Intervenir ou ne pas intervenir ? Par le dialogue politique ou par les armes ? Maintenant ou plutard ? Ecouter le Capitaine Sanogo et son clan, le Président par intérim Diacounda et son clan ou les Mouvements rebels islamistes et leur clan ? Agir en vêtu du principe de la Responsabilité de Protéger ou laisser la responsabilité à l’Etat Malien de protéger son peuple?
Ces questions semblent plus que jamais devenues des os dans la gorge de la communauté dite internationale. Ni la CEDEAO, Ni l’UA ni même l’ONU ne semble avoir une réponse plus claire, du moins pas de manière apparente. En attendant, c’est à une véritable danse des sorciers que l’on assiste. Les réunions et concertations se suivent et se succèdent. Les principaux acteurs se rencontrent, se parlent, s’écoutent mais ne semblent pas se comprendre. En attendant, les rebels islamistes appuyés de Boko Harem et Al-Quaida durcissent leurs positions, renforcent leurs armements, étendent leurs zones de couverture, multiplient les exactions sur les populations civiles, profanent à souhait, aux yeux et au su du monde, les lieux sacrés et autres sites classés patrimoines mondiale de l’UNESCO.
D’un côté la Coordination des Organisations Patriotiques du Mali, qui soutient les auteurs du coup d’Etat du 22 Mars dernier multiplie les manifestations de protestation contre toute intervention militaire au Nord Mali. La dernière en date est celle du Jeudi 18 octobre 2012 dernier qui aura mobilisé environ 2000 personnes
De l’autre, ce sont environ 100.000 manifestants qui ont pris d’assaut les rues de Bamako une semaine plutôt (le Jeudi 11 Octobre 2012) pour réclamer une intervention militaire au Nord Mali.. Le gouvernement et le Collectif des élus du Nord-Mali dans le même sens « réclament une intervention militaire urgente contre les groupes islamistes avant qu’il ne soit trop tard ». El Hadj Baba Haïdara, député de Tombouctou et président dudit collectif a renouvelé ce même jeudi cet appel en ces termes : « Nous crions: ça s’enlise, faites vite! Ils ont tous les moyens pour endoctriner la populmation: par la peur, par conviction, par la force ou par l’argent.», à ce rythme, qui écouter ? Cacophonie !
Depuis des mois maintenant, les Chefs d’Etats Majors de la CEDEAO ajustent et ré-ajustent leurs plans et stratégies d’interventions. Les pays membres de la communauté ne semblent pas s’accorder sur la nature de l’intervention. Le Ghana, préoccupé par ses élections présidentielles du 7 Décembre prochain paraît moins bavard sur la question. La Côte d’Ivoire remue marmites et casseroles sans avoir une armée même capable de protéger son propre peuple contre les attaques à répétition. Parmi les pays qui seraient prêts à envoyer des forces, on retiendra le Sénégal, le Burkina, le Nigéria et le Niger. Quels moyens logistiques fournir ? D’où tirer les ressources financières ? Quels rôles donner à la mission, sécurisation des institutions du Sud Mali ou combat de reconquête du Nord Mali ? Cacophonie !
Au-delà de tout, l’une des questions majeures reste celle du leadership de cette force. Qui devrait l’assurer ? Autrement dit, quel pays devrait piloter la mission ? Le Nigéria ou le Mali ? A priori la question ne devrait pas se poser puisque dans la pratique, le Mali ne dispose plus d’une armée unie, capable de jouer ce rôle. Et même si ce rôle lui était attribué –ce qui est probablement le cas- cette armée devrait être formée et cela nécessite du temps, beaucoup de temps, ce qui semble faire défaut. Mais faut-il pour autant ignorer le principe de la souveraineté nationale? Cacophonie !
Les grandes puissances en particulier la France et les Etats Unis ne semblent pas s’accorder sur la position à adopter. Si la France soutient à mots ouverts l’option d’une intervention « militaire urgente » au Nord Mali et se dit prête à contribuer par un « appui logistique », les Etats Unies eux craignant de revivre le bourbier pakistanais ou encore afghan et libyen se montrent plutôt hésitants et convainquent par l’ambiguïté de leur position.
Bref, Qui dit quoi ? Qui veut quoi ? Qui fait quoi ? Cacophonie !
Dans un flou total, on cherche la solution « la plus appropriée » au « problème Mali ». En attendant, On lance les ultimatum. On hésite. On trébuche. On tâtonne. On se marche sur les pieds. On affine et sur-affine les plans. Pendant ce temps, sous nos yeux hagards traduisant l’impuissance, le terrorisme prend racine dans une Afrique croulant déjà sous le poids des guerres, de la pauvreté et des pandémies.
Pendant ce temps, vous peuples du Nord Mali, continuez de vivre dans la terreur, sous les menaces des armes. Oubliez les droits de l’homme. Vous n’en avez pas d’ailleurs, puisqu’ils ne s’appliquent pas à vous. Ce à quoi vous avez droit c’est de voir vos enfants être privés d’éducation et érigés en chefs de guerre; vos filles violées sous vos yeux; vos hommes battus ou amputés des membres pour avoir tenu la main d’une femme en public ou pour avoir été accusés de vol; vos femmes obligées à se voiler.
En attendant, vous peuple malien, niez la nécessité de parler d’une seule voix, de taire vos divergences internes et réclamer l’intégrité de votre territoire. Continuez dans ce désordre. Attendez la communauté internationale. Elle viendra, c’est sûr. Mais quand ? La nuit ou le jour ? Dans quelle tenue ? En blanc ou en rouge ? Sous quelle forme ? Comme un voleur ou comme un invité de luxe ? Par quel moyen ? En voiture, en bateau, par avion, à vélo ou à pied ? J’ignore, puisqu’elle n’est ni Ange ni Démon, ni Homme ni Dieu, ni loup, ni agneau.
Paix au Mali !
PS: Vivez les élections présidentielles au Ghana, dans les articles a venir comme si vous y étiez. Suivez le dossier « Présidentielles 2012 au Ghana »
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