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Comment je me suis retrouvé face à un gay à l’hôtel #2

Au bas du deuxième escalier, scotché à mon smartphone, je lisais mon dernier email afin d’avoir plus de temps pour « discuter » avec Grégoire quand une voix m’a fait sursauter. « Alors… Emile, vous êtes là ! Venez avec moi. » Oui, c’était le Grégoire d’hier dans son jean et t-shirt et moi, plus décontracté que la veille, dans un polo et un jeans le sac contenant mes œuvres achetées au dos. J’ai rangé mon téléphone et sans m’en rendre compte j’ai SOUri, puis je me suis rappelé les compliments de la veille et là j’ai SUri.

Dans sa chambre, assis à distance raisonnable, nous avons « discuté », évidemment à commencer par les présentations. J’ai été le premier. Ça été bref. Quel profil de si long peut bien avoir un étudiant face à un enseignant d’université ? Puis il a parlé : de sa nationalité, de son lieu de résidence, des pays où il a travaillé à différents postes avec plusieurs ONG… Il « gagnait bien [sa] vie ». Mais tout cela, il ne l’a fait que « par souci pécuniaire  sans jamais en être passionné ». Son rêve, c’était « d’enseigner ». Après plusieurs années de service et après avoir fait presque le tour de l’Afrique où prospère cette grosse machine de l’humanitaire et surtout après s’être rendu compte de « l’arnaque et l’hypocrisie » autour de cette machine « pilotée par les pays développés », il a décidé de « raccrocher » et de « rentrer chez [lui]»−en France où il s’est ouvert un cabinet de Conseil. Il propose divers services aux entreprises et grandes écoles. C’est, du reste, dans ce dernier cadre qu’il est à Abidjan « pour partager [son]  expérience avec des étudiants » d’une Université privée…

Nous avons parlé pendant presqu’une heure mais Grégoire ne s’était toujours pas retourné vers sa machine pour vérifier son « email important » qu’il attendait. Ça ne m’a cependant pas interpellé. Puis, un moment donné, comme s’il avait omis d’ajouter dans sa présentation, il a repris. « Je travaille aussi sur les droits de l’homme et les droits des minorités notamment les droits des gays.» Je me suis bien assis. Il l’a compris et a voulu m’arracher un autre sourire. Il m’a complimenté encore sur mon sourire mais ça devenait un peu beaucoup pour moi surtout venant de quelqu’un qui « travaille sur le droit des gays ». J’ai forcé un de ces sourires que je faisais pour cacher mon choque quand Mélissa m’envoyait au diable chaque fois que je lui déclarais mon amour… Il m’a alors raconté « les discussions animées » qu’il a eues la veille avec ses étudiants sur l’homosexualité. Il m’a parlé de « l’hypocrisie des noirs −désolé si je te choque hein, Emile− qui pensent que l’homosexualité est une pratique occidentale alors qu’il y a plus d’homosexuels en Afrique qu’en Europe ». Il m’a surtout cité de hautes personnalités en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Maroc et au Cameroun qu’il savait homosexuelles la nuit mais qui s’y opposaient le jour. Il a continué… et comme je parlais de moins en moins, il m’a demandé si le sujet m’importunais avant de me rassurer qu’il était bisexuel. Ouf ! J’ai respiré profondément et ai répondu « non… pas vraiment ». Nous l’avons abordé sous son angle religieux, avons parlé de sa perception par les traditions africaines… Chaque fois, il y voyait de l’hypocrisie. Quand il a dit que c’était « une hypocrisie des Prêtres et Pasteurs de défendre l’homosexualité parce que la Bible ne l’interdit pas » j’ai éprouvé une folle envie de me jeter sur lui et lui mordre l’oreille gauche pour qu’il se souvienne de cette discussion à jamais. Mais je me suis ravisé et ai admis qu’il avait raison sur toute la ligne pour clore ce sujet qui a trop duré que les précédents et ai ramené celui sur les publications en parlant de mon œuvre que je cherchais à faire publier. Il y est revenu à nouveau de façon très subtile. Nous y voilà encore. Il m’a demandé alors si j’étais marié ou fiancé. J’ai jeté un coup d’œil sur mes doigts comme si je cherchais mon alliance. Si à l’instant précis j’avais eu une bague dans mon sac, je l’aurais enfilée. J’ai dis marié, non… avec l’envie de lui dire que je me marierais dans une semaine mais j’avais déjà dis que je voyageais le lendemain. Ça ne collait pas. J’ai juste dis que j’étais fiancé quoique je ne me souvenais même plus quand pour la dernière fois j’avais assisté à une cérémonie de fiançailles et pendant que je le disais il m’a tenu la main et m’a sorti, « autre chose que je n’avais pas dis, Emile, c’est que tu as une belle forme. En plus d’être élégant, tu as un beau teint… » J’ai compris dans quelle affaire je m’étais mis. Il savait maintenant que je connaissais ses intentions, alors il y allait sans détour… Je me suis levé et lui ai rappelé mon voyage du lendemain, donc il fallait que je parte continuer mes courses. Grégoire s’est levé et m’a barré la sortie. On n’était pas loin d’un cas de viol. J’ai gardé mon sang froid et ai saisi un de ses bouquins posé sur la table. J’ai prétendu lire le résumé. Grégoire se rapprochait davantage. Je reculais. Il a posé sa main sur ma joue que j’ai violement ôté immédiatement puis a lâché : « Emile… tu es un charmant garçon… est-ce que tu as une fois bien fais l’amour ? Tu sais les noirs ne savent pas vraiment faire l’amour… » Je vous épargne toutes les insanités de plus qu’il a ajouté avant de me dire « et puis… je peux t’héberger cette nuit si tu veux… » Je suis chez moi, comment vous, un étranger, pouvez-vous m’héberger !? Ai-je rétorqué sur un ton dédaigneux tout en essayant de contenir les sentiments qui me traversaient de peur, de naïveté, d’humiliation et de colère. Qu’est-ce qui pourrait m’arriver à cet instant ? Allait-il me violenter ? S’il insistait et qu’en résistant je lui portais un coup qu’il m’accusait d’agression ? Ici, j’ai éprouvé de la peur… Comment n’ai-je pas compris ceci depuis le début pour être venu me mettre dans une pareille situation ? Pourquoi ai-je été si léger jusqu’à entrer dans la chambre d’hôtel de quelqu’un que je voyais pour la première fois ? Du reste, quel merde d’amour ai-je tant pour les livres au point de me laisser entrainer dans une pareille situation pour des foutus livres ? Là, j’ai éprouvé du mépris pour moi-même pour ma naïveté… Comment peut-il oser vouloir coucher avec moi, un homme, aussi doué soit-il en amour? Comment peut-il oser me dire pareilles insanités ? Avais-je l’air d’un clochard pour qu’un étranger veuille m’héberger chez moi? Comment alors que je lui avais dis que j’étais même fiancé n’a-t-il pas eu un peu d’égard ni pour moi-même en tant que futur époux ni pour ma futur épouse? Là encore, j’ai éprouvé de l’humiliation. J’ai eu l’impression d’avoir perdu mes forces. Enfin, ce cocktail de sentiments et le mépris qu’il avait pour moi en m’exprimant sa merde d’amour, sa tentative à m’entrainer à tout prix dans sa pratique, une pratique que me défendent ma religion, ma culture, mon éducation et mes valeurs personnelles, sont ce qui ont provoqué ma colère que je ruminais de plus en plus difficilement et dont il a fini par s’en rendre compte en me sortant cette phrase qui a fini de m’assommer : « C’est dommage que vous n’aimez que les femmes » avant de me délivrer en ouvrant la porte de la chambre d’où je suis sorti presque transpirant malgré la climatisation telle une jeune fille pubère qui s’échappait des mains d’un psychopathe pédophile. Non de Dieu ! Qui d’autre pouvais-je aimer à part les filles? Quel homme pourrait-il incarner la beauté de Mélissa, ma Méli ? Et ces princesses qui se promènent dans les rues d’Abidjan en quête d’un mari comme moi, fidèle, qui ne boit pas, ne fume pas… à part qu’il est trop pingre? Mais bon ça, ça peut s’arranger hein. Tous les garçons sont pareils. De toutes les façons il n’y a pas d’homme parfait. Qui donc qu’une femme, un mec aussi virile qu’un étalon Burkinabé pourrait aimer ? Mais bon, ces questions je n’ai pas attendu les réponses de Grégoire. Derrière-moi je l’ai entendu murmurer quelque chose. Je crois qu’il voulait dire, va-t-en pauvre nègre !

Vous, mes lecteurs et lectrices qui me connaissez, avec ma taille fine –une fille au quartier m’a dit que les mecs de cette forme sont très performants au lit, j’en sais rien−, vous donc m’imaginez en dessous de Grégoire en train de le supplier d’aller doucement parce que j’ai mal au dos, disons au rein, au lieu du bas ventre, ou sur lui entrain de transpirer, sous l’accélération qu’il me suppliait, comme un menuisier togolais à Abidjan ivre d’alcool sur un bois têtu qu’il rabotait? Laquelle des deux vidéos ferait exploser Youtube? Sans doute aucune! Parce que malheureusement pour Grégoire, jusqu’ici j’ai appris à n’aimer que les femmes et ça ne me déplaît pas du tout. Seulement, par curiosité, j’ai eu l’envie de le rappeler ou d’y retourner lui poser la question de savoir si j’avais accepté, qui de nous deux serait l’homme ou la femme ? C’est en ce moment que je me suis souvenu de cette autre sagesse de grand père qui m’a dit un jour, mon petit tu sais « le singe pleureur qui a la que coupée sait ce que lui veut le chien ». J’ai maudis l’idée.

Suite et fin dans deux jours

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Auteur·e

bela

Commentaires

Emile Bela
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Vos mots pour le dire ici!

Tchonté Silué
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Je viens de découvrir ton blog et c'est la première histoire que j'ai lue. J'ai bien rigolé en tout cas, merci du partage. Ne t'inquiète pas, il arrive qu'on se laisse prendre dans ce genre de situations peut être par naïveté certes mais tu sais que l'on ne t'y reprendras plus in chaa Allah.

Emile Bela
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Je suis heureux que tu sois venu ici et surtout que tu ais aimé. J'espère te revoir.
A très bientôt.

Amitiés

Nanda SEYE
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Looooool ton kpakpatoya là voici ça. Tu as échappé hein

Emile Bela
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T'es pas gentil au lieu de compatir....ahahahaha

Ayaba
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J'imagine bien cette scène tellement qu'elle est parfaitement décrite. Heureusement que vous avez pu en sortir indemne :)

Emile Bela
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Heureusement que tu ne la vivra pas, en tout cas c'est ce que je te souhaite.
Merci d'etre passee.
Amities

Koffi Inoussa
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Yoah, comme ça il y a encore une suite. Et aussi faut dire a mes frères menuisiers togolais de laisser tomber l'alcool.

En tout cas super

Emile Bela
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Je vois que tu suis l'histoire. A demain pour la suite et fin du feuilleton.

Amities

Doh Koué
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Depuis Mai 68, l'Occident s'est enfermé dans une voie -irrémédiable?- de dépravation qu'il veut à tout prix imposer à la race humaine pour l'animaliser. Le problème dans cette affaire, c'est qu'ils ignorent le droit à la différence des autres lorsqu'ils réclament leurs droit à la réification (Même les animaux savent reconnaître leur femelles).

Tu viens là de t'en rendre compte Béla.

Je l'avais dit dans un article https://afriqueleve-toi.ivoire-blog.com/archive/2014/05/30/promotion-de-l-homosexualite-image-devoilee-d-un-monde-sans-445898.html

Emile Bela
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Je cours lire ton article.
Merci d'être passé.
Amitiés

Christelle Pata
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Lol tout ça à cause de Melissa, heee Mélissa !!!

Blessing Maxime Gozo
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Salut cher frere Emile, je suis tombé sur ton blog par un hasard heureux. J'avoue que j'ai eu peur pour toi, gloire soit rendu a Dieu que tu en sois sorti idemne. J'avoue que j'ai aimé cette touche humoristique que tu y a ajouté. Bonne continuation tout en esperant te revoir. Shalom!

Emile Bela
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Merci d'être passé frangin et à très bientôt!

Amitiés,