Un jour de Septembre 2012 commençait l’aventure Mondoblog. Sur 750 candidats, ai-je lu quelque part, seuls 150 ont eu la bien heureuse chance de faire partir de la famille des Mondobloggueurs. Parmi ceux-ci, certains sont à leur première expérience de blogueur, d’autres à leur deuxième, voire plus. Chaque jour ou presque, ce sont des billets aussi croustillants les uns que les autres qui sont servis de partout relatant le quotidien des auteurs, décrivant des situations vécues ou racontant de simples histoires parfois sur un ton amer, mais très souvent sur un ton plutôt marrant. Sacrés Mondoblogueurs !
Le Blogging a ceci de particulier que seuls ceux qui y sont investis savent ce qu’ils vivent. Au départ, on est animé d’un zèle d’étudiant de première année d’université à son premier cour magistral dans un amphithéâtre. On écrit, on publie, on lit et commente les billets d’autres blogueurs. Tout ceci à un rythme bien accéléré. Mais le hic, c’est qu’à mesure que le temps passe, on perd du zèle, on perd de la motivation. On trouve alors qu’on a plus trop de temps. On remet la rédaction d’un billet à plus tard, puis à plus tard, puis à plus tard encore, puis finalement à… jamais. On se contente de lire les billets des autres, et on jure d’en écrire de plus intéressant demain, puis on termine le mois sans avoir même été capable de commenter le moindre billet.
Parmi ce lot, il y a cependant des gens qui se distinguent. Prolixes, ils écrivent et publient même deux billets par jour. Sur les 150 retenus pour l’édition 2012, sauf erreur de ma part, il n’y a seulement qu’environ un peu plus de 50 qui publient régulièrement. Dans ce même lot, pour les besoins de ce billet, j’ai fais un petit tour aux différents compteurs, je me suis rendu compte que de Septembre 2012 à Mars 2013, c’est-à-dire en seulement 6 mois, certains sont à un peu plus de 50 billets là où d’autres n’ont même pas encore écrit leur biographie à ajouter à leur profile comme nous l’a demandé Ziad et l’équipe d’encadreurs.
Il est certes vrai que dans ce lot des 150, certains sont des journalistes, d’autres, des écrivains… donc ayant des prédispositions à écrire… facilement. Mais, croyez-moi, ce ne sont ni la motivation, ni l’envie qui manquent à ceux qui peinent à coucher sur papier leur premier billet, sinon les facteurs ci-dessous qui, une fois font défaut, peu importe qui que vous soyez, vous ne pouvez publier :
L’inspiration : Écrire un billet demande plus d’inspiration que d’aspiration et celle-là ne peut se forcer. Vous aspirez à publier un billet sur le viol, vous prenez votre ordinateur, vous vous éloignez de tout bruit mais n’écrivez seulement que le titre du billet sans plus. Vous luttez entre plusieurs phrases introductives sans en avoir une, ce de 8h à 12h jusqu’à ce que votre téléphone sonne et que votre meilleur ami vous invite à prendre un pot. Vous arrêtez tout et vous vous rendez compte que vous n’avez pu écrire un article en 4h alors que vous en écriviez 2 dans la même durée par le passé. Ce qui vous a manqué, c’est l’inspiration.
Le temps/la disponibilité : Imaginez que vous travaillez dans une entreprise où votre patron se comporte comme s’il était celui qui vous avait inscrit à l’école tant il vous traite avec trop de rigueur, vous demandant d’être un superman à tout faire à la fois. Quand vous avez terminé la journée, épuisé, il vous faudra lutter le véhicule en commun pour rentrer à la maison où une fois arrivé, vous devrez faire face à d’autres nécessités (prendre son bain, diner, recevoir un ami «de passage pour vous dire bonsoir» etc). Vous terminez tout ceci, ouvrez votre ordinateur et au moment où vous écrivez le titre de votre billet, vous entendez frapper à votre porte, la nana d’avant d’hier à qui vous avez donné rendez-vous aujourd’hui afin d’avoir le temps, avant-hier et hier, de terminer un billet ; bien que vous présentiez une mine lourde pour l’obliger à repasser demain, elle s’entêtera à rester puisqu’elle est venue vous dire que vous êtes pour elle un cadeau du ciel et qu’elle vous aime même plus que son propre père en étant consciente que vous savez qu’elle vous ment. Mais peu importe car le but est de vous amener à lui donner de l’argent pour se refaire une nouvelle coiffure demain.
Quand vous arrivez enfin à vous «débarrasser» d’elle et que vous reprenez votre ordinateur, c’est morphée qui vous ouvre les bras, vous obligeant à remettre à demain, puis à un autre jour.
Les moyens : Écrire/publier un billet de blog demande que vous disposiez, au moins, d’un ordinateur, d’une connexion internet, d’un appareil photo numérique, de l’argent –entre autres. Quand il vous faut emprunter l’ordinateur d’un frère, d’un cousin ou d’un ami en ne considérant pas les paroles parfois frustrantes qui les accompagnent; quand dans votre quartier il n’existe aucun cyber café et que le seul situé dans l’autre quartier l’heure est à 500 fcfa –l’équivalent d’un dollar— avec une connexion très lente, par conséquent, vous exigeant plusieurs heures c’est-à-dire beaucoup plus d’argent alors que vous n’en disposez pas assez ; vous ne pouvez qu’être exposé à perdre votre envie, votre zèle de départ.
Les conditions : Envie d’écrire un billet ? Être inspiré, c’est bien. Être disponible, c’est bon. Avoir les moyens, c’est génial. Mais être dans les conditions aide encore plus. Vivre dans un quartier comme le mien, à Yopougon Selmer, où les vociférations des enfants de cours communes ; les querelles des voisins à longueur de journée comme de nuit forment une parfaite harmonie ; où la musique des bars réveille même des cadavres, et où vous recevez la visite d’amis qui viennent sans prévenir…et écrire un billet de blog après une journée de travail déjà trop chargée requiert, en plus de la passion pour le blogging, de l’engagement. Au moment où vous bravez tout ceci et que vous vous mettez à écrire un billet, c’est la Compagnie Ivoirienne d’Électricité (CIE) qui vient vous achever en coupant le courant. Vous attendez pendant 2h espérant qu’elle le ramène pour que vous continuiez mais…en vain. Puis, dès que vous plongez dans votre lit et que vos paupières deviennent lourdes, vous voyez vos ampoules s’allumer. A cet instant précis, même si on demandait d’écrire un article qui vous ferait remporter le prix du meilleur bloggeur de tout l’univers, vous n’en serez pas capable. Vous vous contentez de maudire les responsables de la CIE sans plus et de remettre à demain…si possible.
Ce sont là donc quelques contraintes qui justifient la perte de vitesse dans cette aventure de blogging chez certains. Il m’est apparu utile alors de rendre hommage à ceux-là qui, contre vents et marrées publient régulièrement mais surtout d’encourager ceux qui sont toujours à la traine à prendre un peu plus de courage. Sachez que si c’est par passion qu’on arrive au blogging, c’est par détermination qu’on y reste. Car le blogging c’est aussi une profession comme toute autre et comme telle, il s’accompagne d’efforts, de beaucoup d’efforts.
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