges, tu te plainds soit de l’excès de sel, de l’exagération d’huile ou de la mauvaise combinaison des ingrédients. Ceci ne m’offense pas parce que tu as le droit de commenter pour me permettre de m’améliorer à la cuisine. Cependant, ce qui me rend furieux c’est le fait que tu persistes à dire que tu ne ferais jamais la cuisine pour moi, tu ne m’aiderais jamais à faire ma lessive ou à faire tout autre tâche d’épouse jusqu’à ce que nous soyons mariés. Même, après t’être couchée dans mon lit, tu t’en fiche pas mal de le refaire avant de t’en aller.

 Bla-têh, tu commets là la plus grave erreur de ta vie. Comment pourrais-je savoir que tu ferais tout ceci quand nous serons mariés ?

 La plupart d’entre vous les femmes d’aujourd’hui vivez dans un monde imaginaire. Vous suivez à la lettre les enseignements reçus des livres et des feuilletons alors que ces situations sont à des kilomètres de loin de la réalité.

 Tu dois apprendre à être sobre, obéissante et respectueuse et me traiter comme ton mec avec tous les honneurs que tu accorderais à ton époux…

 

A suivre…  


Bon à savoir avant de venir au Ghana (2ème partie)

Crédit Image: https://harrycomputer2010.blogspot.com
Crédit Image: https://harrycomputer2010.blogspot.com

Côté Vie Sociale

C’est ici que tout se joue. C’est-à-dire ce qui concerne la vie au jour le jour. Si le Ghanéen est accueillant, il l’est moins que le Burkinabè, le Togolais ou l’Ivoirien pour ne citer que ceux-là. Il est vrai, et normal d’ailleurs, que chaque citoyen soit fier de son pays, mais les ghanéens excellent en la matière. Tout commence par la définition qu’ils donnent du nom de leur pays, GHANA : « God Has Appointed N’krumah in Africa » comprenez littéralement « Dieu a nommé N’kruma en Afrique ». Ne soyez pas surpris lors d’une causerie, des comparaisons que font les ghanéens pour qui les seuls pays en Afrique noir devant eux sont le Nigéria et l’Afrique du Sud. Ils ignorent la Côte d’Ivoire, se moquent du Sénégal. Un fonctionnaire Ghanéen considère presque comme une punition, une mission au Niger ou en Guinée Conakry.

Du point de vue comportement, le Ghanéen se caractérise par son sens élevé de discipline. Que vous soyez en retard à votre rendez-vous d’embauche ou avec votre nouvelle petite amie, le chauffeur de taxi lui s’en moque. Il attendra, ignorant vos hurlements, son tour de feu et restera dans la queue.

Ne vous attendez jamais à une invitation à diner ou une sortie coquine avec un jeune ghanéen. Toutes vos relations s’arrêtent au service. Le reste, il vous dira « I am busy » même s’il part manger son plat de « watché » mal composé. Un mélange de riz, harricot, spaguetti, œuf, poisson, gari et de peau de bœuf bien sûr avec du piment. Toute cette composition à mettre dans un seul et même estomac et vivre comme si on venait de manger un plat de pizza pour ensuite démontrer un orgueil insolent. Nom de Dieu !

Quand vous avez la chance qu’il accepte de vous tenir compagnie le weekend, ayez la poche plutôt bien pleine car vous payez tout, même l’addition de sa petite amie que vous n’avez pas invité. Vous aurez de la chance s’il ne vous demande pas, à la fin, le transport pour filer avec sa copine vous laissant seul vous débrouiller avec votre queue en main. Si par malchance vous tombez sur une ghanéenne à côté, moins insolente et orgueilleuse, pour satisfaire votre libido de prisonnier qui sort après 15 ans d’incarcération, vous risquez de faire confisquer votre passeport dans l’un des grands restaurants d’«Accra Mall» ou à la longue, vous risquez de vendre toute votre valise pour la satisfaire. Le jour où sera instituée la médaille d’escroquerie aux jeux olympiques, vous pourrez parier sur le Ghana pour le remporter même au pris de votre tête.

Vous avez dit Education ?

Si vous avez besoin d’aller à l’école, de bénéficier des faveurs d’un bon système éducatif, n’hésitez pas à prendre votre ticket pour le Ghana. La constitution Ghanéenne dispose que dans dix ans à compter de 2010, l’éducation de base devrait être gratuite et obligatoire. Le processus semble bien suivre son cours. Au cœur de la campagne électorale en 2012, était l’éducation notamment avec la promesse du candidat malheureux Nana ADDO de rendre le secondaire libre en plus du primaire. Le Ghana dispose d’environ sept universités publiques dont les plus populaires sont « University of Ghana, legon », « University of Cape Coast » et le Célèbre « Kwamé Nkrumah University of Science and Technology », entre autres, auxquelles s’ajoutent d’impressionnantes universités privées.

La qualité des infrastructures, des conditions de vie et d’études dans ces universités vous obligeront à retourner dans les amphis si celle des pays comme le Togo, le Burkina, le Benin ou la Côte d’Ivoire vous avaient ôté l’envie de lire un livre. Cela par leurs propretés insolentes qu’elles exhibent et surtout les mesures de sécurités mises en place (toutes ces universités offrent des cités dont l’entrée est surveillée et l’accès aux chambres limité à partir de 20h. Ce qui est aussi impressionnant c’est le service civique national. Tout étudiant en fin de diplôme qu’il soit du privé ou du public, étranger ou national, doit passer obligatoirement une année dans une organisation quelconque selon sa formation. Ceci constitue une sorte de stage qui lui est trouvé par le gouvernement qui dispose d’un service dédié à cela « National Service Scheme » avec une liste de tous les étudiants en fin de formation. Ce stage permet à l’étudiant d’avoir une expérience facilitant son insertion professionnelle. Lors de ce stage, on « oblige » l’étudiant à ouvrir un compte bancaire où lui est versé son perdiem. Quand je pense que des étudiants ivoiriens en fin de cycle de BTS cherchent un malheureux stage de balayeur des escaliers d’une entreprise pour valider leur diplôme en vain, je comprends le grand nombre de jeunes étudiants ressortissants ivoiriens inscrits dans les Universités et grandes Écoles Ghanéennes.

 Un mot de Politique

La démocratie ghanéenne a du vent dans l’aile. Le Ghana impressionne par son système politique. Le peuple sait se réunir lorsqu’il s’agit de la cause nationale. L’un des slogans ou l’une des expressions qui aura occupé la première place des discours des hommes politiques, et les principaux acteurs de la société civile ainsi que du ghanéen lambda lors des récentes élections présidentielles était « Ghana First » ou « le Ghana d’abord ». Cela s’appelle le patriotisme, le vrai -disons du modèle Américain.  Ici, les individus connaissent la valeur de la paix et y tiennent. Ici, on ne joue pas avec la constitution. Aucun président ne saurait pour son seul intérêt faire modifier la constitution pour se rendre rééligible. Ici, un mandat de 4 ans suffit à un président qui au demeurant a droit à n’en faire que deux. L’alternance politique a un sens ici. Tout le monde parle politique sans être inquiété. Si cela vous enchante même, en période de campagne, vous pouvez même dénigrer votre adversaire devant ses supporters. Ceux-là se contenteront au pire des cas de vous enlever seulement deux dents sur les 32 dont vous disposez dans votre bouche bavarde sans en faire plus. Génial non ?

J’espère que vous ne serrez pas dépaysé après ce parcours. Bon séjour au Ghana!

                                                                                                                                                        Fin.


Bon à savoir avant de venir au Ghana (1ère partie)

Crédit Image: 123.fr
Crédit Image: 123.fr

J’avais par deux reprises été au Ghana en transit mais ne savais pas grandes choses de ce pays, de son peuple et de ses habitudes; en tout cas, pas de manière substantielle en dehors des informations reçues des livres. Cela, jusqu’à ce que j’ais cette occasion d’y vivre et d’y travailler auprès de l’Institut Ouest Africain de la Société Civile depuis le 8 Janvier 2012 suite à mon admission au très compétitif test de recrutement organisé par cet institut à l’intention des jeunes en début de carrière dans les quinze pays membres de l’espace CEDEAO. Seules deux personnes sont recrutées par an et cette fois-ci mon collègue du Nigéria et moi avions été les plus heureux. Après environ douze mois passés au pays de N’krumah, il me semble utile de vous donner un aperçu de ce qu’est le Ghana, ou plutôt Accra.

Commençons par la Sécurité

Accra se distingue par la qualité de son système sécuritaire. Vous n’aurez pas à craindre de vous voir planquer dans le dos un couteau en pleine nuit ou à midi comme c’est le cas parfois à Abidjan sous le regard coupable des passants. Vous sortez et rentrez quand vous voulez. Aucun policier ne vous demandera ni votre pièce, ni de l’argent, pas comme à Abidjan sauf si vous passez au rond point Kwamé Nkrumah plus connu sous l’appellation «Circle» à une heure extrêmement tardive. Une gare routière mais aussi un lieu où voleurs et prostituées se donnent rendez-vous. Le deuxième lieu, cette fois-ci un bidonville où je vous déconseille d’être à une heure trop avancée de la nuit s’appelle « Sodome et Gomorrhe ». Ce lieu porte son nom pour ceux qui lisent la Bible. Hormis ces lieux et d’autres (moins réputés), ne craignez rien de votre sécurité à Accra.

Parlons Hygiène et Santé

Pour quiconque visite Accra pour la première fois, en tout cas s’il vient d’un pays comme la Côte d’Ivoire, ce qui lui frappe à l’œil en premier lieu c’est la propreté de la ville. Dans presqu’aucune rue d’accra vous ne verrez un tas d’immondices comme il en existe ou en existait dans les rues d’Abidjan et dont la hauteur parfois rivalise avec le mont Kilimandjaro. Rues et autres espaces publics exhibent leurs propretés. Vous vous méprenez si vous vous attendez de voir dans les rues ou espaces publics un Ghanéen la cigarette en main vous obligeant à fumer avec lui. Le Ghana dispose de remarquables services de santé dont le très célèbre «37 Military Hospital» où a rendu l’âme l’ex-président feu Atta Mills. Les ghanéens disposent tous ou presque d’une carte d’assurance maladie appelée « National Health Insurance Scheme » qui leur donne droit à des soins de première nécessité gratuits et dont ils s’en enorgueillissent. Il vous suffira d’échanger avec l’un d’eux pour comprendre.

Quid de l’Economie ?

L’économie Ghanéenne est en remarquable croissance. Le Ghana est en transition entre le «low income country» ou pays à faible revenue et le «middle income country» ou pays à revenue intermédiaire. Les prévisions l’annonce pour les quatre prochaines années si la croissance continue à son rythme annuel actuel de 8%. La découverte et l’exploitation du pétrole à la frontière avec la Côte d’Ivoire (l’une des principales sources de l’effritement de la relation entre ces deux pays) ainsi que l’ouverture de son marché à la Chine (le Ghana est le pays d’Afrique de l’Ouest ou d’Afrique en général qui enregistre une forte présence de la Chine en termes d’investissements) y contribuent énormément. Si l’économie ghanéenne connaît une telle croissance, c’est aussi, en partie, dû à la bonne qualité de l’environnement des affaires encourageant l’investissement étranger dominé par une forte présence des nigérian. L’une des récentes mesures prises par l’Etat ghanéen pour freiner cette « hégémonie nigériane» dans le domaine des affaires a consisté à exiger désormais la caution de 300,000 dollars à tous les commerçants expatriés menant une affaire ou ayant l’intention d’investir au Ghana. L’affaire aura fait grand bruit dans le courant du mois de Juillet 2012.  Si le Gouvernement justifie cette Loi d’investissement de 1994 qu’il estime en conformité avec les textes de la CEDEAO, celle-ci est loin d’être appréciée des Nigérians du Ghana et d’ailleurs qui y voient plutôt une chasse aux Nigérians, notamment, nombreux dans le secteur du commerce au Ghana. C’est aussi l’occasion de signaler que la relation entre le Ghana et le Nigéria n’a pas toujours été amicale. Si vous visitez le Ghana, cherchez à comprendre l’expression «Ghana must go» devenue à ce jour le nom d’un sac de voyage de fortune et vous y trouverez l’une des raisons. Derrière les Nigérians, se tiennent les Ivoiriens et les Gabonais qui dominent le secteur de la restauration et des Bars et autres lieux de joies. L’apport du secteur du tourisme et de l’hôtellerie –très développé– à l’économie ghanéenne est loin d’être négligeable. Les principales ressources qui soutiennent l’économie ghanéenne sont par ordre d’importance, le Cacao, l’Or, le Bois, le Pétrole…

A suivre…


Le Quartier où j’habite, c’est-à-dire Yopougon Selmer*

Un Couloir dans mon quartier (Crédit Photo : Emile Bela)
Un Couloir dans mon quartier (Crédit Photo : Emile Bela)

Abidjan. Yopougon. Selmer. Rue des Princes. Voici le quartier où j’habite. L’un des quartiers de la mythique commune de Yopougon. « Yopougon la joie » ou encore « Yop » ou simplement « Poy » pour les habitués, pour faire classe. La commune et le quartier où tout Abidjan se donne rendez-vous les occasions de fêtes, notamment les hommes de nuit et les «professionnels du sexe». Non, cette appellation est réservée aux prostituées de Marcory Zone 4C, parce que là-bas, elles sont de luxe. Celles-là sont réservées aux «grands types» du pays. Elles coûtent trop chères et en plus il y existe une variété –de qualité. Gabonaises, Nigérianes, Marocaines, Françaises, Libanaises etc se disputent avec les Ivoiriennes. Pas de Togolaises, de Burkinabès, de Nigériennes ni de Ghanéennes là-bas. Celles-ci, la qualité n’est pas trop çà, donc elles sont à Yopougon. Au moins elles sont sûres d’y avoir des clients. Ici donc, à Yopougon, on les appelle les prostituées ou « les tchouins » ou simplement « les pinhoun » et non les professionnels du sexe. Ne quittez pas Abidjan sans avoir visité mon quartier.

 Mais ne vous trompez pas, vous ne me retrouverez pas si vous venez m’y chercher sans que je ne vous y indique ma maison. Ceci parce qu’ici les maisons construites par la société immobilière SICOGI et mise en location-vente depuis le temps d’Houphouët, c’est-à-dire au temps où « la Côte d’Ivoire tenait sur ses jambes » comme aimait à le dire ma grand-mère, s’assemblent et se ressemblent. Pas comme aujourd’hui, où elle est à genou, croulant sous le poids de l’enrichissement surprenante d’une minorité qui exhibe sans pudeur sa richesse et l’appauvrissement déconcertante d’une majorité qui rumine sans puissance sa pauvreté. Ces maisons, les propriétaires les ont donc acquises au fil des années, certains ayant complètement soldés le paiement, d’autres non, mais personne ne les inquiète aujourd’hui.

A mesure que s’augmentaient le nombre de leurs enfants, les propriétaires de ces maisons les modifiaient pour les contenir. Ce qui explique donc l’absence aujourd’hui d’espaces verts. Si ceux qui existaient ne sont pas transformés en maquis-bars, ils le sont vite en chambres raccommodées par les services douteux d’un maçon à la maison de celui dont ils sont proches sans l’avis des voisins à qui, lorsqu’ils tentent de se plaindre, ce dernier sert cette expression : « est-cé çà é devant ta maison ? ».

Tout ceci à fait qu’il ne reste plus que juste de petits couloirs aussi serrés que les fesses d’un pousseur de charrette au marché de Ouagadougou et qui servent de chambres de passe pour la prostituée et son client, un noctambule qui vient juste satisfaire sa libido et partir. Un type pour qui le SIDA n’est qu’une « invention des Blancs » jaloux de la virilité des Noirs pour décourager leur performance au lit. Ne tentez pas de lui proposer un préservatif, il vous répondra simplement qu’« il ne peut pas manger le bonbon avec son sachet » et puis d’ailleurs, quel temps a-t-il pour enfiler-enlever-enfiler un préservatif s’il doit faire « cinq coup » rapidement et partir rejoindre ses amis qui auront déjà fini chacun 10 bouteilles de Guinness, cette boisson qui « rend garçon ?».

C’est donc là, que j’habites. C’est mon quartier, et je l’aime comme çà. C’est pourquoi, j’y vis depuis des années. J’adore le bruit assourdissant de la musique qui m’oblige presque chaque mois à aller payer ma dîme au médecin de l’hôpital de Wassakara, ainsi que les vociférations des DJ « obligeant » un père de famille inconscient à y laisser tout son salaire de fin du mois par des procédés appelés «Atalaku» dont ils sont les seuls à en détenir le secret. Celui-ci consistant à vanter les «qualités» d’une tierce personne dont elle ne dispose pas vraiment devant une foule. Le DJ l’amènera d’abord à se tenir débout par ses paroles « mielleuses » et toute la foule aura les yeux bradés sur lui. Puis, comme le policier qui isole le bandit dans une foule avant de l’abattre, il dira de lui qu’il est le directeur adjoint du FMI; que son salaire est payé en Dollars Américain ; qu’il est propriétaire de deux Jet privés et que sortir de l’argent de sa poche pour l’offrir à n’importe qui était pour lui aussi simple que le capitaine Sanogo faire un coup d’Etat au Mali à deux mois des élections et réclamer, sans vergogne, un titre d’ancien Chef d’Etat, même si cela traduit, au mieux des cas, son irresponsabilité. Quand il a sorti le premier billet de 5000 F fca, le Dj invitera toute la foule à le voir sortir les liasses de 10 000 F fca et ainsi de suite jusqu’à ce que ce laudateur termine  par cette expression ivoirienne «çà ‘a tier», contraction de « çà va tuer !» ; sans toutefois dire à celui qu’il convient d’appeler sa «victime» ce qui va tuer. Simplement parce qu’il sait que ce dernier le saura une fois à la maison, quand il aura à faire face aux factures d’eau et d’électricité, quand le propriétaire viendra réclamer l’argent de son loyer, quand il recevra dans le même temps un coup de fil l’informant que sa fille vient de faire un accident et que sa mère au village mourrait s’il n’expédie pas 25 000 Fcfa pour l’ordonnance et que mettant sa main dans sa poche, il ne sortira qu’un malheureux billet de 2000 Fcfa qu’il lui a laissé, par pitié, pour lui permettre de payer son taxi retour. Voici ce qui va tuer.

Voici donc mon quartier, où j’habites. Et j’aime bien ce quartier, puisque je n’habite pas aussi loin du « Darfour » le nom que nous avons donné à notre fumoir de drogue pour faire classe ; où bandits et policiers se donnent rendez-vous d’amitiés. J’aime bien ce quartier à cause du Darfour dont la notoriété va même au-delà de notre quartier, puisque le 5 Avril 2011, pendant les moments chauds de la guerre, c’est grâce à ce lieu que certains éléments des forces pro-Ouattara et les miliciens pro-Gbagbo se sont rencontrés nous obligeant à dormir de 7h du matin à 19h. Du reste, c’est à la suite de cet affrontement que je me suis dit, « si tant est que d’un moment à l’autre je peux prendre une balle perdue comme bien d’autres ou un éclat d’obus qui mettrait fin à ma vie, pourquoi alors ne pas créer un blog pour au moins laisser trace de mon passage sur terre !?». Ce qui valu la création ce 5 Avril de mon premier blog Afrique Objectif développement sur lequel j’ai travaillé toute la nuit pour ne pas me réveiller mort le lendemain. Aujourd’hui je suis blogueur. Je recevrai même bientôt un prix que je vous dédierai –vous mes lecteurs. Voyez-vous pourquoi j’aime ce quartier. Abidjan. Yopougon. Selmer. Rue des Princes. C’est-à-dire là où j’habites.

*Le Titre est inspiré de la Chronique

« La Ville où nul ne meurt, c’est-à-dire Rôme » de l’écrivain Ivoirien Bernard Blin Dadié, parue en (1968)


Côte d’Ivoire : mes 15 meilleurs vœux pour 2013

Une année s’est écoulée avec ses réalités. Une autre commence avec ses mystères. Comme c’est le cas chaque année, à cette même période, les uns et les autres émettront des vœux, disant ce qu’ils voudront voir se produire, changer ou s’améliorer. Tradition oblige. En 2013 donc, mes vœux les plus chers vont, en particulier, à l’endroit de tous les peuples Africains aspirant à la PAIX, à l’Unité Nationale et au développement durable.

crédit image: cybercartes.com
crédit image: cybercartes.com

A la Côte d’Ivoire, particulièrement, je souhaite :

1. Que les récurrentes questions de la cherté de la vie, du logement, du chômage, ainsi que celles liées au transport et à la libre circulation des personnes et des biens soient abordées sans complaisance, et que des solutions moins fantaisistes soient trouvées pour donner sa chance à chaque Ivoirien ou non Ivoirien vivant en Côte d’Ivoire de mener une vie décente.

2. Que la sécurité, tant au niveau des frontières qu’à l’intérieur du pays, soit renforcée afin de prévenir toute attaque ou autres tentatives de déstabilisation par des hommes armés. Que soit intensifié le processus de désarmement-démobilisation-réinsertion et que soit effectivement identifié et connus le personnel sécuritaire ainsi que les armes dont dispose l’armée nationale. Que surtout, la police militaire ne soit pas une création supplémentaire pour occuper ceux dont on ne peut s’en débarrasser, mais qu’elle soit équipée et qu’elle traque effectivement les faux éléments qui gangrènent l’armée.

3. Que la suppression du concours d’intégration des infirmiers diplômés d’Etat à la fonction publique soit suivie de leur affectation immédiate après leur formation et l’augmentation de leurs salaires ainsi que de celui de tout le personnel du corps médical. Que s’en suivent d’autres mesures incitatives visant à améliorer leurs conditions de vie et de travail, en vue de pallier le déficit du personnel médical dans les hôpitaux. Cela dans le strict but de guérir l’hôpital de sa maladie.

4. Que la lutte contre l’insalubrité urbaine ne soit pas qu’un effet de mode. Qu’il aille au-delà de la destruction des installations – même anarchiques – des populations qui, croulant sous le poids du chômage et de la cherté de la vie, trouvent par celles-ci les moyens pour gagner leur vie. Que les espaces aménagés soient mis en valeur par l’Etat ou les mairies sous une forme qui bénéficie à un plus grand nombre et non pas les attribuer aux Libanais pour la construction de magasins encombrants, parce qu’ayant payé plus au maire de la commune.

Plateau, Abidjan par abdallahh via Flickr, CC
Plateau, Abidjan par abdallahh via Flickr, CC

5. Que les détenteurs des pouvoirs publics aient le sens de la démission. Ceci afin qu’en cas d’évènements tels que les déchets toxiques ou les bousculades du stade et du plateau (respectivement lors du match Côte d’Ivoire–Malawi en mars 2009 et du spectacle des feux d’artifices de décembre 2012), les premiers  responsables, fussent-ils directement ou non coupables, puissent montrer que leurs postes ne comptent pas plus que la vie de leurs compatriotes mise en péril.

6. Que la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR) parvienne à sortir de son bourbier actuel et qu’au moins soient perçues à l’horizon ne serait-ce que des signes annonciateurs d’entente des communautés, d’unité, de cohésion nationale et de Réconciliation VRAIE entre les ivoiriens.

7. Que les pro-Gbagbo comprennent que la Côte d’Ivoire doit continuer d’exister avec ou sans Gbagbo et que les tentatives de déstabilisation du pays depuis l’intérieur ou l’extérieur ne sont que la preuve que ce qu’ils tentent de défendre c’est moins la paix, la prospérité en Côte d’Ivoire et l’intérêt public des ivoiriens que leurs intérêts personnels mesquins et égoïstes.

8. Que les pro-Ouattara comprennent que l’exhibition insolente du pouvoir conduit à une chute fatale et que si « le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument ».

9. Que sur nos routes à l’intérieur du pays, dans les campements et autres lieux reculés, disparaissent les dozos ou chasseurs traditionnels qui ne jouissent d’aucune reconnaissance légale, mais qui sévissent comme la peste semant, au grand dam de toutes les autorités locales qui visiblement affichent leur impuissance, la désolation et les frustrations dans les populations. Cela, par leurs pratiques très souvent meurtrières et leurs comportements passibles de punitions.

10. Qu’au niveau de l’éducation, en générale, soit réglée la question du non paiement des arriérés de salaires des enseignants. Ceci, non par des menaces mais par la tenue, par exemple, des états généraux de l’enseignement national afin, non seulement, de diagnostiquer les autres problèmes liés à l’accessibilité, la qualité, et la gratuité (éducation de base) de l’éducation mais aussi d’envisager, de manière concertée, des mesures appropriées pour renforcer le système éducatif. Qu’enfin disparaissent les « écoles boutiques » qui tuent l’intelligence des élèves plutôt qu’elles ne la développent.

11. Que prennent fin les rififis au sein du football ivoirien, lesquels sont caractérisés par les velléités de détournement lors des CAN, les conflits entre la Fédération Ivoirienne de Football et l’Africa Sport National, les querelles de personnes au sein de la fédération… Cela afin que le ballon rond n’arrête pas de rouler,  et surtout que pour la seconde fois, au moins, les Eléphants ramènent au peuple ivoirien un trophée après tant d’échecs essuyés et tant d’argent engloutis dans leurs forfaitures.

Cote d'Ivoire Team par manbeastextraordinaire, via Flickr CC
Cote d’Ivoire Team par manbeastextraordinaire, via Flickr CC

12. Que cesse la chasse aux journalistes de l’opposition et que ceux-ci comprennent que liberté d’expression ne rime pas avec diffamation, injures grossières et sans fondement au Chef de l’Etat et autres personnalités publiques. Que ceux proches du pouvoir comprennent quant à eux que la noblesse du métier de journaliste réside non dans la capacité des journalistes à écrire pour plaire au pouvoir de sorte à bénéficier de ses faveurs du moment, mais à observer et rapporter les faits tels qu’ils apparaissent dans une logique consistant strictement à informer, éduquer ou éveiller la conscience des populations.

13. Que les autorités judiciaires comprennent qu’un Etat de Droit, un vrai, se caractérise par l’équité de la justice. Que par conséquent, les coupables désignés ou présumés, suites à l’enquête nationale réalisée après les évènements de la période post-électorale, de quelques bords qu’ils se trouvent, répondent de leurs actes.

14. Que la lutte contre la corruption, le racket, les détournements de deniers publics et autres formes d’abus prennent un sens réel par l’application effective des lois en vigueur et la mise en place de structures véritablement autonomes rendant compte périodiquement à l’assemblée nationale.

15. Que soit résolue l’épineuse question du délestage pour que les coupures intempestives d’électricités ne m’obligent pas à laisser mes billets de blog pour exprimer mes vœux si chers inachev


Le Monde est FINI –aujourd’hui

wadbuzz.com
wadbuzz.com

On l’a annoncé tambour battant. Ça y est. C’est aujourd’hui. Tout est fini. Le monde est fini ce jour 21.12.2012 à exactement 12h21min 21s 21tiers.

 L’apocalypse tant annoncée s’est réalisée -aujourd’hui. L’histoire a pris fin -aujourd’hui. Le dernier homme dont parlait Francis Fukuyama est mort –aujourd’hui. Le temps, sur injonction de Lamartine a suspendu son vol –aujourd’hui. Les gens venus d’une autre planète, les extraterrestres annoncés sont arrivés -aujourd’hui.

 Le capitaine Sanogo, pour avoir semé le Chaos au Mali est mort –aujourd’hui. Morts –aujourd’hui, Gbagbo et Alassane, pour avoir occasionné la mort de plus de 3000 personnes en Côte d’Ivoire pour leur amour égoïste pour le pouvoir d’Etat, sont appelés à la barre du tribunal céleste –aujourd’hui. A côté de ces 3000 morts et plus, se tiennent leurs familles respectives elles aussi mortes –aujourd’hui. Mortes des attaques des gens armés in-connus. A ceux-là s’ajoutent les familles qui s’apprêtent à mourir – aujourd’hui pour n’avoir pu avoir à manger. Crise économique oblige, cherté de la vie l’exige ; je veux dire des gens qui ont faim et pour qui on installe des jeux de lumières à tous les carrefours des grandes artères et à qui on faire croire qu’ils ont atteints un stade avancé de développement. Des gens qui, moins naïfs que vous qui ne croyez pas en la fin du monde, s’y ruent pour prendre des photos-souvenir pour marquer leur passage sur terre avant de mourir définitivement –aujourd’hui.

 Dans mon habit de deuil, je viens vous annoncer que dans mon quartier à Abidjan, Yopougon Selmer, tout le monde est mort –aujourd’hui. Mon voisin Vetcho que Dieu a crée précipitamment et dont la tête ressemble plus au marteau du menuisier togolais est mort lui aussi –aujourd’hui. Melissa, oh Melissa, ma Melissa que je conquis grâce à Mondoblog est morte –aujourd’hui. Même moi qui vous parle, je suis mort –aujourd’hui.

 Tant pis pour ceux qui, dû au décalage horaire, parviendront à lire cet article avant de mourir, puisque tous mourront –aujourd’hui. Tant pis donc, pour ceux qui liront ce billet mais qui, faisant preuve de moins de naïveté, ne me croiront pas. Tant pis pour vous qui ne vous êtes pas préparés à mourir –aujourd’hui. Tout simplement parce qu’il vous reste un minimum de raison pour savoir que la fin du monde a été annoncée plus d’une fois, mais vous et moi vivons toujours, bien sûr avant que nous ne mourrions –aujourd’hui. Tant pis pour vous qui n’ignorez pas que le calendrier des Mayas a un cycle plutôt réduit ce pourquoi ils attribuent cette fin du monde à une période à laquelle s’arrête leur calendrier, c’est-à-dire -aujourd’hui.

Tant pis pour vous qui, faisant appel à votre bon sens, rien qu’à çà, sachez qu’il ne saurait y avoir une fin du monde commune car chaque individu a sa fin du monde. Celle-ci étant le jour de sa mort. Autrement dit, le jour où chaque individu meurt, ce jour constitue sa fin du monde. Ceci est réservé aux gens de raison. Trop difficile pour nous d’y croire. Nous n’en avons que faire, puisque nous sommes morts –aujourd’hui. Tant pis pour vous qui lisez la bible et qui sachez que le livre de Marc 13 :32 dit « Nul ne sait ni le jour, l’heure, pas même les anges qui sont au ciel, pas même le Fils, mais seul le Père » connaît le jour où prendra fin le monde. Ceci n’a de sens que pour vous, pauvre croyants, qui ignorez que cette parole était pour vous endormir puisque le monde, que vous le vouliez ou non est fini –aujourd’hui.

 Je vous plains en vous voyant continuer à vivre dans ce monde pervers, fait de préjugé. Où les uns prospèrent en se servant des naïfs. Ce monde où, comme le Corbeau et le Renard, les uns « flatteurs » vivent au dépend de ceux « naïfs » qui les écoutent. Ce monde où périssent les hommes par manque de connaissance. J’ai vu des gens remettre des rendez-vous, précipiter la date de leur mariage, faire égorger tous leurs poulets prévus pour la fête craignant ne pas avoir le temps de les déguster avant la fin du monde –aujourd’hui. En voyant ceux-là, c’est-à-dire des gens plus sensés que vous, disons des hommes et femmes moins naïfs que vous qui, faisant appel à votre raison seule, continuez de formuler des projets sérieux de votre vie, j’ai simplement souri.

 Je me suis réjouis parce qu’au moins quand ceux-là et moi serons mort, vous, êtres de raison, allez jouir des plaisirs éphémères de cette terre de tiraillement, de guerre fratricide. Pendant ce temps, assis à la droite de Dieu, sur un banc ou un tabouret, peu importe, nous serons entrain de jouir des plaisirs éternels, des vrais, procurés par notre Dieu que ces ignorants de philosophes nous font croire à l’envie qu’il n’existe pas.

 Je me suis réjouis du fait que les Islamistes du Nord Mali continueront d’amputer des membres, de lapider à mort de simples citoyens dont le seul crime est de ne pas partager leurs convictions religieuses. Cela aux yeux de toutes les armées du continent africains, les dirigeants attendant une résolution de l’ONU, c’est-à-dire de simples signatures pour agir, disons pour sauver des vies et après brandir l’argument de l’indépendance. De quelle indépendance parlez-vous, pauvres incrédules quand vous n’êtes pas capables d’assumer votre responsabilité; quand pour éteindre le feu à la maison de votre voisin qui brûle, il vous faut aller demander de l’eau à des milliers de kilomètres ailleurs même si le vers d’eau dont vous disposez peut le faire ? De quelle indépendance me parlez-vous, pauvres gens qui ne croyez pas que le monde est fini –aujourd’hui ?

 Pauvres gens qui croyez que l’aide publique au développement vous sortira de la pauvreté, je viens vous annoncer ceci : Que vous-y croyiez ou non, le monde est fini ce 21.12.2012 à 12h21min 21s 21tiers, c’est-à-dire –aujourd’hui.


Réponse d’un Petit Frère à sa Grande Soeur

Crédit image: clergoteditions.com
Crédit image: clergoteditions.com

Chère Grande sœur,

Tu m’exigeais une réponse à ta lettre dans 2 jours. Je te respecte et je n’ai pas voulu te faire attendre. Voici donc ma réponse que je te prie de lire en ayant en tête le franc parlé qui me caractérise.

Tu sais grande sœur, il y a cet adage populaire qui dit que « l’homme est à l’origine de son propre malheur ». Dans notre cas ici, cet adage prend tout son sens et je vais te dire pourquoi.

Si le bébé pousse des cris à sa naissance, c’est compte tenu des difficultés de la vie à affronter. Depuis les seins de maman, je savais ceci et je ne voulais donc pas venir. Alors que vous vous précipitiez à 9, 8 parfois même 7 mois, j’ai passé 10 mois à me préparer, à réfléchir et à peaufiner mes stratégies de réussite. J’ai même choisi mon jour et le moment de naissance. Comment vouliez-vous réussir et vous naissiez autres jours que le Mardi et de surcroît la nuit ?! Moi j’ai compris qu’il fallait naître un mardi et à 14h sous le soleil et surtout être de teint noir pas comme vous, aussi blanc qu’un Français.

Une fois né, je ne me suis pas précipité, comme vous, à marcher. J’ai passé 12 mois, je parlais, j’avais mes dents presqu’au complet, mais je n’étais pas pressé. Fâchée, maman m’a une fois jeté à la poubelle comme un cadavre de rebelle ivoirien durant la guerre post électorale. C’est depuis ce jour que je me suis décidé à marcher et j’ai juré que je serais un artiste de renommée. Je veux dire pas comme ces faiseurs de coupé décalé qu’on entend dans les rues d’Abidjan criant plus qu’ils ne chantent, du type « grikata, grikata…Pan ! Pan !» comme un menuisier togolais à Abidjan ivre d’alcool frelatée raccommodant des morceaux de bois. Je m’y exerçais. Mais ceci n’était pas de ton goût.

Tu te souviens sans doute de ce soir où maman nous avait envoyé acheter du pain à la boutique. Ce jour-là, tu m’avais mis au dos et comme chez nous les artistes l’inspiration vient quand on est bien positionné, je me suis mis à chanter plus fort que d’habitude. Te plaignant, prétextant que je te criais à l’oreille, tu m’as tapé sur la bouche et dans ma colère, je t’ai mordu dans le dos puis tu as détaché le pagne qui me tenait et m’a laissé tomber. Mes chansons se sont mélangées dans ma tête. Depuis ce jour, j’ai perdu le gout de la musique et ai juré de jouer au football. Là aussi, ce n’était pas du goût de papa qui voulait plutôt que je sois un banquier. Il avait pour moi un rotin chaque fois que je mentais soutenant qu’un banquier, c’est l’honnêteté.

Maman, elle, voulait que je sois un docteur en médecine parce qu’elle était trop maladive. Toi tu voulais que je sois un mannequin parce que tu disais aimer la mode. Moi Emile m’imaginer sur un podium entrain de défiler : aller-revenir-bloquer et finir dans le lit d’un vieux blanc pour me faire déchirer l’anus comme ce « goorjigeen » ou « homo » Djamil Bangoura au Sénégal ? Non. Merci.

Moi, je voulais devenir un footballeur et je volais les nouveaux purgeoirs de maman que je faisais couper en ballon pour jouer derrière la maison. J’avais du talent, et toutes les belles filles m’applaudissaient. Je me serais marié, j’aurais eu trois enfants, construit une duplex à la Riviera Palmeraie et une autre à Yopougon Maroc pour coucher avec ces frivoles d’Abidjan prêtes à se déshabiller devant n’importe quel idiot pourvu qu’il soit un footballeur « professionnel ». Mais par votre faute, je suis plutôt aujourd’hui un stagiaire « professionnel ».

Il y a cet adage qui dit que ce qu’un homme aime le plus, c’est ce qui le conduit à sa perdition. Un dimanche matin d’Octobre 1991 à 6h, papa m’a réveillé et m’a fait porter une nouvelle chemise et m’a dit que nous allions acheter mon ballon au marcher de Youkou, la ville où tu vivais pour les études. Je te narguais quand tu y retournais après les vacances parce que pour moi, c’était pour te punir que papa t’as envoyé à l’école.

Une fois à Youkou, tu as promis m’acheter un gros ballon le lendemain, et papa s’est échappé. Jusqu’à ce jour, je n’ai reçu aucun ballon. Je me suis retrouvé dans une maison à la toiture à moitié enlevée avec des gamins puant comme des prostituées à la rue princesse d’Abidjan et un monsieur que je détestais tant il nous couvrait de sales injures comme un libanais à Abidjan face à ses ouvriers dans son magasin. Moi, le footballeur professionnel en devenir être humilié par un type aussi pauvre qu’un nigérien coupeur d’ongles à Accra? Moi Emile à l’école !? Nom de Dieu ! Vous n’avez même pas demandé mon avis. C’est un vol organisé. C’est même un braquage poli. Je porterai plainte auprès de la justice ivoirienne quand j’aurai suffisamment d’argent à mettre dans la poche du juge au point de lui faire oublier tous ses cours de droit et qu’il vous accuse même d’avoir été les auteurs de l’assassinat de Jésus.

En attendant, j’ai accepté le chemin de l’école et ais fais un parcours de la 1ère année de primaire à mon deuxième Master sans reprendre de classe.

Mais, après 20 ans d’études et trois années de stage, je suis toujours sans emploi. Je ne fais que des stages où les responsables de ces organisations me sucent tout le nectar. J’ai vieilli avant l’âge. Je t’apprends qu’une partie de ma tête est même devenue chauve à moins de 30 ans. Je n’ai jamais gouté à la douceur des câlins d’une fille parce qu’elles me trouvent toujours fané, respirant la pauvreté. Je n’ai même pas plus de 30 dollars dans mon compte bancaire. D’ailleurs, ma carte magnétique ne me sert que pour flatter les filles. Cela marche bien au Burkina, mais pas au Benin. Je fais mon versement à 9h le matin et le retire le soir à 18h pour mon rendez-vous avec ces filles ghanéennes prêtes à vous friser les poches devant lesquelles j’adopte l’attitude d’un véritable Gabonais à Accra donnant l’impression que mon père était le président du Monde.

Je suis donc aussi pauvre qu’un étudiant togolais simplement parce que vous m’avez envoyé à l’école. Alors, à qui la faute ?  L’homme est à l’origine de son propre malheur. Tu m’avais demandé de t’envoyer de l’argent pour que tu survives ?! Je suis désolé de t’annoncer que tu vas mourir parce que je n’ai aucune pièce d’argent à t’envoyer. L’hernie de ton fainéant de mari le tuera ; les pseudos pasteurs businessmen continueront de s’enrichir sur le dos de ta fille malade ; ton fils junior devra dire à Dieu l’école. Ce n’est pas de ma faute, mais la votre, celle de papa, maman et toi qui m’avez envoyé à l’école ignorant qu’aujourd’hui un analphabète footballeur vit deux fois mieux qu’un professeur agrégé d’université. C’est en espérant que tu me comprendras que j’écris le mot FIN.

Accra le 4 Décembre 2012

Ton Petit Frère


Lettre d’une grande Soeur à son petit Frère

La boîte aux lettres – 2012-03-15 par fred_v, via Flickr CC.

Cher petit frère, Bonjour.

J’espère que cette lettre te parviendra en très bonne santé. Ici nous allons bien hormis quelques nouvelles de la famille et du pays que je vais te donner qui ne seront pas toutes de nature à te faire garder ton sourire habituel.

Au niveau de la famille, en t’écrivant cette lettre ce matin, je suis étreinte par la douleur d’une mère de famille soucieuse de ses enfants et aussi de ses frères et sœurs mais impuissante pour manque de moyens financiers.

Ton beau frère, mon mari, a été opéré d’une hernie étranglée il y a deux jours et se remet lentement. Mais il lui faut encore retourner pour d’autres soins à l’hôpital public de WASSAKARA, or comme tu le sais ces hôpitaux publics de Côte d’Ivoire tuent plus que les maladies elles-mêmes. Quand l’infirmier ne te demande pas des frais supplémentaires avant même de te consulter pour ensuite te sortir une ordonnance dont le montant peut avoisiner le budget annuel du Togo, et dont les médicaments sont à acheter uniquement à la pharmacie de l’hôpital, c’est la sage femme qui, se moquant de la noblesse de son métier et visiblement l’exerçant parce qu’ayant échoué ailleurs en attendant d’économiser suffisamment d’argent pour payer son concours d’entrée à la police d’où sortie, il lui faudrait une seule journée de racket pour réunir le montant nécessaire pour payer son loyer, laisse la femme dans la salle « en plein travail » pour suivre ce malheureux feuilleton Hindou qui ne parle que d’amour et de trahison.

Junior, ton neveu, est revenu de l’école hier peu avant midi -comme toujours d’ailleurs, puisque m’a-t-il dit, le maître était encore malade. Ce maître qui, sur neuf mois de cours reste malade pendant quatre – avec une liste de « fourniture ». J’ai pensé qu’on lui demandait de construire une salle de classe à lui tout seul : sac de ciment, perle, brouette etc.

Quand tu étais ici, nous mangions deux fois par jour quoique la qualité de la nourriture était douteuse. Nous maudissions Gbagbo et tu nous assurais que Ouattara viendrait avec des solutions. Aujourd’hui les solutions arrivent mais au compte-gouttes.

Contraints par la cherté de la vie, nous ne mangeons maintenant qu’une fois par jour. Tout ceci m’a rendu malade, mais je me suis vite remise pour m’occuper de ta nièce, qui a piqué une crise et que j’ai dû envoyer dans un camp de prière, n’ayant plus d’argent pour l’hôpital. Mais petit frère, ces camps sont devenus de véritables entreprises. Je dépense en moyenne 10 mille francs CFA par jour. Figure-toi que nous sommes près de 50 familles et chaque personne par famille dépense ce montant. Le Pasteur principal vit en Europe avec sa famille et n’y vient qu’une fois la fin du mois pour « faire le compte » avec ses assistants et repartir.

 Cher petit frère,

Au niveau du pays, Il y a dans l’ensemble, un peu d’avancée quand même. La reprise économique  est remarquable. Les infrastructures routières et énergétiques ont été réparées et renforcées. Les rues ont été bitumées par endroits, quelques caniveaux nettoyés. Les Universités dont tu te plaignais toujours de la vétusté, ce qui a écourté ton désir de continuer tes études de Doctorat, ont fait peau neuve même si les interminables grèves liés au traitement salarial des enseignants se poursuivent.

Les alliés internationaux ont exprimé leurs soutiens à Ouattara et la remise de la dette a permis de la réduire de moitié par rapport au niveau auquel il était en 2010.

L’assainissement de l’environnement des affaires est en impressionnant progrès, ce qui rend le pays davantage attractif aux investisseurs internationaux. Le secteur agricole tangue mais est loin du pire. En un mot, tout bouge…même si l’avancée se fait à un rythme auquel le caméléon n’a rien a envié.

Cependant, beaucoup reste à faire. Au niveau sécuritaire, nous vivons toujours dans la psychose, craignant une attaque des gens qu’on nous fait croire à l’envie qu’ils sont proches de Gbagbo.

La Commission Dialogue-Vérité-Réconciliation a du mal à se réconcilier avec elle-même. Toujours animés par la haine, les Ivoiriens continuent de s’éviter.

Les journalistes, notamment ceux de l’opposition, au nom d’une liberté d’expression mal comprise, continuent d’enflammer les passions et d’insulter le pouvoir. Ils s’évertuent à prouver que Ouattara est un assassin et cela par tous les moyens même les plus irrationnels. Ils ont même écrit que si le Pape était veuf, c’était la faute de Ouattara qui a tué son épouse et que sa récente visite au Vatican était pour lui présenter ses excuses. En retour, il les tape par moment et souffle le froid. Te souviens-tu de la suspension collective des journaux de l’opposition ? C’est la forme évoluée de la non atteinte à la liberté d’expression.

Tu me parlais souvent de ton amour pour la démocratie. Oui, nous en vivons une ici, sauf que c’est la forme piratée. Sais-tu pourquoi la balance symbolise la justice ? C’est pour traduire l’équité. Mais mon petit, ici, la balance a changé de position et pèse plus d’un côté que de l’autre.

Quand à ton bien aimé de Président Ouattara, il est devenu un pilote. Il connaît toutes les compagnies aériennes qui desservent la Côte d’Ivoire et leurs horaires de vol. Par-dessus tout, Il semble même avoir perdu de vue l’essentiel. Pour preuve, il a forcé la main des députés pour faire voter une loi nauséabonde qui fait de nous les femmes des chefs de famille au même titre que les hommes. Petit frère, entre nous, à quoi me servirait un titre de Chef de famille ? Est-ce que cela changera ma situation si elle n’est suivie d’aucun acte plus fort surtout que les lois de cette nature abondent dans notre constitution sans effet ?

 Cher petit frère,

Comme tu peux le constater, les nouvelles sont nombreuses que j’aurais aimé te donner mais je n’irai pas plus loin.

Je voulais terminer par l’objet principal de cette lettre même si je ne sais pas comment commencer. Depuis tout petit, tu n’avais jamais aimé demandé ni à papa ni à maman et tu as grandis avec cela. Tu n’aimes pas non plus qu’on te demande. Je suis donc un peu gênée mais je t’en supplie, envoie-moi un peu d’argent pour que je survive ; pour subvenir aux premiers besoins de la famille. Je comprends que tu sois toujours en stage mais fais un effort.

En espérant te lire dans deux jours, je te souhaite beaucoup de courage. Sache que nous t’aimons tous.

Abidjan, le 2 Décembre 2012

Ta Grande sœur

 


Il était une fois Accra…

Crédit Photo: Togoportail.net

Dire que dans Sept jours, ma valise en main, je prendrai la direction de l’Aéroport International d’Accra après un séjour professionnel d’un an pour la Côte d’Ivoire où m’attendent famille et amis est un non évènement. Ceci pour la simple raison que mon contrat terminé, je n’ai plus qu’à retourner chez moi. Mais surtout parce que toutes ces Ghanéennes trop moches et que d’ailleurs je n’aime même pas ayant toutes refusé mes avances, alors que j’en draguais au moins 32 entre le 25 et le 10 du mois juste le temps que finisse mon salaire que je percevais dans une enveloppe Khaki petit format et que prenne fin mon zèle de Gabonais à Accra, je n’ai plus qu’à quitter ce pays de poisse pour moi. Quitter parmi ces Ghanéennes escrocs qui m’ont sucé jusqu’à la moelle sans même avoir pitié de moi pour me donner un coup, juste un seul. Pauvre Emile! Pourquoi ne pas partir alors retrouver Mélissa, ma Melissa que je conquis grâce à Mondoblog. Elle au moins même si elle n’est pas intelligente, elle est vraiment belle, comme une Sénégalaise je veux dire, et en plus elle connait ma valeur. Moi, le beau gosse, teint noir chocolat, taille fine rônier, Cheveux noir crépis, dent couleur neige…moi le garçon cinq étoiles que ces filles Ghanéennes sans styles ont ruiné à Accra. Allez-y vous faire foutre ailleurs ! Pauvres Ghanéennes qui ignorez Don Juan pour vous rabaisser devant de minables Ghanéens aux styles nauséabondes et aux habillements aussi nuls que ceux des rebels touareg au Nord Mali ! Je n’ai rien à faire avec vous ! D’ailleurs, je vous flattais quand je disais que je vous aime… M’imaginer tomber amoureuse d’une Ghanéenne !? Jamais!

Dire que dans seulement sept jours je pars à Abidjan, c’est autant un non évènement qu’annoncer qu’après une visite au Cameroun, c’est-à-dire à l’étranger, Paul Biya reprend sa valise pour retourner en Suisse, chez lui ; je veux dire d’où il réside pour gouverner en ligne le Cameroun. Cette forme de gouvernance, la e-gouvernance, dans laquelle le Cameroun excelle bien et qui, pour l’intégration africaine, devrait faire du Cameroun un pays où les homologues Chefs d’Etats Africains de ces Temps Nouveaux aussi bien que les Etudiants Africains en Sciences Politiques devraient se rendre pour apprendre et mieux maîtriser les fondements et pratiques de la gouvernance 2.0.

Mais les africains ont ceci de particulier qu’ils n’aiment pas ce qui vient de chez eux ; ils importent tout, aiment ce qui vient de l’Europe, sinon comment comprendre qu’Alassane Ouattara passe son weekend à Paris alors que Yaoundé, c’est juste à côté ? En plus les Camerounais, dit-on, sont aussi accueillant que les burkinabè et que Yaoundé serait une ville chic, mais où l’eau potable serait un luxe pour le Camerounais moyen comme l’électricité pour le Guinéen « supérieur ». Tant pis pour le Guinéen moyen, une lampe tempête ferait l’affaire là où celui de la basse classe devra se débrouiller avec la torche de son téléphone portable, si seulement il peut s’en offrir…

Tout ceci ne constitue donc pas un évènement, du moins pas comme si je rappelais que dans 3 jours c’est-à-dire dans seulement 72heures les Ghanéens se rendront aux urnes pour choisir entre John Mahama et Nana ADDO –les deux favoris des 8 candidats- celui qui présidera à leur destiné pour les quatre années à venir. Ceci peut retenir votre attention. C’est normal ! Et pour plusieurs raisons. Retenons-en deux :

  1. Ces élections détermineront la position du Ghana dans le classement des pays pauvres établit par la Banque Mondiale basé sur leur économie. Le Ghana est aujourd’hui classé parmi les pays pauvres à revenues intermédiaires avec un taux de croissance annuel de 8%. Selon les prévisions nationales, si ce taux est maintenu, le Ghana serait un pays à revenue moyen. La condition réside dans des élections crédibles et transparentes gages d’une stabilité politique afin de rehausser le niveau de l’économie par l’accroissement des investissements étrangers et la mobilisation des ressources internes.
  2.  Ces élections confirmeront sa première place en matière de démocratie en Afrique de l’Ouest et consolideront cette démocratie ou alors l’effriteront. Une analyse plus proches de l’atmosphère de campagne peut permettre de prédire une période post-électorale plus paisible ; mais avec un peu de réserve et en considérant les propos de certains candidats il y a de quoi être gagné par la peur à trois jours du rendez-vous aux urnes. C’est d’ailleurs fort de ceci que les principaux acteurs de la vie politiques ont signé l’accord de de Koumassi ou Kumassi agreement en Novembre dernier, lequel accord oblige les principaux candidats à accepter les résultats des urnes et n’être auteur d’aucun acte de violence poste électoral.

Sans parti pris, retenons les mises en gardes de Nana ADDO s’adressant à Mahama contre «le syndrôme Gbagbo » c’est-à-dire s’accrocher au pouvoir en ayant perdu les élections. Paradoxalement, l’une de ses expressions –Nana– qui aura été interprétée  par l’opinion publique comme un va-en-guerre est « All Die Be Die » lisez « ol dai bi dai » littéralement « toute mort est une mort ». Ceci pour dire « je suis prêt à tout ». A Abidjan on dirait « çà passe ou çà casse ». Cette expression fait rappeler ce slogan d’avant élection des partisans de Gbagbo « On gagne ou on gagne » plutôt qu’« on gagne ou on perd » et qui aura été largement critiqué. La suite, on l’a connu.

Quand à tout ceci s’ajoute le fait que Nana a été au second tour des élections de 2008 qu’il a estimé avoir remporté, et qu’au-delà il est à sa dernière chance parce que frappé par la limite d’âge (68 ans), il y a de quoi donner sens à ces propos.

Mais s’il y a une chose assez merveilleuse à reconnaître aux Ghanéens en général, c’est leur discipline, leur unité, leur patriotisme, leur amour exprimé pour le Ghana pour lequel ils démontrent un orgueil digne de celui d’un ivoirien en Côte d’Ivoire même vivant dans la terreur dans son propre pays. Si un ivoirien vous dit « Abidjan est le plus doux au moins », il veut simplement vous faire croire qu’en dehors d’Abidjan, vous vivez tout sauf le bonheur. Si ce n’est un patriotisme emprunt d’orgueil, çà y ressemble beaucoup !

Aurevoir, Accra !


Présidentielles 2012 au GHANA: Dans 11 Jours la Messe

Il y a deux semaines de cela je promettais de vous faire vivre les moments forts de la campagne en cour au Ghana dans le cadre des élections présidentielles du 7 Décembre prochain. Pour des raisons aussi confuses que l’accoutrement d’un Rebel Touareg du Nord  Mali, je n’ai pas tenu promesse.  

Les Candidats lors du Débat (G à D) Mahama, Abu, Ayariga, Nana
Crédit Image: xfmnewscenter.com

 Ils étaient quinze prétendants au départ à frapper à la porte de la  plus haute fonction du pays de N’Krumah. Seules Huit ont été autorisés par la National Electoral Commission (NEC) présidé par Dr Kwadwo Afari-Gyan à aller à la pêche des voix : John Mahama du National Democratic Congress (NDC) ; Nana Akuffo Addo du New Patriotic Party (NPP) ; Abu Sakara du Convention People’s Party (CPP) ; Hassan Ayariga du People’s National Convention (PNC) ; Papa Kwesi Nduom du Progressive People’s Party (PPP) ; Akwasi Addai Odike du United Front Party (UFP) ; Henry Lartey du Great Consolidated Popular Party (GCPP) ; Jacob Osei Yeboah, l’unique candidat indépendant.

Certains des candidats récusés –pour n’avoir pas rempli correctement et rendu dans le délai le formulaire de candidature- dont l’épouse de l’ex-Président Rawlings, Nana Konadu Rawlings, Présidente du National Democratic Party (NDP) ont crié à l’exclusion et traduit la NEC en Justice sans suite.

Sur la base d’un critère établit conjointement par la Commission Électorale Nationale et l’Institut des Affaires Économiques, par ailleurs initiateur des Débats Présidentiels, seuls les quatre partis (NDC, NPP, CPP et PNC) représentés à l’Assemblée Nationale ont été autorisés à participer aux trois phases des débats tenues respectivement à Tamalé dans le Nord, à Takoradi à l’Ouest et à Accra, au Centre. Le thème général des Débats pour ces élections 2012 couplées (législative et présidentielle) était « Maintenir la Responsabilité Électorale ». Cette édition du Jeudi 21 qui mettait fin à cette série de débats y compris celui des Vice-présidents n’a pas manqué d’intensité. Arguments contre arguments, coup de piques, attaques-défenses-attaques, tentatives de discrédits, mais aussi comédie et éloquence étaient au menu.

De 19h25 à 22h 35 GMT, les quatre prétendants pour le fauteuil de  « Osu Castle » ou de « Flag Staff » (nom des deux palais présidentiels – Il en existe deux ici) ont tenté, chacun selon sa manière, de s’attirer les voix des 25 millions de Ghanéens. Ils avaient trois minutes par question chacun, pour exposer leurs programmes en répondant aux questions des deux présentateurs choisis sur une liste de 30 personnes. Ces questions ont portés sur un total de dix (10) thèmes à savoir : la Corruption, la Sécurité Intérieure, les Ressources Naturelles, la Mortalité Maternelle, le Genre, les Ressources Maritimes, la Décentralisation, les Médias, la Science et la technologie, la Politique Étrangère.

L’Economie, l’Éducation, la Justice, l’Agriculture, l’Énergie et l’Emploi ont été abordés au cours du premier débat.

La Décentralisation, la Corruption et la Politique Étrangère ont été les sujets chauds du débat. Mahama aura servi à ses concurrents un véritable cours magistral sur la question de la décentralisation, mais sur la corruption et la politique étrangère, c’est plutôt Nana qui s’est montré convainquant. A mots ouverts, Nana a accusé publiquement Mahama d’offrir le Ghana en base arrière aux mercenaires Pro-Gbagbo dans leurs tentatives de déstabilisation de la Côte d’Ivoire.

Parmi les huit concurrents, Mahama et Nana constituent les principaux favoris. Cependant, à seulement dix jours des élections, il reste difficile de prévoir le vainqueur, ce qui fait penser à un probable second tour.

Pour certains, Mahama peut compter sur un vote « par sympathie » des « indécis » vue sa position de successeur au défunt Atta Mills décrit par ceux-là, à l’instar d’une majorité de Ghanéens, comme un homme de paix, un bâtisseur, «un héro». Au-delà du soutien quoique floue qu’il reçoit du président Rawlings ayant lui-même bonne presse au Ghana et donc lui étant favorable, Mahama pourra également compter sur les voix des populations du Nord du pays qui, pour la première fois de l’histoire du Ghana, voient un de leurs fils candidater au poste de présidence de la République. Rien que sur ces bases, Mahama part très favori. Mais ceci est à prendre avec réserve eu égard des velléités de corruption qui planent sur le NDC de Mahama et surtout l’affaire Woyome qui a trempé le parti jusqu’au cou et de laquelle il tente de se débarrasser en vain. Son élégance dans le verbe, son sang froid et son humilité sont les traits que mettent en avant les admirateurs de ce communicateur originaire de la région du Nord et actuel Chef de l’Etat succédant au défunt Mills dont il s’inscrit dans la continuité du mandat avec pour slogan «A Better Ghana» ou encore « la Vision de Mills, la Mission de Mahama».

Pour d’autres par contre, et si l’on s’en tient aux spéculations de sondages d’intention de vote, Nana part largement favori. Un petit sondage d’intention de vote réalisé moi-même dans mon lieu de service comptant 10 Ghanéens donne Nana vainqueur avec 6 voix contre 3 pour Mahama et un indécis avec un penchant pour Mahama. Ceci n’est qu’un simple exemple, mais qui pourrait compter le moment venu. Au-delà du soutien qu’il reçoit de John Kuffor, ex-président ayant aussi une bonne image dans l’opinion publique ghanéenne, par conséquent lui étant favorable, l’avantage de Nana réside dans le fait qu’il ait été au second tour en 2008 avec Atta Mills; une élection que lui et ses partisans ont estimé avoir gagné mais dont la victoire leur a été volée. Tout le bruit autour de cette contestation et surtout l’acceptation des résultats, malgré lui, pour éviter les troubles post-électorales afin de consolider cette démocratie émergente du Ghana ont positionné ce fils de la région de l’Est, issue de la famille royale et riche homme d’affaire dans l’opinion de millions de Ghanéens comme un démocrate et homme de paix. L’essentiel de son programme de campagne est bâti sur la gratuité de l’éducation secondaire, un programme qui semble bien le vendre. Il lui est cependant reproché son arrogance et sa spontanéité.

Comme on peut s’en rendre compte, les élections du 7 Décembre prochain s’annoncent décisifs pour le Ghana et les Ghanéens et promet en rebondissements. Vivement qu’elles se déroulent dans le calme !