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Voici comment le singe a fini dans la sauce graine

Il y a longtemps, très longtemps, les hommes et les animaux, tout type compris, vivaient libres ensemble en ville. L’homme jouait si bien son rôle de maître protecteur des créatures de Dieu sur terre qu’il en était bien récompensé. Il mangeait à sa faim et buvait à sa soif. Il vivait loin du péché jusqu’à ce que la tentation ait raison de lui et que le péché devienne sa seconde nature ; c’est alors que tout commença à manquer puis, progressivement, s’installa la famine. N’ayant plus à manger, il s’empara des animaux l’un après l’autre créant ainsi l’inimité entre ceux-ci et lui. Pour échapper à sa folie meurtrière, tous, sauf le singe, ami fidèle de l’homme, ce qui lui valait d’être épargné, résolurent de quitter la ville pour la brousse. Les chimpanzés, les gorilles, les oiseaux et autres s’installèrent dans les arbres craignant une éventuelle poursuite de l’homme.

Plusieurs jours s’écoulèrent et la situation s’empira pour l’homme qui devint de plus en plus distant du singe. Voyant venir le mal, le singe anticipa et prit pour prétexte d’aller chercher à manger à l’homme -son ami, dans la brousse. Il s’en alla et n’en revint plus. Il trouva certains animaux dans les arbres sautant de branche en branche. Poussé par l’envie et son zèle débordant, se trouvant trop beau et trop propre pour dormir au sol et se faire marcher sur les pieds par la torture qu’il trouvait trop idiote pour porter indéfiniment le même fardeau sans s’en lasser, il décida de vivre dans les arbres. Il vit que c’était bon et y resta, s’aventurant occasionnellement au sol pour rire de la torture.

Un jour, le chimpanzé mit en jeu son titre de maître des arbres et invita tous les animaux dans les arbres à une parade pour exhiber leurs qualités de sauteurs. On envoya le léopard en informer les animaux restés au sol. Ces derniers, l’expérience aidant, avaient développés des techniques avancées pour échapper au chasseur -à l’homme, au cas où il surgirait. Ils se rassemblèrent et l’aigle, l’arbitre, donna le coup d’envoya. Le jury était composé du Panda Roux, du hibou, choisi pour ses yeux, du Perroquet, pour signaler toute faute et était présidé par le serpent. Le spectacle commença. L’écureuil emporta l’assistance de joie par ses prouesses, puis l’ours brun -roi de l’escalade-, suivi du lynx, du gibbon noir etc. Tous passèrent à tour de rôle. Le spectacle était inédit par sa qualité. Les cris montèrent si forts qu’ils parvinrent à l’homme qui s’empara de son fusil et couru à la chasse.

Ce fut le tour du singe. Il fit un bon spectaculaire des deux mains, tous applaudirent. On lui fit signe d’arrêter, mais il jura de faire mieux que tous. Il décida de continuer et sauta d’une seule main, on applaudit plus fort et lui demanda d’arrêter. Il insista et sauta avec trois doigts ; ce fut extraordinaire ! on acclama ses exploits et lui demanda d’arrêter. Il persista et sauta d’un seul doigt, ce fut tellement magnifique que le lion, rois des animaux restés au sol applaudit et le chimpanzé accepta de céder son titre au singe. L’aigle décida de mettre fin au spectacle, on intima au singe de s’arrêter. Il s’y opposa et promit l’inédit. Il décida de sauter de dos et du revêt de la main. On l’en dissuada et le supplia d’accepter le titre et mettre fin au spectacle. Il s’obstina tellement que le jury le laissa faire. Mais, cette fois-ci, comme le disent les nigérians, « Water don pass Gari », traduit littéralement, « l’eau déborda le gari ». Le singe se retrouva au sol à la déception de tous, se tortillant de douleurs. C’est en ce moment là qu’arriva l’homme et, le voyant, dans un mouvement spontané, tous les animaux au sol se dispersèrent.

L’homme bondit de rage sur son ex-ami à qui il n’avait pas pardonné la trahison, lui assomma un coup de machette et s’empressa, une fois à la maison, de le faire cuire à la sauce graine. Il découvrit combien c’était si succulent et depuis lors, il ne s’en ait plus lassé fouillant les forêts et autres lieux à la recherche d’un singe, la sauce graine précuite attendant dans la casserole…

De cette histoire, retenons tout simplement ceci : Si le doute est une maladie susceptible de vous ronger jusqu’à détruire même votre âme, le trop plein d’assurance empreinte d’orgueil, lui, en est pire car très souvent, il peut conclure fatalement.

En toute chose, il faut avoir de la retenue. Il faut savoir prendre du recul et tirer les leçons pour aller plus loin. Il faut, certes, partir de ses forces intérieures et ses convictions personnelles, mais il faut surtout connaître ses limites et savoir écouter les conseils de ceux qui vous entourent dont la plupart, d’un œil extérieur et mieux informé, voit ce que vos yeux couverts par les écailles du zèle et de la fougue de réussir ne peuvent pas voir… Il n’y a pas de mauvais conseil, mais de mauvais usages des conseils que l’on reçoit.

Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Tout ce que nous faisons ou vivons, l’a déjà été ou vécu par d’autres qui en ont tirés des leçons dont il faut savoir s’en inspirer pour aller plus loin… Du moins, c’est ce que je pense.

Une fiction inspirée pendant mon vol d’Abuja à Johannesburg

A Audrey…

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Auteur·e

bela

Commentaires

Emile Bela
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Vos mots pour le dire ici...

Jacmen Kouakou
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FA-BU-LEUX!!

Emile Bela
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Merci d'être passé et à bientôt pour un autre billet.

Euphrèm
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Merci pour le conseil. Toujours utile de te lire.

Emile Bela
Répondre

Merci d'être passé et à bientôt pour un nouveau billet