Emile Bela

Petit Papa Noël, voici ce que tu dois savoir avant de venir…!

Le Père Noël dans sa tournée.
Le Père Noël dans sa tournée.

Cher Père Noël,

Les années passent et se surpassent. Elles se suivent et se succèdent avec leurs cortèges de bonheur et de malheur, de joie et de tristesse… Chaque année, comme à l’accoutumée, tu viens et tu t’en vas. Cette année comme l’année dernière, tout comme depuis Mathusalem, tu descendras du ciel les mains chargées de cadeaux pour distribuer aux bons élèves de la classe. Aux plus mauvais, tu donneras des coups de botte dans le cul pour qu’ils aillent se faire fouiller la couille par les cafards. C’est bien !

Mais avant ton arrivée cette année, il m’a semblé nécessaire de te donner quelques nouvelles d’ici. Cher Père Noël, l’année qui s’achève a été bouillonnante en actualité de tous genres. Retiens juste celles ci.

Au Brésil, l’Allemagne a laminé le pays du ballon rond en demi-finale de Coup du monde par 7 buts à 1 avant de remporter le trophée. La pilule a été difficile à avaler au point de laisser un goût amer dans la gorge de tout un peuple.

En Israël, l’homme fort du moment a pilonné des millions de Palestiniens, dont des femmes et des enfants, innocents. Tout cela au nez et à la barbe du fameux monstre dit communauté internationale qui, en sommes-nous rendu compte, n’a de force pour agir que lorsque cela se passe ici, chez les damnés de la terre. Pendant ce temps, un dimanche à l’église, mon pasteur nous a demandés de prier pour Israël parce que la Bible dit qu’Israël est une terre bénie et quiconque la bénirait serait à son tour béni. Je suis sorti fumer une cigarette.

Aux Etats-Unis, pour ton information, Cher Père Noël, tuer un Noir du type Michael Brown n’est plus un crime à punir. Non, les cours de droit de l’homme qu’ils enseignent aux chefs de classe têtus que tu as mis à la tête de tes élèves d’Afrique ne s’appliquent pas partout. Il faut bien des exceptions pour que la règle ait un sens. N’est-ce pas ?

En France, oh là là, Cher Père Noël, toi qui es plus proche de Dieu au ciel, avant de venir, demande-lui de rendre les femmes moins belles là-bas pour rendre la vie moins difficile aux hommes. Ils ont de sérieux problèmes avec les fesses des femmes. Au point que même le premier d’entre eux a troqué sa luxueuse bagnole contre un minable scooter pour éviter les embouteillages en allant prendre un coup rapide (après le boulot), chez une de ces nombreuses actrices aux déhanchements mortels. Ne pouvant supporter le coup, la titulaire s’est tirée et m’a laissé une note pour toi que tu devras lire dans laquelle elle te dit « Merci pour ces Moments » de joie que tu apporteras.

Cher Père Noël, quand tu auras fini dans l’Hexagone, rends toi au « calamity land ». La terre des calamités. Si je veux parler de l’actualité là-bas, il me faudra un livre. Mais avec ton âge, tu devrais avoir mieux à faire que de lire ces cochonneries. Je mentionnerai donc quelques cas.

Au Sénégal, il s’est tenu le sommet de ceux des élèves qui ont en partage la langue française. Et comme il fallait s’y attendre, les chefs de classe ont étalé leur égoïsme et confirmé à nouveau l’utopie du projet rocambolesque des Etats-Unis d’Afrique. Divisés, ils se sont vu arracher le commandement du navire francophone par une gamine bien éduquée puis se sont mordu les doigts. Mais le comble, comme tu le sais, est que le Sénégal c’est l’amphithéâtre où se rendent les professeurs pour dispenser les cours magistraux de bonne pratique aux étudiants en matière de démocratie. Il fallait s’y attendre. Le professeur-conducteur de scooter était là comme son prédécesseur, il y a quelques années, il devait parler et il a parlé. Ça a fait grincer les dents. Mais tant pis !

En Côte d’Ivoire, tout vit et respire au rythme de l’émergence à l’horizon 2020. Tu fais des avances à une jeune fille, elle te dit d’attendre à l’horizon 2020. Tu encaisses ton crédit, le créancier t’invite à repasser à l’horizon 2020. La seule chose qui n’attend pas 2020, c’est quand ton voisin te surprend dans son lit avec sa femme, le coup de poing c’est à l’horizon immédiat !

Et puis Père Noël, là-bas la technique est bien trouvée pour rester longtemps au pouvoir. Il suffit d’offrir un pont à quelqu’un. Le jour de sa réception, il te donnera deux mandats et toi, dans l’émotion, au lieu de dire dans sa tête, tu diras dans « son tête ».

Mais, il n’y a pas que ça. Il y a les enfants de la voisine d’à côté dont le père devenu trop gênant a été mis en lieu sûr par les pharisiens. Le premier fils dit, comme papa est empêché, je vais me mettre devant vous pour aller combattre Hérode en 2015 et organiser son retour. Il est aidé de certains enfants. D’autres par contre le trouvent trop prétentieux. Ils jurent que papa reviendra, c’est sûr, ou même que depuis chez les ravisseurs, il dirigera la famille et le village. Alors, on assiste à une bagarre rangée sous les yeux moqueurs d’Hérode et les pharisiens. Les chaises s’envolent. On se tête, on s’entête. On s’empoigne, on se poignarde. Finalement, on s’en remet à Hérode pour trancher. A qui donnera-t-il raison à ton avis ? J’imagine ton visage se froisser de dégoût face à une telle déchéance.

Au pays des hommes intègres, oui, je parle du Burkina Faso que tu connais bien pour y avoir pleuré Sankara et Norbert Zongo lors de tes précédents passages et dont le sang réclame justice depuis des décennies en vain. Là-bas donc, le Baobab s’est écroulé. L’éléphant voulait à nouveau jouer au cache-cache avec les magnans, ils se sont cette fois-ci saisis de sa trompe, y ont pénétré et à coups de piqûres violentes, ont fini par le sortir de la forêt. Le Lion sortant ses griffes voulait à son tour régner, mais les magnans ont dit « Never !». Ils lui ont préféré l’antilope docile, facile à culbuter au cas où elle tenterait de prendre des racines.

Au Mali, le chef de classe venu réunifier les bouts de bois de Dieu massacrés par les barbus sanguinaires. Il  n’a pas fait mieux que s’offrir un luxueux avion pour aller dîner avec son meilleur ami aux Bahamas et venir dormir chez sa maîtresse aux Antilles avant de retourner piailler démocratie et développement à Bamako.

En Guinée, au Liberia et en Sierra Leone, le sida que tu as trouvé à ton arrivée l’année dernière et qui mobilisait l’aumône de la communauté dite internationale n’effraie plus personne. Non content de voir trop d’énergumènes se sucrer sur son dos, le diable, ainsi parle un pasteur, qui avait fait venir sa maladie a vite fait d’en trouver une autre qu’il a appelée Ebola. Quand tu y descendras, s’il te plaît, ne sert la main à personne. N’embrasse personne. Tiens-toi à bonne distance et jette aux bons élèves leurs cadeaux puis file chez toi. S’il te plaît, en allant, n’attend pas Camairco ou AIR Côte d’Ivoire parce que tu attendras longtemps avant d’embarquer, surtout ne monte pas à bord de Malaisian Airways pour ne pas disparaître après les nuages. Rentre chez toi vivant pour nous revenir l’année prochaine à la même date pourvu que Dieu te donne longue vie, parce que ton âge avance et nul ne sait si tu vivras encore longtemps.

Au Nigeria, NON. S’il te plaît Cher Père Noël, n’y va pas. Il y a Boko Haram là-bas. Ils sont prêts, ces gens à t’exploser à coup de roquettes et incendier ton accoutrement après t’avoir longuement sodomisé, tout ça au nom d’un dieu sanguinaire imaginaire. Eux, ils ont enlevé 276 de nos sœurs. Si tu y mets les pieds, voici le message à titre posthume de notre campagne publicitaire sur Twitter: « #BringBackOurPèreNoël VIVANT », même nu et enceinte!

Voici quelques nouvelles, Cher Petit Papa Noël. A toi de savoir où mettre les pieds, quand tu descendras du ciel avec les jouets par milliers… !

Bien cordialement,

Signé, un de tes TRÈS BONS élèves qui attend son cadeau.

Joyeux Noël à tous mes Lecteurs et Lectrices!


Maman, je vais me marier !

mariage.fr
mariage.fr

Chère Maman,

Quand cette si longue lettre te parviendra, j’aurai mis à exécution une décision importante de vie, en fait, TA décision si chère. Je vais me marier ! OUI, tu as bien lu. J’accepte. Je cède. J’y ai longtemps résisté. J’en ai douté. Mais, aujourd’hui, je me rends compte de l’erreur que j’ai commise d’avoir toujours rejeté cette idée chaque fois qu’elle m’avait effleuré l’esprit, par peur de perdre un centime de ma liberté.

Je voulais sortir et rentrer à l’heure qui me plaît sans n’avoir de compte à rendre à personne. Je voulais n’avoir aucune justification à apporter à personne pour avoir terminé mon coup de fil par « moi aussi ». Je voulais n’avoir à justifier pourquoi Sabine, Sandra, Myriam ou Cassandra m’appelle si fréquemment et même à des heures trop avancées. Je voulais éviter d’avoir à répondre aux questions du type « pourquoi depuis ce matin, tu ne m’as pas appelé ?». Je ne voulais pas avoir à expliquer pourquoi c’est toujours moi qui travaille si tard et de surcroît qu’on envoie si fréquemment en mission. Je voulais n’avoir à être reproché de passer trop de temps devant mon ordinateur. Je voulais en un seul mot jouir des prérogatives de ma liberté. Mais je ne sais plus trop pourquoi, depuis des semaines l’idée me taillade l’esprit. Ce matin, par exemple, je me suis levé avec le sourire aux lèvres, sans trop savoir pourquoi. J’ai pris ma douche, suis sorti et suis arrivé au bureau en fredonnant des chansons magnifiant l’amour. Des titres de White T’s, Usher, Chris de Burgh et bien d’autres ont fait le défilé. Sans trop savoir pourquoi ni avec quelles inspirations, j’ai épuisé mes tâches journalières avec célérité et à l’heure de ma pause, j’ai eu l’envie d’écrire un billet de blog. Plusieurs sujets se sont chevauchés dans ma tête.

J’ai entamé un billet pour répondre à ceux qui en veulent aux dirigeants marocains d’avoir mis en avant la santé de leur population au détriment d’une CAN dont le refus de report est fondée sur des calculs purement pécuniaires. J’ai écrit quelques lignes d’un autre pour dire au peuple burkinabè que s’il lui a fallu un effort pour faire sa révolution, il lui en faudra deux, peut-être trois pour gérer l’après-révolution. J’ai écrit deux paragraphes d’un dernier billet pour dire au pouvoir d’Abidjan qu’il ne suffit pas de réunir les hommes en bottes dans une salle et se contenter de leurs déclarations mielleuses pour penser qu’on a la maitrise des choses, parce que quand ils sauront que cette voie explorée est la meilleure pour obtenir gain de cause, demain, ils n’hésiterons pas à l’emprunter pour d’autres besoins surtout qu’ils détiennent encore les armes. Qui sait si cette fois sera moins maitrisable. Ne l’espérons pas. J’ai écrit tout ça, puis après quelques lignes, j’ai perdu toute inspiration au profit d’une lettre pour te dire que ton insistance à eu raison de ma persistance !

Chère Maman,

Oui, je me marierai. Non pas uniquement pour te faire plaisir, ni en raison des insistances de mon pasteur, encore moins parce que lasse d’avoir à répondre aux questions de mes amis et de mes proches qui tiennent à savoir quand et avec qui ; non par effet de mode ni parce que mon ami Grégoire, oui, le même Grégoire que tu connais avec son crâne digne d’un ballon de rugby sur lequel sont rangées des narines aussi gigantesques que des échappements d’une raffinerie de Pétrole au Nigéria, s’est marié à Mélissa il y a une semaine et qu’ils semblent vivre heureux; non pas parce que je me suis senti frustré d’avoir été traité de « jeune-homme » au cours d’une réunion où j’étais le seul autour de la table à l’annulaire de qui ne scintillait aucun anneau, quoique n’étant pas le plus jeune ; non pas enfin du fait du pincement que je ressent chaque fois que je consulte mon bulletin de paie et constate qu’on me prélève plus que mon collègue parce que je suis célibataire donc supposé n’ayant pas de charges. Bande de psychopathes, qu’en savez-vous ? Mais, je le ferai parce que, tu me l’a toujours répété et je pense que tu as en partie raison, le mariage confère à l’homme davantage de responsabilités et de stabilités, bien sûr quand c’est avec une femme aussi belle, intelligente, ambitieuse que vertueuse. Et pour çà, il faut du courage, de la maturité en plus d’être soit même intelligent. C’est bizard que je me sens si subitement prêt non sans ignorer les risques qui m’y attendent de sacrifice parfois au-delà de la raison à faire pour y arriver.

Maman, dis à papa, que je me marierai. Il n’en sera pas moins heureux. Lui qui me talonne chaque fois en vantant les avantages du mariage croyant naïvement que tous les hommes ont la chance de croiser des femmes aussi spéciales que tu l’es.

Dis à Papa que, marié, je suivrai vos conseils. J’aimerai mon épouse. Je prendrai soin d’elle. Je l’accompagnerai au salon pour ses cheveux, au super marché pour des achats le weekend. C’est fou que j’aime cette dernière chose. Nous sortirons le weekend quand il le faut pour briser la monotonie. Tu me disais qu’au bout d’un certain temps, ça devient agaçant d’avoir à vivre avec la même personne et qu’il faut du tact pour gérer cela. Je rentrerai tôt de mes sorties. Je l’encouragerai dans ses prises d’initiatives. Je la suivrai dans ses conférences ou ateliers si elle me le demande et je l’inviterai dans les miens. Je lui parlerai. Je l’écouterai. Je prendrai soin de nos enfants. Je serai heureux de te voir heureuse, en tant que grand-mère, en me voyant heureux en tant que père.

 Chère Maman,

Il m’a plu d’anticiper en te le disant pour apaiser ton envie d’une belle-fille. Je sais que tu t’imagines déjà à qui elle ressemblerait, de quelle nationalité elle serait. Serait-elle blanche, métisse ou noir ? Courte ou grande? Fine ou ronde ? Oh non, ne soit pas si pressée ! Un peu de patience, voyons ! Tu la verras. Tu vois, le gamin d’hier a grandi. Il est même devenu Monsieur. Au départ, j’avais du mal à accepter qu’on m’appelle Monsieur. Moi, Monsieur ? Non, vous aussi, je ne suis qu’un gamin ai-je toujours revendiqué.

L’insistance de mes neveux et nièces qui s’obstinent à m’appeler « tonton » alors que mes yeux scintillent toujours face aux bonbons sucettes, aux paquets de Chipsy, de celle de mes collègues de service en passant par le chauffeur qui me descend tous les matins à mon lieu de travail, ont fini par me convaincre que quoique je le veuille, je ne suis plus le gamin tout nu d’hier que tu poursuivais pour le laver.

J’ai bien pris de l’âge. Je suis devenu donc « Monsieur ». Je suis responsable. Je sais choisir. J’ai du goût en plus. Si elle est à ton goût, tant mieux ! Si non, ce serait dommage. Mais elle restera toujours mon choix. Seulement, ce dont tu pourras t’en convaincre déjà, c’est qu’elle sera suffisamment respectueuse pour ne jamais te manquer. Elle sera intelligente et rangée pour ne pas foutre la vie de ton gamin d’il y a quelques années en l’air en une fraction de seconde de vie commune.

Je sais que tu me croiras difficilement. Que tu feras authentifier cette lettre par mon frère aîné, et même par une personne extérieure pour en être convaincue. Fais-en l’économie, c’est bien moi qui t’écris au coin de mon bureau, pêché au 7ème étage d’un de ces immeubles d’Abidjan, où, de ma fenêtre je contemple la beauté de la vie.

Voilà, chère maman, ce que j’avais à te dire pour l’instant. Pour le reste, encore une fois, soit patiente. Ce sera peut-être demain, probablement dans une semaine, éventuellement dans un mois, possiblement dans un, deux ou trois ans, j’avoue que je n’en sais pas plus que toi…, mais ce sera un jour. Un Samedi,  pour être le Dimanche matin à l’Eglise, devant Dieu! Ce jour-là, tu seras heureuse parce que tu me verras heureux !

D’où tu te trouves en ce moment, je vois ton cœur s’apaiser et ton visage s’illuminer de ce sourire de chaque fois que tu devrais m’exprimer ta fierté de m’avoir comme ton fils.

Ton Fils,

Jeriel Angenor BEHIBLO

Abidjan, le 24 Novembre 2014


En parlant de féminisme…

Ce billet m’a été inspiré par celui, bien écrit je pense, de mon ami Aphtal que j’ai lu en ayant à peu près les mêmes sentiments que lui concernant les préjugés qu’entretiennent certaines personnes, y compris les femmes, face au traitement que certains hommes réservent à leur épouse.

(c) lesparesseuses.com
(c) lesparesseuses.com

Le serpent, aussi beau qu’il puisse paraître, suscite toujours un brin de frayeur pour qui le rencontre sur son chemin. Tous s’en méfient ignorant que lui aussi se méfie d’eux. Ils ignorent que le serpent et l’homme sont engagés dans une relation de force dans laquelle il n’y a ni fort ni faible. Le plus fort est celui qui, le premier, assène le coup mortel. Le serpent mord le passant, il en meurt. A l’inverse, le passant écrase sa tête au serpent et l’étale à la merci d’autres prédateurs. C’est exactement ou presque la même chose dans la relation homme-femme…

Nous sommes dans une société phallocrate dont l’origine, de mon seul point de vue, remonte à l’ordre de création de l’homme «Adam» d’abord puis de la femme «Eve» dans la Sainte Bible et même de la façon dont la deuxième a été créée «tirée de la côte du premier». D’autres raisons pourraient mieux l’expliquer mais c’est ainsi que je le conçois, moi. Les injonctions de Dieu à l’homme pour qu’il domine sur tout lui ont attribué un pouvoir dont il se sert «parfois abusivement» face à une femme à qui Dieu a ordonné soumission. Si l’on ne s’arrêtait qu’à cette considération très souvent mal interprétée par ces machistes, certains agissements des hommes se comprendraient, mais le pouvoir dont il est question n’est pas seulement physique, il est aussi psychique. Si l’homme détient jalousement le pouvoir physique, disons la force physique le pouvoir psychique, lui, est inné et la femme n’en est pas moins pourvue.

Les considérations culturelles, dans certaines sociétés et à quelques exceptions près, fondées uniquement sur des préjugés selon lesquelles, comparé à la femme, l’homme réussirait mieux à l’école, tiennent au fait que très souvent peu de jeunes filles résistent aux tentations post-puberté et les risques qui en découlent sont les grossesses en milieu scolaire, entrainant elles-mêmes majoritairement la déscolarisation de la jeune fille. Ce n’est donc pas tant que çà la capacité mentale, psychique ou intellectuelle, et tout ce que vous voulez, de la jeune fille ou de la femme, en général, qui est mise en cause. Je n’ai donc jamais compris cette tendance obstinée de ces féministes, présumés ou avérés à considérer la femme comme une victime «innée» face à un bourreau «inné» qu’est l’homme dont il faut se protéger. Qui sait si l’homme lui aussi tente, à travers ses agissements pas toujours justifiables, de se protéger contre la femme ? C’est pourquoi, le féminisme, j’en rigole et nargue ceux qui se targuent du titre pompeux et creux de féministe.

Il y a que très souvent ce sont les tenants de cette thèse féministe qui suscitent la confusion dans les esprits faibles en réduisant les luttes, celles-ci, justes, objectives et nobles, pour l’équité du genre au sein de la société à l’égalité entre l’homme et la femme. Pourquoi vouloir d’ailleurs être l’égal d’un être considéré comme un bourreau si ce n’est clamer soi-même sa nature de bourreau ou alors, vouloir être soi-même un bourreau ? Sur la question, je rejoins un de mes auteurs préférés, Foua Ernest de Saint Sauveur qui, dans son formidable œuvre, Les Matins Orphelins, s’irrite contre cette propension des femmes à vouloir se mettre à la même place que les hommes là où elles auraient pu aspirer à mieux. Quand on aspire au changement, sauf si l’on fait preuve de déraison, c’est pour accéder au meilleur. Pourquoi la femme se compare-t-elle à l’homme au point de vouloir, pour exagérer, troquer sa place si noble qu’elle occupe contre le sien. Au demeurant, qui dit que l’homme lui-même se sent à l’aise dans la posture qu’il occupe ?

Je comprends et je soutiens corps et âme l’équité du genre dans son sens le plus large. Pour ceux qui ne comprendraient pas, voici une définition caricaturée de l’équité :

Le perroquet et le matin-pêcheur sont tous deux des oiseaux. Il y a égalité. Celui qui les élève les garde dans deux cages conçus de la même façon et donc leur permet d’évoluer dans un même milieu. Il y a égalité. Il leur donne, à tous les deux, des grains de maïs (admettons que tous deux mangent le maïs). Il y a égalité. Mais ces grains sont servis dans un contenant si profond qu’il faut un bec bien plus long pour les atteindre. Pour son bec si long, le matin pêcheur y a accès mais pas le perroquet au bec courbé. Vouloir être l’égal, l’un de l’autre revient pour le perroquet à réclamer au maitre de lui tailler le bec pour le rendre aussi pointure que celui du matin-pêcheur. A l’inverse, réclamer l’équité revient au perroquet à vouloir, en conservant son identité tout court, de même que le matin pêcheur, un contenant, mais moins profond de sorte à atteindre les grains. Il ne peut pas en même temps demander au maître de lui tailler le bec et de lui fournir un contenant moins profond. Ça devient de l’égoïsme…

Je suis pour qu’à diplôme égal, il y ait salaire égal. Je suis contre toute forme de violence faite aux femmes. Je suis pour un traitement décent des femmes dans la société. Je suis pour que les femmes participent à la vie de la société à tous les niveaux. Mais je suis contre la position victimaire qu’on leur attribue ou qu’elles-mêmes revendiquent. Je suis contre ce féminisme taillé sur mesure pour satisfaire les besoins mesquins d’une catégorie de la société qui veut que tout lui soit donné au mépris d’une autre partie.

Les hommes, certains hommes, sont violents par essence. C’est dommage ! Quand à cela vient s’arrimer un sens d’orgueil démesuré, cela les précipite dans le lot des machos. C’est déplorable ! Ces misogynes sont à plaindre. Mais de là à vouloir un traitement de «victime naturelle» pour la femme, c’est plutôt méprisant… Je souhaite d’abord que la femme prenne de la hauteur et soit la première actrice de la lutte pour son épanouissement, et que dans cette lutte, elle prenne conscience de son talent, ses incommensurables valeurs, ses compétences, ses aptitudes intellectuelles ainsi que de la noblesse de son titre de porteuse de vie dont la nature l’a gracieusement doté.

Pour revenir à l’article de mon ami, ce qui m’a attristé dans ce qu’il décrit, c’est le fait que certaines femmes ainsi que des hommes déplorent ces pratiques, à mon avis, louables, preuves d’amour et de respect pour la femme.

Je me marierai demain. J’aimerai mon épouse. Je la respecterai pour avoir accepté de partager son rang si noble avec moi. Je la conduirai à l’hôpital pour ses consultations prénatales. Je serai là et lui tiendrai la main, si ce n’est parce que je ne supporterai pas de la voir souffrir, pendant l’accouchement. Quand l’enfant naitra, je le porterai au dos ou à la main sans me soucier des jugements acerbes de ceux qui y voient de la domination ou de la perte de ma masculinité. Ma mère aurait aimé que mon père fasse pareil pour elle. Pourquoi mon fils n’aimerait-il pas que j’en fasse pour sa mère…? Je ferai tout ceci, demain, pour mon épouse. Je la regarderai comme un trésor que j’ai la chance d’avoir. Un trésor à valoriser, à protéger au risque de le perdre. Mais pas comme une victime, parce que victime elle ne l’est pas et pas plus que bourreau je ne suis pas, moi, qui, comme elle, ait besoin de protection, d’amour et de respect.


CHRONIQUES DES TEMPS NOUVEAUX : UN AN DE PLUS…. avec peines !

Chroniques des Temps NouveauxIl y a un an, à la « célébration » du 1er anniversaire du blog, notre espace commun de rencontre et d’échange, je vous faisais, vous mes lecteurs à la suite d’une petite enquête initiée visant à vous donner l’occasion de faire vos suggestions d’amélioration, un ensemble de promesses. Une année après, c’est-à-dire AU DEUXIEME ANNIVERSAIRE, il me parait moins superflu d’y revenir pour souligner les promesses réalisées et regretter celles qui ne l’ont pas été.

  • Fréquence des billets : Je promettais au moins un billet par mois. J’étais à 46 billets à la même date en 2013. Aujourd’hui j’en suis à 72 soit, seulement un peu plus de la moitié. C’est autant dire que je n’ai pas honoré mes engagements sur ce point.
  • Thème du blog : Je promettais de changer le thème du blog pour le rendre facile à utiliser. Il a bien changé et celui-ci semble plaire. Je m’en réjouis.
  • Organisation du site : Je promettais d’améliorer l’organisation du site (choix des couleurs, positionnement des rubriques/onglets etc.). Il peut être mieux présenté qu’il ne l’est actuellement, mais ici également, il y a eu une nette amélioration. Ça réjouis forcement !
  • Interview : Je promettais d’aller à la rencontre des lecteurs en leur donnant la parole à travers des séries d’interview. A ce jour une seule interview a été réalisée. Juste dommage !
  • Biographie de l’auteur : Suite aux propositions d’amélioration, elle a été revue mais il reste aussi qu’il faut savoir rester sobre pour ne pas étaler nécessairement son CV pour ses lecteurs.
  • Pertinence des sujets abordés : Je crois avoir dit moins de choses insensées. Il appartient aux lecteurs d’en juger.
  • Diversification des billets sur l’actualité en Afrique de l’Ouest : J’ai essayé au mieux de diversifier les sujets. Ainsi, je suis allé de la politique au sport en passant par la religion. La société est restée le sujet dominant.
  • Style d’écriture (ton) : Parfois, je n’ai pas forcément plus par mon ton jugé trop sec. Mais très souvent j’ai réussi à faire marrer un nombre important de gens qui me l’ont témoigné. Je m’en réjouis particulièrement pour avoir offert des moments de gaieté.
  • Ebook : Je promettais de sélectionner et compiler en ebook, mes meilleurs, disons les billets les plus lus, pour partager gratuitement aux fidèles, j’ai finalement pensé à une autre alternative. Attendre d’en avoir assez et pourquoi pas en faire un bouquin ou tout simplement écrire une œuvre (nouvelle, roman…) pour l’heure, ce fut une promesse non tenue mais qui reste d’actualité !
  • Proposition d’Article des lecteurs sur le premier blog : J’ai ouvert le cadre de mon premier blog aux lecteurs. Mais je n’en ai pas fait une priorité au point de n’avoir eu aucune proposition quoique certains ait apprécié la proposition et promis de suggérer des billets.
  • Newsletter : Je n’ai malheureusement pas tenu cette promesse car visiblement le thème actuel du blog ne le permet pas. Mes tentatives sont restées vaines. C’est dommage mais j’essaie de trouver une alternative. J’espère y parvenir !

Ceci n’est pas un billet en soit mais un témoignage, encore une fois, de l’intérêt que j’accorde à chaque lecteurs et à la minute qu’il consacre à mon.

Au-delà d’être un espace d’expression personnel, mon blog, je le veux un espace de coworking, de rencontre d’échange d’idée et de projet.

Pour moi, en chaque homme réside un potentiel énorme et unique à explorer. J’ai ce que vous n’avez pas parce que vous avez ce que je n’ai pas. En vous donnant, je m’enrichis parce que je reçois.

Amitiés.

Post Scriptum

En ces moments si difficiles que traverse le pays, « le Burkinabe, Bela que je suis» éprouve de la peine, beaucoup de peines! Mes pensées vont à l’endroit du peuple burkinabè dans son ensemble, des ami(e) et de mes lecteurs et lectrices du Burkina Faso, le pays des hommes intègres.

Aujourd’hui, Vendredi 31 Octobre, 2014 le temps semble y avoir suspendu son vol. Le pays tourne une nouvelle page de son histoire émaillée de violences avec son cortège de mépris, de misère et de deuil. Aujourd’hui, il part. Blaise Compaoré. Entré par la petite porte dans l’histoire de son pays, il en sort par la fenêtre. C’est comme si le Burkina cessait d’exister pour les jeunes de mon âge qui l’ont trouvé au pouvoir. Mais non ! Il y aura des hommes tout aussi valeureux pour poursuivre le combat entamé depuis des décennies, dans la douleur, mais aussi dans la dignité, sans crainte des incertitudes du lendemain.

Quand on est burkinabè, on n’a pas peur du travail !

Quand on est burkinabè, on n’a pas peur de l’adversité !

Quand on est burkinabè, on sait une chose, ça sera difficile, mais pas impossible : la marche vers le progrès, vers le développement !

Puisse la sagesse habiter les uns et les autres de sorte à protéger les biens publics et à préserver les vies humaines !

Puisse le calme et la paix, préalables à tout développement, revenir au Burkina pour que vive le FASO « la terre de nos pères »!

A la tâche sans relâche !


BELA : Camerounais ou Burkinabè ? Non, Ivoirien !

Fauteuil Burkina Faso  (c)flagz.fr

 

Au départ ça m’embêtait un peu, puis j’ai fini par m’y habituer et aujourd’hui ça me fait simplement sourire, disons plutôt plaisir, d’avoir à justifier ma nationalité du fait de mon prénom Bela/Bella.

Certains me disent Burkinabè. C’est une chance d’être des hommes intègres. Un pays de gens qui savent vivre avec peu. C’est au Burkina que j’ai compris réellement que l’on n’a pas nécessairement besoin d’être Djangoté, Bill Gates ou Kanazoé pour vivre heureux. Je me souviens encore de cette famille qui habitait près du Kiosque à café où je prenais mon petit déjeuné les matins. Ne vous y méprenez pas, il n’existait pas que des pauvres au Burkina. Il y en a de très riches, trop riches, de moyennement riches, trop moyennement riches et de pauvres, trop pauvres. La situation de cette famille saute juste aux yeux et choque la sensibilité. Une famille qui vivait dans une cour que par pudeur et par respect pour elle je ne qualifierais pas, de surcroît avec son âne qui brayait toute la nuit sans doute parce que lasse des corvées du jour et affamé au couché, mais qui vivait heureuse !

J’ai réalisé la justesse de cette phrase de la Bruyère qui dit qu’« il y a une espèce de honte d’être heureux à la vue de certaines misères ». Chaque matin, je rend grâce à Dieu pour le minimum nécessaire qu’il me donne. Je regrette de n’avoir pas eu les moyens pour accompagner mes sentiments pour cette famille en lui offrant ne serait-ce que des vivres -au moins une fois.

J’éprouve une forte nausée en écoutant Blaise Compaoré et son équipe s’entêter à instituer un Senat tout aussi budgétivore qu’inutile pour faire le travail que fait déjà très bien l’Assemblée Nationale pour, disent-ils, le bien des Burkinabè. De quel bien parlons-nous ? Le Budget de ce Senat pourrait servir à construire des logements sociaux pour cette famille ainsi que des millions d’autres vivant dans les mêmes conditions. Pour moi, c’est ça vouloir le bien de son peuple.

Je veux donc être Burkinabè. J’aurais bien aimé l’être. J’aurais aimé être originaire de Fada Ngourma, de Dori, de Tenkodogo, de Koudougou, de Banfora ou de Bobo-Dioulasso. Mais Je n’en ai pas eu la chance. J’ai beau m’appeler Bela, cela ne suffit pas.

D’autres me disent Camerounais. Ils me disent BETI. Le Cameroun, je le dis chaque fois, et toute modestie mise à part, est une chance pour l’Afrique. Rien qu’à voir la qualité de ses ressources humaines. Je n’y ai jamais vécu, c’est vrai, mais j’ai la chance d’avoir de très bons amis camerounais, virtuel comme physique, et ce que je retiens d’eux, dans l’ensemble, est plutôt positif. Le camerounais, pour être plus généraliste, est doté d’une intelligence remarquable. Ils excellent en tout. De la littérature à la musique en passant par le Foot. Il en a été ainsi depuis toujours. On parlera de Samuel Eto Fils aussi longtemps qu’on parlera d’Albert Roger Mooh Miller dit Roger Milla, d’Adolphe Claude Alexandre MOUNDI ou « Petit-Pays », « The King of Makossa Love » que de Bella Njoh avec son célèbre titre « Mambo Penya« , de Maurice Kamto, cet éminent agrégé de droit et président national du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) que d’Alexandre Biyidi-Awala plus connu sous le nom de Mongo Beti ou Eza Boto, pour ne citer que ceux-là  ̶ quoique peut-être pas appréciés de tous. Le Cameroun et les camerounais ont leur identité propre. Très souvent, l’on leur reproche des vices comme l’orgueil, la démesure et la violence sous toutes ses formes, mais chaque peuple a ses tares. Les Ivoiriens ne sont pas si différents, encore moins les Ethiopiens, Togolais, ou Jamaïcains. Qu’on l’apprécie ou non, on ne peut nier au camerounais tout le talent dont la nature a bien voulu le doté. D’ailleurs, il n’y a que le singe qui, ne pouvant saisir le fruit mûr dans l’arbre trouve qu’il est pourrit, dit l’adage.

Seulement, je n’arrive toujours pas à comprendre comment peut-on être un peuple si construit intellectuellement, si enviable en talent et accepter d’être pris en otage par un homme, pendant plus de trente an. On ne demande pas une révolution par les armes, mais la myriade d’intellectuels que compte le Cameroun aurait été nécessaire pour stimuler un éveil civilisé de la conscience populaire. Pourquoi, pour paraphraser l’autre, les intellectuels camerounais, et par ricochet africains en général ont-ils choisi de se cantonner dans des rôles de pirates de la politique à la recherche de trésors improbables, semant l’angoisse dans les esprits et s’étonnant, étonnamment, de récolter l’apathie? Où sont-ils ? Que font-ils ces cerveaux camerounais pour insuffler l’alternance ? Pourquoi attendre si longtemps ? Est-il si patient, le peuple camerounais ? Bon, qui sait si j’exagère dans tout ce que je raconte. De toutes les façons, « Pour mesurer le courage de la brochette sur le feu, il faut lui substituer son doigt », dit-on chez moi. Les camerounais sont peut-être conscients de ce qu’ils vivent de pénible, mais préfère ça à la guerre, et là, ils ont raison.

Je veux donc être camerounais. Je veux bien être BETI. Il se raconte que le nom Beti dériverait de nti dont il constitue le pluriel, nti signifiant seigneur. Les Beti sont donc une société de seigneurs. Que ce devrait être si beau et si noble d’être un digne fils des BETI, des seigneurs. Peu importe que je sois Etons (Lékié), Ewondos (Mfoundi), Bulus (Ebolowa, Sangmélima), Mvélés (Sanaga), ou Bene (Nyong), pourvu que je sois BETI. D’ailleurs l’histoire des Beti ressemble à une exception près à celle des Baoulé, mon groupe ethnique en Côte d’Ivoire. Tout comme la Reine Abla Pokou aurait donné son fils unique pour que les crocodiles forment un pont permettant au peuple Baoulé, fuyant l’ennemi, de traverser la rivière, un aïeul Etoudi, Touràssé aurait fait des rites et des incantations et frappé le fleuve avec sa canne pour voir apparaître sur son lit un immense serpent qui aurait permis par la suite aux milliers de fils Etoudi et bien d’autres peuples Bétis de traverser la rivière. Voyez-vous ! Les Betis, c’est surtout une société à caractère égalitaire au point où par le passé, il n’y avait pas de chef hormis le Chef spirtuel, le Zomloa, ou l’Asouza, s’il s’agissait d’une femme. Quoi de plus noble donc que d’appartenir à un tel groupe! Mais Beti, je ne le suis pas.

Beti, si j’avais été, avec le sang guerrier qui me coulerait dans les veines, un matin, après les incantations à l’image de notre aïeul, je sortirais de chez moi, bomberais la poitrine mieux qu’un moineau et je crierais à ceux qui oseraient se mettre sur mon chemin: « dégagez, bande de fainéants, voici qu’arrive un honnête citoyen camerounais, un vaillant Beti, pour libérer son peuple!». J’irais tout droit au palais de l’Unité surprendre Biya pendant qu’il reposerait dans les bras de Chantal, et droit dans les yeux, en présence de ses gardes prêts à m’exploser avec leurs roquettes, je lui dirais : « Président, tout le Peuple BETI te dis merci d’avoir accepté l’appel de Dieu en étant Président à vie. Même mort, tu vivras ! » et quand j’aurais bien rangé mes billets, à la porte, je lui rappellerais cette sagesse de chez moi, en disant: Président, savez-vous quoi ? « A force de patience et de saindoux, l’éléphant fini par sodomiser le pou » puis je m’en irais sans demander mes restes !

J’aurais aimé pouvoir faire tout ceci. Malheureusement, camerounais, je ne le suis pas, du moins pas pour le moment. Je suis seulement Bella ou Bela, c’est selon. Je suis Ivoirien, originaire de Daoukro, et non de Toumodi, comme me disent également certains ivoiriens. Vous le savez désormais !


« Les Matins Orphélins », Foua Ernest

Première de couverture de l'oeuvre
Première de couverture de l’oeuvre

Il y a plus d’un mois que je vous promettais ce billet. Le temps a fait son effet sans pour autant parvenir à étioler l’enthousiasme que j’éprouve chaque fois à partager avec vous mes lectures. Les passages qui suivent sont extraits d’un véritable chef d’œuvre d’un de ces rares auteurs dont le 21 siècle s’enorgueillit encore de compter parmi ses illustres.   

Tant que la vie restera la vie, tant qu’elle se définira par sa dualité, exhibant d’un côté le bonheur et de l’autre le malheur, servant la richesse le matin et la pauvreté le soir, l’être humain restera son jouet. Il continuera son chemin vers le néant, ballotant sous l’effet du vent des temps obscurs de ces « MATINS ORPHELINS », titre de ce roman de 359 pages écrit par l’Ivoirien FOUA Ernest de Saint Sauveur et publié en 2014 aux Editions Saint Sauveur, à Abidjan.

Pour Houessinon De Souza et son épouse Carmen, « l’homme n’a pas de patrie et les notions de nationalité et d’ethnie ne sont que des inventions des esprits pervers portés à la division. » C’est en tout cas ce qu’ils exprimaient en quittant leur Dahomey natal pour la Côte des Saints où ils avaient pris rendez-vous avec le bonheur. Pendant trente ans, ils ont connu l’avers et le revers de la vie. Ils ont supporté ses caprices et vécu modestement et dignement une vie fondée sur les principes sacro-saints du christianisme. Ces principes et ce mode de vie simplistes communiqués à leur fille, Lorenza, en ont fait une femme dont aucun homme ne pouvait s’en détourner « à moins d’être un irresponsable, un inconscient, un frivole indécrottable, un homme à qui était échu le bonheur d’emmener sur l’autel de la consécration une perle si rare» (P.259).

Sur son chemin de retour d’école, à l’entrée du lycée, la fille de De Souza fut interpellée par David Ogou dont la jeunesse d’âge et l’élégance ne lui laisseront pas d’autres choix que de céder aux avances exprimés avec insistance tel un fouilleur de jupe déterminé à conquérir le cœur d’une nouvelle cible. Mais, Lorenza et David étaient de deux mondes opposés. La première, issue d’une famille prolétaire, avait érigé en mode de vie les valeurs « d’humilité, de solidarité et de frugalité…». Le second, lui, est rejeton d’une famille bourgeoise que le luxe avait rendu arrogant, violent, incrédule et frivole. Ce faussé entre ces deux vies ne les empêchera pas pour autant de répondre par « oui » à la sempiternelle question posée aux futurs mariés. Le drame, cependant, est qu’«on saute à pieds joints dans le cercle de la dépendance et à cet instant, la trompette de la liberté retentit à vos oreilles. Vous croyez avoir épousé la plus belle fille vous découvrez de plus aguichantes dans l’assistance. De quoi vous torturer. D’autant plus que vous vous liez ainsi pour le meilleur et pour le pire ! Quelle irréversibilité ! »(P36). Ceci, David Ogou l’apprendra bien plus tard sans y rester indifférent.

L’histoire qui suivra leur mariage n’aura rien à envier à celles racontées dans les contes de fée par sa splendeur. Mais comme la plupart des histoires à l’eau de rose, l’amour de David pour Lorenza ou plutôt l’inverse, ne dura que le temps d’un feu de paille. Poussé par la frivolité et l’amour démesuré du luxe, le fils de Monsieur Ogou abandonna sa femme et sa fille Gaby au profit de Marie-Christine, une jeune Française qui fut longtemps son amie. Tous deux s’en allèrent vivre en France où ils vécurent une vie de luxe à la dimension des attentes de David. Mais comme la mort surprend le poulet dans la joie, les événements qui s’en suivirent surprirent David Ogou, juste le temps qu’il faut à un éclair pour illuminer le ciel lors d’un orage. « Le vol rapide et fugace d’une mouette, d’est en ouest, traversa le ciel pour se perdre derrière la crête spumeuse d’une vague. Etoile filante d’un destin avarié » (P212).

La suite, logique, sera ce qui peut arriver à n’importe qui fait le pari de la lâcheté, de la méchanceté avec une forte dose d’égoïsme et de mépris.

Au-delà de l’histoire qui est racontée qui, au demeurant, est loin d’être une simple histoire d’amour comme on en a l’habitude de lire dans les littératures à l’eau de rose,  c’est une véritable condensée de leçon de vie que l’auteur donne dans un langage hautement philosophique.

En parlant de la fidélité ou plutôt de l’infidélité, l’auteur s’interroge sur l’attitude de David Ogou avant de conseiller son lecteur en ces termes : « Au fond, qu’est-ce qu’on gagne à changer de fille au jour le jour ? Rien. Ni gloire ni richesse. Le Plaisir ? On l’a de toute façon avec n’importe laquelle… Et puis au lit, une femme ressemble à une autre (…). Attache-toi dès maintenant à une seule conquête. (…) Choisis-la à ton goût mais qu’elle soit intelligente, bien éduquée, respectueuse, d’un caractère sociable et généreux. Cela t’épargnera tous les ennuis du diable. Devenir un homme ou rester éternellement un garçon, un play-boy paumé : voila pour toi l’alternative.»(P.33)

Les thématiques qui sont abordées dans l’œuvre sont certes variées mais ramènent toujours à une principale : la condition de la femme. L’auteur réfuse d’abord de céder à cette conception vulgaire tendant à faire de la femme un être sur qui l’on devrait s’apitoyer parce que soit disant faible avant d’admettre sa splendeur. Mieux, il vénère dans un style unique à lui, la femme qui, conclut-il n’est pas l’origine de tous les maux de l’humanité. Aussi aborde-t-il la thématique de la religion avec non moins d’élégance. L’héroïne, Lorenza, l’ayant héritée, de sa famille a toujours su solidement garder une foi intraitable en Dieu. « La science infuse ou même la préscience n’étant pas du ressort de l’esprit humain, Lorenza [fasse à sa situation] s’en apporta à Dieu » (P216). Mais cette foi, on oserait dire exagérée, fit perdre toute raison à Lorenza. Heureusement que son amie, Andréa, était là pour lui rappeler que la religion n’est pas synonyme d’ignorance et surtout qu’on peut servir Dieu de différentes manières : « Servir l’homme, croire en la vie, malgré les horreurs qu’elle nous propose parfois, garder cependant l’œil et le cœur sur la lumière de l’espérance, c’est servir Dieu »(P.229). Mieux «nous servons Dieu en faisant notre travail du mieux que nous le pouvons, en participant à la société »(P.227).

Qu’adviendra-t-il de la vie de la fille de De Souza ? La pommade du temps parviendra-t-elle à effacer les cicatrices des blessures que la vie lui a infligées ? Quel sort la vie réservera-t-elle à David Ogou ? Que se passera-t-il au couvent ? Qui est Remi Barou ? Quelles différences peut-il bien y avoir entre « une bête du sexe, se croyant détenteur de certitudes, un cérébral doublé d’un émotif, instable, anxieux sans raison objective » et « un éducateur d’internat s’obstinant à distiller ses conseils de tonton désillusionné à des adolescents paumés, dans un établissement privé du même ramage ?»

Des questions dont les réponses obligent à courir dans la librairie d’à côté pour vous approprier ce chef d’œuvre d’un auteur qu’on a envie de rencontrer après lecture pour lui dire non pas uniquement FELICITATION!, mais aussi et surtout MERCI d’être simplement LUI, simplement SUBLIME!


Oui, Sidy a parlé !

M. Sidy DIALLO en Conférence de Presse (c)Abidjan.net
M. Sidy DIALLO en Conférence de Presse
(c)Abidjan.net

Que ceux qui avaient demandé que Sidy parle, lèvent la main.

Ils étaient des milliers, peut-être plus, ces ivoiriens qui attendaient patients comme le pêcheur au bord du fleuve. Mais, parmi eux, il y en avait de moins patients, comme des cadavres attendant d’être inhumés et qui ont fini par se décomposer, las d’attendre. L’odeur insupportable de leur putréfaction qui sortait de leurs bouches semblables à des marmites de sabbat a monté jusqu’à la maison de verre de Treichville pour pousser le moins bavard des ivoiriens devant les écrans.  Sidy était attendu. Sidy est arrivé ! Sidy devrait parler. Sidy a parlé… Enfin !

Nos oreilles ont entendu. Chacun a compris selon qu’il est allé à l’école où qu’il est allé vers l’école, selon qu’il est à l’Université ou qu’il est dans l’Université, selon qu’il travaille ou qu’il va au travail.

Maintenant, que tous se taisent et m’écoutent m’adresser à mon président.

Président,

Vous savez, l’être humain est par essence caractérisé par la dualité. Il est ange et démon à la fois. En lui cohabitent en parfaite harmonie, la dureté et la douceur, la profondeur et la superficialité, la bienveillance et l’égoïsme, entre autres. Vos amis du jour deviennent vos ennemis le lendemain. C’est pourquoi, vous ne devez faire confiance à personne, sinon qu’à moi, à moi tout seul. Moi, votre désormais conseiller  ̶pas trop spécial. Vous l’avez compris, de sorte que sans trop forcer, quand je vous ai donné la parole, vous l’avez saisi et avez parlé, parlé, parlé. Vous aviez tout dit, même ce qu’il ne fallait pas aussi. Vous aviez aussi dit que Brésil 2014 nous a couté 2,113 milliards de fcfa, rien que pour faire de la figuration, je ne dirais pas pour faire du mannequinat. Vous aviez dit encore une fois que vous assumez sans plus, le sourire en coin. Mais quand on vous a demandé si vous pensiez démissioner, non là c’était trop osé de leur part. Vous vous êtes montré plus serieux qu’un mendiant Nigérien à Zinder. Vous aviez repondu NON!  NEVER! pour les journalistes étrangers afin que tous comprennent. On vous a demandé de parler. Vous aviez parlé. Point. N’en déplaise aux esprits chagrins.

D’ailleurs, ne vous sentez-vous pas si léger, comme débarrassé d’un fardeau ? Bien sûr que si ! Je reste persuadé que vous ressentez la même chose que ressent un amoureux ayant déclaré sa flamme après moult tentatives à celle qu’il convoite depuis longtemps, c’est-à-dire vidé, épanouie, ragaillardi, hautain même. C’est ça la magie de la parole. Elle libère toujours !

Vous pouvez compter sur moi. Je serai toujours là pour vous accompagner. Pour vous donner la parole quand les ivoiriens auront envie de vous entendre à nouveau. Je suis même disponible à préparer vos discours pour qu’ils touchent même les cœurs les plus rebelles. Je serai votre œil dans le peuple. Je vous interpellerai quand vous ferez mal. Je serai en un mot là pour vous guider, un peu comme l’empenne régularise le mouvement de la flèche. Soyez donc sans crainte quand vous marcherez dans la vallée de l’ombre de la mort. Mon clavier et mes doigts seront là pour vous rassurer. Vous n’avez simplement qu’à prier pour que d’ici là on ne m’oblige pas à la fermer puisqu’il y a trop à dire et je parlerai. Je ne suis pas comme vous, je parle troooop. C’est çà mon défaut !

Seulement, président, j’ai une suggestion à vous faire. Vous savez, ce n’est pas le jour de la chasse qu’il faut élever un chien. Commencez donc dès à présent à réunir les ingrédients pour Maroc 2015 et au- delà. Reconstituez votre équipe. Banissez de votre vocabulaire le terme « Cadre ». Nul n’est cadre. On a essayé ça depuis des années ça n’a rien donné. Si on ne change pas une équipe qui gagne, que fait-on de celle qui ne gagne pas? Ne répondez pas! Pour le Coach, c’est là que vous m’aviez fait sourire depuis le soir du match contre la Grèce où j’ai tout perdu. Mes Invitées, Mélissa et la Victoire.

Pour ne plus endosser tout seul la responsabilité, vous avez su jouer le jeu en prenant les esprits faibles par le cou. Vous vous êtes retrouvé, un peu, dans le rôle de Jésus face à ses disciples. Il leur a dit, à haute voix, le matin, sur la place publique, je mets devant vous le bien et le mal. Choisissez ce que bon vous semble. Puis tout bas, le soir, sur la pointe des pieds s’est rendu chez eux et leur a chuchoté dans le creux de l’oreille, je vous recommande le bien. Le bien pour vous ici, on le sait depuis le début, était le Renard. Un Renard pour guider des éléphants ?! On aura tout vu. Mais qui sait, peut-être que le jeu en vaut la chandelle. Qui vivra verra !

Tant qu’il peut toujours ramener du gibier à la maison, le chien galleux ne dérange pas son maître. Ce n’est donc pas grave. Nous allons essayer, c’est un médicament, nous disait quelqu’un. Pourvu qu’il guérisse  la plaie. On vous jugera à la fin. Si ça marche, on dira que c’est vous qu’il fallait. Si non, je serai devant ceux qui vous inviteront, vous, digne fils de la noble famille Diallo, à céder le fauteuil bon gré, mal gré…

Ne dites pas que je ne vous ais pas prévenu, mes lecteurs sont témoins… !


Lettre Ouverte à M. Sidy Diallo : Vous avez la Parole!

Siège de la Fédération Ivoirienne de Football
Siège de la Fédération Ivoirienne de Football

Monsieur Sidy Diallo,

Cher Président,

Vous savez, il y a des échecs qui honorent dans une certaine mesure, mais il y en a d’autres qui humilient l’intéressé au point de l’anéantir jusque dans ses tréfonds.

Face à une équipe de la Grèce à l’agonie qu’on ne vous demandait pas plus que de la résistance à défaut d’un coup fatal, pour la conduire au cimetière, vos troupes et vous aviez étalé, une fois de plus, aux yeux du monde entier votre incapacité, cela au mépris de millions de cœurs qui battaient pour vous. Les moins résistants ont rangé la clé sous le paillason au coup de sifflet final. Vous étiez en ce moment là très loin et n’aviez eu aucune idée de l’ampleur de la situation je vous informe que pendant que la coupe du monde battait son plein au Brésil, la Côte d’Ivoire flottait sur l’eau. Les maisons se déracinaient, au moins 23 personnes y ont laissé leurs vies. On ne dormait plus que d’un œil. Les Populations de San-Pédro, Grand Lahou et Fresco voyaient un jour de plus comme une Grace Divine ! Malgré tout, elles préféraient sauver leurs postes téléviseurs au détriment d’autres biens, rien que pour vous suivre parce qu’elles rêvaient et y croyaient, éveillées, de vous voir passer au moins le premier tour. ce n’était quand même pas trop vous demander!

Mais vous et votre cohorte avez décidé autrement et avez fait de Fortaleza le cimetière de leurs rêves, ces « rêves maudits » dont parlait Foua Ernest de Saint Sauveur. Vous portez aujourd’hui sur votre dos, les stigmas de cet échec de Brésil 2014. Votre troupe et vous êtes rentrées du Brésil en rang dispersé, toutes vêtues de honte, contrariées, les épaules rentrées, courbant la tête, l’honneur en lambeaux comme des cocus déboutés. Mais les ivoiriens savent pardonner, même les forfaitures de certains de leurs leaders parce qu’ils savent que quiconque fait de la grenouille un roi ne devrait pas s’étonner de l’entendre coasser et comme jamais le maïs n’a eu raison de la poule ils ont appris à demeurer dignes -dans la douleur. La décennie de guerre leur a appris à ruminer leurs colères et supporter leurs douleurs dignement, sans violence ni rancoeur. Ils ne vous tiennent donc pas rigueur.

 Cher Président,

Il est vrai, me répétait chaque fois ma mère quand j’étais plus jeune, qu’on ne parle pas la bouche pleine. C’est donc possible qu’après une compétition aussi juteuse que la Coupe du Monde, vous ayez la bouche trop pleine pour parler. Mais quand vous auriez fini de bien mastiquer vos restes cachés dans les couloirs de vos joues, nous les ivoiriens vous demandons une seule chose : Parlez-nous ! Au pire des cas, vous pouvez le fait faire par votre Vice-président, comme d’habitude.

Si cette lettre vous parvient dans votre bureau de verre de Treichville, si dans votre calendrier vachement chargé vous trouvez un bout de temps pour lire cette missive, si vous parvenez à cerner le sens de chaque mot ici écrit, s’il vous reste un minimum de considération pour vos compatriotes que nous sommes, je m’en vais vous dire ceci : Les ivoiriens ont soif de vous entendre leur faire un bilan de Brésil 2014, Rien que ça ! Ne vous souciez pas du reste.

Ainsi, vous vous rendrez service à vous-même. Vous ferez taire vos détracteurs et surtout les maisons de presse (écrite, en l’occurrence) vous béniront pour avoir aidé à écouler leurs parutions du lendemain. Les ivoiriens murmureront entre deux plats d’Attieké ou entre deux gorgées de Bières dans un Bar de Yopougon, et se rappelleront qu’on ne peut espérer mieux d’un agneau envoyé à la chasse d’un loup que de revenir en lambeaux à défaut de se faire avaler par un python méchant rencontré sur son chemin. Ils se tairont et leurs colères qui n’avaient d’égale que leur naiveté disparaitront aussi rapidement que des étoiles filantes d’un destin avarié.

Vous voyez donc, Monsieur le Président, que vous n’avez rien à craindre. Vous ne pouvez pas vous taire comme si rien ne s’était passé. C’est quand même la bagatelle de 2 574 048 775 F CFA qu’a couté cette expédition. Peu importe la source. Il est reconnu de tous que celui qui écoute souffre plus que celui qui parle. Vous n’avez donc pas à craindre pour nos oreilles. Peu nous importe les souffrances de plus, de trop, que nous infligera ce qui sortira de votre bouche. La bouche est faite pour parler, les oreilles pour entendre. Votre bouche fonctionne bien, nos oreilles aussi. Où es donc le problème ? Attendiez-vous que les ivoiriens vous donnent la parole ? Vous l’avez !

Parlez-nous des velléités de conflit de capitanat au sein du 11 national. Expliquez-nous les véritables raisons des démissions en cascade de certains de vos collaborateurs dont messieurs Ahmed Fofana et Brizoua Bi avant même que vous n’embarquiez pour le Brésil. Donnez-nous les raisons de la démission du coach Lamouchi, juste 15 minutes après la défaite. Justifiez les raisons de votre confiance placée en ce coach, laquelle vous a conduit à défier tout un peuple réclamant sa démission. Parlez-nous en un mot des problèmes réels de la Fédération Ivoirienne de Football qui conduisent à la dégringolade de l’équipe nationale. De 2011 à 2014, en trois ans, nous sommes passé de la 15e à la 23è place. Donnez-nous les raisons. Voici ce que je vous demande, des milliers d’ivoiriens avec moi.

C’est prétentieux pour moi de parler au nom de tous les ivoiriens, je le sais, mais je ne suis pas non plus sûr que mon attente sois contraire à celle de la majorité d’entre eux, d’Abobo à Port-Bouet, de Tingrela à Tabou en passant par Yamoussoukro pour ne rien dire de Toulepleu et d’Aboisso.

Encore une fois donc, Cher Président, vous avez la parole. Parlez, parlez sans vous soucier du reste, nul ici n’est votre égal !


Couvre-feu dans le Ciel !

Chrétiens Ivoiriens
…..CEUX QUI SUIVENT

L’époque où les hommes allaient dans les lieux de culte pour chercher Dieu, le Vrai Dieu; pour implorer Sa Grâce et Sa Miséricorde sur leurs vies, pour Lui demander une place de choix dans Son Royaume, une fois passés de l’autre côté de la vie, semble devenu un bien lointain souvenir. Ceci, non pas parce que les hommes ne croient plus en l’existence d’un Dieu suprême, omnipotent, omniscient et omniprésent. Ils y croient encore, du moins c’est ce que je pense. Mais ces Temps Nouveaux dans lesquels nous vivons avec leurs corollaires de crises économiques, de terrorisme, de guerres civiles et bien d’autres drames qui s’acharnent sur l’humanité ont fragilisé les codes moraux, corrompu les bonnes mœurs, perverti les valeurs sociales et réorienté les intérêts des descendants d’Adam et Eve. Dans les églises, en particulier, sans plonger dans la stigmatisation encore moins dans la diffamation, les actes et les pratiques des fidèles l’illustrent bien –tristement.

Dimanche dernier comme tous les autres dimanches, au lever le matin, j’ai tout laissé, pris mon bain et enfilé ce qui me restait de mieux comme vêtement dans ma valise pour répondre à l’appel de mon Créateur, Lui confesser et supplier Sa rémission de mes pêchés commis, en pensée, par action ou par omission au cours de la semaine écoulée.

Il était 10 h quand le pasteur a pris le micro « pour parler au nom de Dieu ». Jusqu’ici tout se passait bien. La centaine de fidèles dans la salle écoutait, dans un silence cimetière, « l’homme de Dieu » qui, pendant 1 h 30, nous a instruits sur un thème que, même à présent, je me force de comprendre sans y parvenir : « Couvre-feu dans le ciel !». Certains ont souri, d’autres applaudi à l’annonce de ce thème particulier. Mon ami Grégoire qui était à son premier jour d’église m’a demandé d’un air curieux si Al-Qaïda avait réussi à traverser les deux premiers cieux pour semer la terreur au 3e, où siège le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Je l’ai ignoré pour mieux comprendre la révélation derrière ce thème, la Sainte Bible étant par essence faite de paraboles, ce qui la diffère d’ailleurs des œuvres littéraires ordinaires.

A l’autre bout de la salle, un fidèle aussi zélé qu’un nouveau bachelier qui ignore ce que lui réserve la suite de son parcours universitaire a crié « Ameeeennn ! Prêche, Pasteur ! Ils sont vaincus ! ». Toute la salle s’est retournée pour le regarder.

Sereins, nous attendions la révélation derrière le couvre-feu. Pendant 90 min, peut-être un peu plus, nous nous sommes levés, assis, levés, assis… Nous avions dit Amen, Amen très forts ! Crié, crié très fort ! Acclamé, acclamé très fort ! Tout ça pour nous faire entendre de Dieu, sans comprendre à la fin, comment ni pourquoi il y aurait eu un couvre-feu dans le Royaume céleste.

Subitement, du couvre-feu, nous nous sommes retrouvés à la Bénédiction. C’est la partie préférée des fidèles, tout genre compris, mais des femmes en particulier.

A défaut de savoir la raison, la durée, et les conséquences du couvre-feu dans le ciel où tous voudrions y aller, chacun voulait au moins repartir chez soi avec une part de bénédiction. Celle-ci n’est rien d’autre que l’exaucement de son sujet le plus cher à chaque fidèle. Le peuple de Dieu a donc ainsi été invité à se tenir debout, à se coucher, à s’agenouiller, disons à prendre n’importe quelle position d’humilité qui lui conviendrait pour adresser ses prières à Dieu. Il fallait y aller à fond, en battant des mains. Oui, le Royaume de Dieu, nous enseigne le Livre saint, est forcé. Les fainéants n’y accéderont jamais. Je pleure toujours Grégoire, lui qui est la forme humaine de la paresse.

Nous avions prié, prié, priés et prié. Puis soudain l’ordre a été donné de garder le silence. Calme plat ! L’Esprit était là ! Il fallait l’observer, le contempler, se disposer pour le recevoir. D’un cri strident, ma voisine de droite a failli me casser les tympans avant de se retrouver à terre traînant comme une gamine sous la ruée de coups que lui assenait sa mère pour ses inconduites. Une autre a suivi, une autre encore, puis toute la salle s’est mise en ébullition. Les chaises s’envolaient quand elles ne se brisaient pas. Les Smartphones traînaient. Tout ça pendant environ 45 minutes, et quand toute la salle a été délivrée, on est entré dans « un temps de semence ». Oui, il fallait semer la bonne graine.

Les visages ont commencé à se crisper. Dieu, nous a dit l’homme de Dieu, bénit chacun selon ses œuvres. Il fallait donc poser un acte, un acte fort. Semer dans la parole, sceller la délivrance de son âme qui venait d’être faite pour ne plus que ces mauvais esprits y retournent encore. Des mouvements ont commencé à s’observer dans la salle. Subitement, certains avaient eu l’envie d’aller aux toilettes, d’autres mourraient de soif, d’autres devraient s’occuper de leurs enfants. L’homme de Dieu a compris et s’est souvenu d’une formule mathématique toute simple : « Vous savez, mes enfants, a-t-il dit, à l’école on nous a dit 1×1000 =1000, mais 1×0=0. » Les esprits avertis avaient compris, mais seuls quelques fidèles se sont exécutés.

Notre frère en christ zélé, a subitement perdu son zèle et s’est plongé dans une longue prière comme on en fait pour réveiller un cadavre. Puis, l’homme de Dieu s’est souvenu que l’intérêt des fidèles était majoritairement ailleurs. L’approche a donc changé.

-« Faites quatre rangés », a-t-il ordonné :

-Première rangée : « Ceux qui veulent voyager mettez-vous à droite, entendez aller en Europe ou aux Etats-Unis, pas au Burkina ou en Somalie», un quart de la salle.

-Deuxième rangée : « Ceux qui veulent se marier, mettez-vous au milieu », la moitié de la salle dont 90% des femmes.

-Troisième Rangée : « Ceux qui veulent travailler, mettez-vous à gauche », quelques têtes de jeunes délabrés dont la galère s’est donné tant de mal à exterminer.

-Quatrième rangée : « ceux qui veulent avoir la connaissance de Dieu », une jeune fille d’à peine 16 ans, seule. On a tous pouffé de rire pour sa naïveté.

Où croyez-vous que je pouvais me retrouver ? « Travail », bien sûr, puisque celles qui veulent se marier attendent des hommes capables et pour voyager, il faut de l’argent.

Le hic était qu’avant de faire la prière, l’un après l’autre, chaque fidèle devrait semer, en billet, sur un bout de pagne, au vu de tous. Une jeune sœur s’est mise à parler en langue. Le pasteur a ordonné qu’on l’arrête. Elle s’est tue. L’heure était au concret. A bas les esprits malins !

C’est seulement en ce moment que chacun de nous a compris, et même bien compris pourquoi il y avait couvre-feu dans le ciel. Boko Haram a infiltré le royaume céleste et Dieu veut y mettre de l’ordre.

Dès que mon tour est arrivé de semer mon dernier billet de 1000f, j’ai entendu la voix de mon frère me chuchoter à l’oreille: « Emile, réveille-toi, il fait jour, tu vas rester en retard ». Il y a vraiment un Dieu pour les Pauvres, ai-je conclu.


Au fait, mon ami où habites-tu ?

Un Immeuble écroulé à Angré, Abidjan
Un immeuble écroulé à la Djibi, Angré- Abidjan
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Aujourd’hui à Abidjan, il est difficile de répondre avec précision à un vieil ami que tu rencontres après un long moment et qui te demande : « Où habites-tu mon ami ? ». Pour cause, la capitale économique de la Côte d’Ivoire flotte sur les eaux de pluie. On n’est pas si sûr de rentrer le soir et retrouver sa maison au même endroit où l’on l’a laissée en sortant le matin. Résultat : il y a une forme de nomadisme citadin qui s’est développée dans la capitale. Certains se couchent à la Riviera, se réveillent à Angré, vont au travail au Plateau et rentrent le soir à Yopougon parce que leur villa 3-pièces située au 4e étage de l’immeuble Santa Maria s’est déracinée comme un manguier sous la pression de la forte pluie pendant que, se faisant aider, ils tentaient de faire sortir leur BMW noyée dans la flaque d’eau au carrefour de l’Indenié.

A Mossikro cette nuit, une mosquée s’est écroulée sur des fidèles musulmans. Le ministre s’y est rendu à 8 heures avec une valise d’argent, généralement le montant varie entre 500 000 et 20 millions, voire plus. Le ministre, dans une tenue de philanthrope avec une mine de samaritain reconnu, tend la mallette « au représentant des parents des victimes, au nom de l’Etat de Côte d’Ivoire ». Ce dernier dans un discours laudatif sous l’effet des billets de banque, « souhaite que le ministre dure à la tête de son ministère et au nom des parents des victimes, que la pluie dure ». Le ministre-philanthrope-samaritain retourne chez lui en attendant qu’on lui annonce le lendemain qu’il y a eu un éboulement de terrain à Attécoubé 3 pour mobiliser tout l’arsenal de la RTI et s’y rendre se faisant passer pour Raoul Follereau cette fois-ci. En plus de la mallette, il y ajoute des sacs de riz et des sachets de spaghettis pour des gens qui n’ont plus de cuisine.

Qui est coupable ?

A qui la faute ? Les familles vivant dans ces zones à risque à qui on aurait demandé de déguerpir et qui n’ont pas obéi ? A l’Etat pour n’avoir pris aucune mesure préventive pour éviter ces drames de trop ? Chacun a sa réponse.

Moi je suis trop occupé à chercher à savoir pourquoi le ministre de l’Enseignement supérieur déclare publiquement que le développement ne se fera pas par les lettres et qu’on continue d’ouvrir les séries littéraires dans les lycées et collèges, on autorise des candidats, trop ignorants pour s’en rendre compte, à composer au bac en français, en philosophie dans un pays qui aspire à l’émergence à l’horizon 2020?

Je suis bien plus occupé à savoir ce que fait encore Sidy Diallo à la tête de la Fédération ivoirienne de football après ces millions de francs engloutis pour revenir du Mondial avec 3 malheureux petits points en se contentant d’« assumer ». Assumer, ça, tout le monde peut le faire et sait le faire. Mais il faut aller au bout. Moi, par exemple, j’assume cet article. Mais si la police me demande de venir répondre d’un quelconque écart de langage, je vais disparaître. Je vais jurer que c’est un arnaqueur qui a frauduleusement accédé à mon blog pour y poster ce billet. Assumer ne veut pas forcément dire qu’on reconnaît sa culpabilité. Mon ami Grégoire va voler chez le voisin, son père assume, mais cela ne veut pas dire que c’est lui le père qui a volé. C’est juste parce que c’est son fils.

Toutefois, dans le cas ici, le coupable c’est lui, Sidy. Les Ivoiriens ont crié, fait signer des pétitions pour réclamer le départ, en vain, de SON stagiaire à la tête de leur équipe nationale. Que va faire un agneau à un rendez-vous de démonstration de force des loups ? Il s’est obstiné nous jurant que le stagiaire nous ramènerait la coupe du monde et même qu’après nous irions chercher la coupe d’Europe. Ils étaient près du but, le stagiaire a fait sortir CEUX QU’IL NE FALLAIT PAS pour faire entrer CEUX QU’IL NE FALLAIT PAS. L’un d’eux a fait CE QU’IL NE FALLAIT PAS, puis le chaos. Qui est coupable ?

On dormait donc à tour de rôle

Je suis arrivé au bureau ce matin somnolent parce que j’ai passé toute la nuit à classer et reclasser mes valises et autres affaires du fait de la pluie. Toute ma chambre, je veux dire notre chambre, mes frères et moi, coulait. Et quand la pluie a cessé, l’espace qui restait sec où dormir ne suffisait pas pour nous tous. On dormait donc à tour de rôle. A mon tour, j’ai jeté un coup d’œil à ma montre il était déjà 6 h15, il fallait prendre mon bain et aller au travail. Cela par exemple, j’assume. Sinon je serais allé m’immoler devant la porte du maire de Yopougon pour qu’il fasse détruire cet immeuble construit, au-dessus de ma résidence cinq étoiles, la résidence Bela, dans un quartier inapproprié à ce type de construction servant de chambre de passe pour ces prostituées et autres hommes de nuit et un nid de malfrats agressant chaque nuit les habitants du quartier. Tout le monde peut donc assumer, mais ceci n’empêche pas qu’il faille prendre les décisions qui s’imposent et apporter des solutions non pas curatives, mais préventives.

De l’aveu du directeur général de la météorologie, la pluie continuera jusqu’au plus tôt à la fin du mois de juillet. C’est donc dire qu’il y a un long mois devant nous et Dieu seul sait combien de personnes pourraient en subir les conséquences déjà trop lourdes. L’année dernière ce ne fut pas si différent. Nous avions assisté aux mêmes drames que cette année. Au-delà donc des millions pour « témoigner la compassion du gouvernement aux familles des victimes », quelles solutions envisagez-vous, Messieurs du gouvernement, pour éviter pareilles situations l’année prochaine puisque l’année 2015 comporte aussi un mois de juin, de juillet aussi ? Voici la question à se poser. S’il n’y a pas de réponse, je vous propose alors de former d’avantage de maîtres-nageurs et d’experts en construction de maisons sur pilotis parce que la fin du monde n’est pas pour demain et il pleut toujours, peut-être pas chez vous mais chez nous, Oui.