Du 2 au 12 Mai dernier, nous étions 67 blogueurs Francophones de la Plateforme Mondoblog propulsée par l’Atelier des médias de la Radio France Internationale (RFI), issue de 27 pays, qui avions eu l’opportunité de participer à la formation organisée par ladite radio à Grand Bassam. Plusieurs billets ont été écrits sur le sujet, dont celui-ci qui en fait un parfait résumé.
Au terme de la formation, logiquement, chacun devrait regagner son pays. L’un des premiers sur la liste de départ était Stéphane Huet. Le vol de Stéphane était prévu pour l’après midi du dimanche 11 Mai. Il s’est donc rendu à l’Aéroport International Félix Houphouét Boigny d’Abidjan afin d’embarquer pour le Népal, où il réside. Le cœur quasi décimé par la douleur de la séparation, nous avions tous souhaité un bon retour à notre ami. Nous le croyions parti quand à travers les réseaux sociaux nous apprenions que son vol a été retardé. La cause était aussi curieuse qu’inadmissible ! Lors de son atterrissage, l’avion dans lequel devrait embarquer Stéphane est entré en collision avec une antilope, ce qui a endommagé un de ses réacteurs.
Au départ, j’ai cru à une blague de Stéphane pour desserrer nos visages crispés par la tristesse causée par son départ. C’est seulement quelques jours après lecture de son récit sur son blog que j’ai compris que c’était tout sauf de la plaisanterie : «Finalement, je n’ai pas décollé ce soir-là. Après 3 heures de retard sans explication, les employés de la compagnie aérienne ont annoncé qu’un réacteur de l’avion avait été endommagé à cause d’une collision avec… une antilope.», écrivait Stéphane.
Une kyrielle de questions se sont alors succédées dans ma petite tête décoiffée par des années de réflexion à comprendre pourquoi tout était si différent ici, en Afrique, en Côte d’Ivoire, comparé au reste du monde? Pourquoi malgré les visites de nos ministres dans les pays développés pour, disent-ils, « copier leurs modèles », il leur est si difficile de reproduire ces « modèles » de retour chez eux? Pourquoi tant d’opacité et surtout de légèreté dans la gestion des affaires publiques ? Pourquoi tout est si différent ici…?. Ne Répondez pas !
Au-delà de ces questions, l’histoire de l’antilope a suscité un embouteillage d’autres interrogations chez moi. Une antilope à l’aéroport d’Abidjan ?! Que faisait-t-elle là ? Comment s’est-elle retrouvée là ? L’aéroport INTERNATIONAL d’Abidjan située presqu’en dehors de la ville n’aurait-elle pas une clôture pouvant la protéger contre pareilles situations ? L’antilope l’aurait-elle sauté pour se retrouver à l’intérieur? Les autorités aéroportuaires auraient-ils érigé un zoo dans l’enceinte de l’aéroport d’où l’antilope se serait-échappé ? Lasse de ne plus recevoir de visiteurs, l’antilope se serait-elle rendu à l’aéroport pour rencontrer elle-même les touristes devenus trop paresseux pour se déplacer jusqu’à notre zoo national qui, du reste, n’existe plus que de nom? Serait-elle allé se faire recenser à l’heure où tout ce qui vit et respire en Côte d’Ivoire est invité à se faire recenser? Était-elle allé accueillir sa dulcinée en provenance du pôle nord ? Aurait-elle perdu patience du fait des récurrents retards que nous servent nos compagnies aériennes et ainsi forcé les barrières de sécurités pour se retrouver sur la piste d’atterrissage ? Serait-elle sortie pour une virée nocturne et, ivre d’alcool, aurait confondu la piste d’atterrissage au boulevard qui mène à sa résidence de la forêt du Banco ? De son lieu de cachette, aurait-elle découvert que le type chargé de guider l’avion à l’atterrissage était aux toilettes et serait ainsi venu le suppléer ? Aurait-elle compris que nous n’étions qu’à 5 ans de 2020 et que pour être au rendez-vous de l’émergence, il fallait l’avion plutôt que le train qu’on nous invite à emprunter ? Ou simplement, sommes-nous au début de l’ère du règne des animaux dont parlaient Georges Orwell et Pierre Boulle respectivement dans la Ferme des Animaux et la Planète des Singes?
Dans la forme, cette myriade de question force le sourire -peut-être- mais, au fond, elle traduit l’indignation d’un citoyen face aux faiblesses d’un système dans un pays qui revendique une place de choix à la table des grandes nations…
J’allais oublier de mentionner que Stéphane et les autres participants, exceptés les ivoiriens, ont été faits « Ambassadeurs Volontaires du Tourisme en Côte d’Ivoire» par Côte d’Ivoire Tourisme. Belle initiative ! Une partie de leur mandat est de faire la promotion de la Côte d’Ivoire dans leurs pays et encourager leurs compatriotes à y venir. M. l’ambassadeur Stéphane a probablement gardé de beaux souvenirs de son séjour en terre d’Eburnie, il conseillera certainement à d’autres népalais, la destination Côte d’Ivoire.
Mais quand il aura achevé de donner les milles raisons de visiter ce pays, il invitera chaque visiteur à consulter son marabout avant d’embarquer, parce que les risques d’atterrir sur la tête d’une antilope son énormes.
En fait, je vous explique, Excellence : La Côte d’Ivoire entière, le pays dont vous êtes l’ambassadeur, est condamnée à émerger à l’horizon 2020, et nous y travaillons tous, y compris les animaux. Comme nous sommes disciplinés, les tâches sont partagées. Ce sont les antilopes qui nettoient la piste d’atterrissage, tous les dimanches. Celle-ci ne faisait que son travail quand ce pilote, ivre d’alcool frelatée, est venu la percuter. Ceci est un accident de travail. L’affaire aurait pu être traduite en justice pour obtenir son dédommagement, mais comme il n’y a pas eu mort d’hommes, ce n’est pas grave. C’est comme ça que ça se fait ici, chez vous. C’est pourquoi la presse n’en a pas parlé. Elle attend la prochaine fois peut-être pour titrer : « XYZ morts dans un crash d’avion à l’aéroport d’Abidjan suite à une collision avec une antilope ». N’est-ce pas plus sexy çà, comme UNE ? Que cela ne vous coupe pas pour autant l’envie de revenir ici, parce qu’ici, c’est chez vous, Excellence monsieur l’ambassadeur Stéphane. Abientôt !
Commentaires