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A Fabrice Sawegnon : En attendant demain...

A l’heure qu’il est, vous ne dormez sans doute plus, préoccupé par le scrutin de demain ; Vous devriez donc avoir assez, sans doute mieux à faire que me lire, mais je tenais à vous adresser cette lettre.

Je vous ai ‘’connu’’ à la faveur des élections de 2010 où vous avez conduit la communication du candidat du RDR puis du RHDP pendant les deux campagnes. Vous voyez donc que c’est relativement assez récent. Votre jeunesse et votre palmarès professionnel m’ont un peu émerveillé, sans plus. En m’intéressant davantage à vous, j’ai découverts de par certains de vos ex-collaborateurs ou des personnes vous ayant côtoyés, un tout autre visage de qui vous êtes. Des reproches qui revenaient assez souvent, les plus récurrents étaient liés à votre arrogance et votre égocentrisme. Soit votre réussite professionnel y contribue ou l’inverse.

De retour de mission il y a quelques semaines, dans l’avion, l’hôtesse m’a tendu un numéro de Jeune Afrique où trois pages vous ont été consacrées sous la plus d’Anna Sylvestre-TREINER. Plus j’avançais dans la lecture, mieux je me rendais compte de ces reproches. La journaliste citant un de vos concurrents écrit: « son succès séduit autant qu’il agace ; Fabrice Sawegnon a l’arrogance de ceux à qui tout sourit ». Puis, quand vous avez la parole, voici ce que vous dites : « Je ne crois qu’en moi, en Dieu et en ceux qui m’aiment ». Un peu plus loin, vous ajoutez : « Désormais, je ne fais que ce qui m’intéresse, je ne suis pas à 100 000 Euros près! ». C’est assez humble ça, n’est-ce pas ?! Mais quand, à seulement 46 ans, on est à la tête d’un groupe revendiquant une patte africaine qui est passé de 5 à 350 employés, ouvert des filiales dans sept pays, enregistre un chiffre d’affaire de plus de 22 millions d’Euros (en 2017) et qu’on est le fils adoptif, de la femme du Roi, ça donne absolument des ailes. On se sent Prince, on se sent capable de tout et on rêve forcément de tout comme devenir le maire de la commune-poumon du pays. C’est ici l’objet de ma lettre.

Je n’avais pas pensé vous adresser la présente lettre jusqu’à ce que je tombe par hasard, hier, sur cette vidéo de Monsieur Georges Valentin, un de vos anciens collaborateurs, qui expose toutes vos œuvres assez obscures contre le désormais ex-maire du Plateau, M. Akossi Bendjo. Dans la vidéo, Georges prévoyait la chute de M. Bendjo. Il a chuté. Il prévoit aussi votre victoire au lendemain du 13 Octobre, advienne que pourra. Vous gagnerez sans doute. Mais j’ai une seule question, pour quoi faites-vous tout ceci ? Jusqu’où iriez-vous ? Avant votre potentiel sacre, je me permets de vous faire noter que si le pouvoir peut être accaparé par le puissant ou volé à l’innocent, son exercice nécessite chez celui qui y accède un ensemble de choses à commencer par la décence et l’honnêteté. Votre proximité avec le pouvoir actuel dont parle Georges et ce zèle pervers qu’il vous procure peuvent vous donner de croire que vous êtes intouchable. Mais, dans vos stratégies de domination, tenez compte du revers de la médaille quand le pouvoir changera de camp en 2020. Vous jouez visiblement plus gros que vous ne semblez le penser. Toutefois, l’illusion dans laquelle vous êtes engagé dont parle Georges ne semble pas vous permettre de vous en apercevoir.

J’ai appris que pour créer une illusion réussie, la première chose dont on a besoin est la confiance. Seulement, pour que cette illusion soit parfaite, la fausse réalité doit paraître aussi authentique que la réalité qu’elle cache. Dans cet exercice, parfois fastidieux et honteux, il faut savoir apporter une attention particulière à chaque détail parce que la plus petite imperfection peut, comme une aiguille dans un ballon, faire éclater l’illusion et la vérité derrière se dévoile. Votre illusion ici, c’est celui de passer de votre poste d’entraineur à celui de joueur. Vous faites preuve d’une confiance débordante. D’ailleurs, vous exprimez votre déception parce que vous rêviez « du combat de David contre Goliath », du géant Akossi Bendjo contre le jeune Fabrice Sawegnon, lequel combat n’aura finalement pas lieu puisque celui en face de vous, Ehouo, n’est que « du menu fretin » dites-vous.

Mais la fausse réalité que vous semblez construire est votre victoire avant même le match parce que soutenu par le parti du Chef, d’un côté, misant sur vos succès en tant qu’entraineur, de l’autre, et aussi parce que leurré par les sbires autour de vous. Pour chacun de ces cas, retenez ceci : En 2016, M. Ehouo a été très largement élu député du Plateau face au candidat du RHDP, alors que l’alliance était encore plus solide. Qu’en est-il aujourd’hui ? Dans le second cas, si vos succès en tant que conseiller pour des candidats donnent des raisons d’y croire, souvenez-vous que les meilleurs entraineurs ne sont pas tous de bons joueurs. Enfin, rappelez-vous que dans le jeu électoral, la foule ne fait pas nécessairement gagner un candidat. Beaucoup de candidats s’y trompent.

J’ai lu dans le groupe Facebook ODCI le post d’un partisan du candidat Ehouo, lequel lui a valu des tirs groupés de vos partisans. Tout ceci montre à quel point vous avez du monde autour de vous qui sont même prêts à tout, même commettre le pire pour satisfaire vos envies. Mais au fond, que pensent-ils de vous? Sont-ils tous des votants ? Ceux qui vous aiment ne sont pas forcément ceux qui vous votent. Mettez l’accent sur les derniers, dans un langage pudique et courtois et non avec des slogans enflammés qui ne sont, au fond, que la traduction de votre arrogance que vous reprochent beaucoup de gens. Vous gagneriez à faire attention à tous les détails pour ne pas que l’aiguille perce le ballon et que soient exposées vos casseroles sales dont parle Georges. Autrement, vous mettrez à rude épreuve votre carrière. Nul doute que vous le savez déjà, mais je m’en vais vous rappeler qu’en vous présentant à ces élections, vous jouez gros, notamment votre réputation professionnelle, votre avenir aussi.

Ces lignes ne font pas de moi un de vos fans, encore moins de vos votants. Je ne vous déteste pas pour autant. Je vous souhaite donc une bonne chance pour demain – si vous en avez besoin bien sûr. Si vous êtes élu au lendemain du 13 Octobre, souvenez-vous tout le temps de votre mandat que l’usage du pouvoir n’est pas à prendre à la légère. S’en servir n’est jamais sans conséquence. parce que si le pouvoir donne la capacité de choisir, il a une propension à la corruption. Soyez différent!

Si vous n’êtes cependant pas élu, agissez avec le cœur, admettez votre défaite et, comme l’époux cocu débouté, retournez à vos affaires, l’arrogance et l’orgueil qu’on vous reproche en bandoulière –sans bruit.

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bela

Commentaires

Baif traorr
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Un bon conseil n'est jamais mal venu mais tout depend de notre compréhension