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BENIN, sur les traces d’une démocratie frelatée (2è Partie)

Crédit image: afromangocie.com
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Une démocratie qui aura bien marché en Afrique

Avant de se pervertir et de sentir la putréfaction actuelle, la démocratie béninoise a fait fantasmé plus d’un observateur de la vie politique du temple du Vaudour. Les racines de cette démocratie se trouvent dans la première Conférence Nationale Souveraine de 1990 qui fut une ingénieuse idée de Kérékou, à une période où sévissait la crise socio politique. Face à la contestation qui devenait de plus en plus intenable, Kérékou et ses partisans comprirent la nécessité d’une concertation nationale afin de s’assurer que les préoccupations de tous sont prises en compte. Ça, c’est la démocratie qui le veut et Kérékou venait de marquer le coup.

Du 19 au 28 Février 1990, environ un millier de représentants de toutes les composantes de la nation se sont retrouvés pour aborder les vrais problèmes qui minent le Bénin et proposer des solutions pour y faire face. Le climat paisible qui a prévalu lors de cette conférence couplé avec le caractère franc des discussions et les résultats qui ont suivi ont enthousiasmé plus d’un. L’une des résultantes de cette conférence fut le passage sans effusion de sang du Parti de la Révolution Populaire du Bénin (PRPB), parti unique sous le régime de l’ex-dictateur, le général Kérékou, à un régime démocratique multipartite. Dès cet instant, l’ancien «Quartier latin d’Afrique» du fait de la qualité de ses ressources humaines du temps de la colonisation a commencé à s’attirer les regards envieux des pays Africains. L’expérience béninoise fera ainsi école au Togo, au Burkina, au Niger, au Mali, au Congo, en République démocratique du Congo, au Tchad, en Centrafrique, au Gabon, entre autres.

Ce passage réussi vers la démocratie fut renforcé par l’adoption de la Constitution du 11 Décembre 1990 qui établi les bases du régime béninois, ainsi que celles de ses institutions. Les autorités à la tête des institutions républicaines dont la mythique Commission Electorale Nationale Autonome (CENA), la Cour Constitutionnelle et la Cour Suprême qui ont voix au chapitre en matière électorale ont séduit par leur capacité à transcender les considérations sociopolitiques partisanes et corrompues  pour cerner les enjeux. Le Bénin d’abord ! semblait se dire chacun de ces hauts responsables.

Ni les quelques cas isolés de fraudes encore moins les tentatives de corruption morale et politique enregistrées lors des élections n’ont réussi à freiner l’élan démocratique de l’ex « enfant malade d’Afrique », du fait de la kyrielle de coup d’Etat qu’il a connu. Le jeu démocratique, celui-là qui force l’admiration parce que dépourvu de toute passion, s’est poursuivi non sans séduire aussi bien les spectateurs depuis leurs tribunes que les vrais acteurs, les citoyens béninois puisque désormais la voix du béninois lambda compte dans le choix de ses dirigeants. C’est ce droit suprême que le peuple béninois exprimera le 21 Mars 1991, en élisant Nicéphore Soglo, l’ex-Premier Ministre de la transition comme Président face à Kérékou. Ce dernier surprendra presque tous en reconnaissant sa défaite. Cette attitude hautement républicaine suffira au Caméléon pour se repositionner dans les cœurs des béninois qui le lui témoigneront cinq années plus tard lors des élections de 1996 en l’élisant face à Nicéphore Soglo. Ce dernier se soumettra lui aussi au verdict en reconnaissant sa défaite. Dans ses habits de civil, bombardé du titre de démocrate chevronné, Kérékou, le nouvel homme fort de Cotonou règnera durant une décennie (1996-2001 et 2001-2006) avant de se retirer à l’échéance constitutionnelle de son mandat.

Politiquement, le Bénin allait bien, disons mieux. Les bruits de bottes avaient cessés. Les militaires étaient rentrés en caserne et avaient rangés leurs armes. Les politiques faisaient la politique. La presse s’exprimait. La liberté d’association avait un sens. Les élèves allaient à l’école. Les malades pouvaient se faire soigner. Le béninois mangeait, dormait des deux yeux et se réveillait au son de la liberté, comme ont droit les peuples civilisés et affranchis dans les sociétés modernes. Mais…. le défi était ailleurs. Il était au niveau économique. Pour lutter contre la corruption qui gangrène le pays et relever le niveau économique d’un pays au sous sol très pauvre, tourné vers l’agriculture, fortement dépendant de l’aide extérieure, avec une économie diablement fragile et dominée par le secteur informel, les béninois se sont accordés sur le choix d’un financier. Lors des élections de 2006, les béninois ont décidé que celui-ci devrait être l’ex-Gouverneur de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), Thomas Yahi Boni et il en fut ainsi.  Yahi Boni fut élu à un score qui frise le plébiscite, 74,5% des voix. Son adversaire Adrien Houngbédji admit publiquement sa défaite. Le nouvel locataire du Palais de la Marina est désormais S.E.M Thomas Yayi Boni. Il hérite d’une démocratie bien dans sa peau.

Les béninois avaient-il eu raison de lui faire confiance ou ont-ils été trop prétentieux ? La situation actuelle du pays et les faits qui animent le quotidien des béninois aujourd’hui suggèrent des éléments de réponse…

A suivre…

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Auteur·e

bela

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Emile Bela
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